Vivre la vie de château quand on est frais émoulu de l’école d’architecture n’est pas banal. En avoir racheté et restauré un et y être encore trente ans plus tard l’est moins encore. De nombreuses PME, des banques et quelques particuliers privilégiés doivent à l’Atelier d’Architecture de Lavaux leurs remarquables bâtiments. Ce bureau est né de l’esprit d’entreprise de deux architectes, Pierre Pirard et Jean-Luc Humblet (ce dernier aujourd’hui retraité). Ils se rencontrent en 1982 et, deux ans plus tard, décident de s’associer. Ils louent un appartement dans le château de Lavaux à Esneux et fondent l’Atelier d’Architecture de Lavaux (AAL).
Patrimoine sauvegardé et pérennité assurée
Quelque temps plus tard, ils en acquièrent une première moitié, un peu plus tard la seconde. « Quand nous avons récupéré le bâtiment, personne n’en voulait, se souvient Pierre Pirard, administrateur délégué fondateur de la SCRL AAL. Nous avons rénové l’intérieur de ce bâtiment classé sur fonds propres, puis restauré l’extérieur. Ce chantier a été achevé il y a cinq ans. » Le château de Lavaux est devenu un centre d’entreprises. « Les loyers des entreprises locataires (cabinet notarial et société de consultance) nous ont permis la sauvegarde de ce patrimoine. » En créant l’AAL, l’idée des deux architectes était d’établir un cabinet d’architecture ouvert à des associés, des collaborateurs, et de mettre en avant leur travail. Rapidement, ce bureau de 2 personnes monte à 6. Aujourd’hui, il compte 13 personnes dont 10 architectes, 2 opérateurs de dessin assisté par ordinateur (DAO) et une secrétaire. « La parité n’est pas respectée, car nous sommes un tiers d’hommes pour deux tiers de femmes ! Deux de nos architectes, Christine Van Bossuyt et Stéphane Walhin, sont administrateurs depuis 2006. La pérennité de la société, qui était notre volonté de départ, est donc assurée. D’autres administrateurs les rejoindront. Nos références de trente ans peuvent servir à un jeune administrateur. »
Spécialiste bancaire depuis 30 ans
L’AAL développe trois domaines d’activités : les PME, les banques, le résidentiel. « Nous avons construit la moitié des bâtiments du parc scientifique du Sart Tilman, le Business Center de Liege Airport, la station d’épuration d’Hermalle-sous-Argenteau, des laboratoires de biotechnologies, etc. Dans le secteur public, nous avons un chantier pour la protection civile de Crisnée en cours, un centre de détention à Saint-Hubert. Surtout, nous sommes spécialistes bancaires depuis trente ans. Au point que nous avons déjà renouvelé quatre fois une agence ! Nous sommes en train de rénover le siège BNP Paribas Fortis Opéra de Liège, un chantier de trois ans et demi. Même si cela représente 5 % de nos activités, nous aimons travailler pour le résidentiel avec de l’architecture. Notre carnet de commandes est très diversifié. Nous avons aussi des projets à risques. » Le chiffre d’affaires annuel est d’environ 1,2 million d’euros.
Comme toute entreprise, l’AAL a connu des périodes de crise. « Et cela dès le départ, l’année 1984 en était une. C’est justement en période de crise qu’il faut s’organiser, se structurer. Nous avons toujours connu une montée crescendo des affaires et de l’organisation. Comme tout le monde, en 2008, nous avons vécu une crise économique assez importante concernant notre marché des PME. Les quatre marchés publics que nous avions obtenus nous ont permis de faire tampon et de passer le cap. »
Comment Pierre Pirard voit-il pour l’’avenir de l’AAL ? « Nous devons nous orienter vers de gros projets. Comme nous avons beaucoup d’expérience et de références, nous sommes sollicités pour travailler en partenariat avec des entreprises. Nous savons avec qui nous voulons oeuvrer. Il reste à tenir les délais et à gérer le financier pour y arriver. »