Wallonie

L’emploi dans le secteur du transport et de la logistique est en croissance

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C’est une nouvelle encourageante : malgré un climat économique particulièrement incertain et porteur de peu de croissance, l’emploi dans le secteur du transport,  de la logistique et plus généralement de la Supply chain (l’ensemble des étapes de l’approvisionnement dans tous les secteurs : achats, gestion des stocks, manutention, stockage etc.) se porte bien et est en croissance !

Ce constat et ces tendances prometteuses ressortent d‘une étude menée par Logistics in Wallonia sur les 3 dernières années. L’occasion de faire le point non seulement sur les caractéristiques du marché de l’emploi dans un secteur qui s’est modernisé de manière impressionnante, mais aussi sur un certain nombre d’idées fausses voire de méconnaissances en la matière. L’occasion aussi de rappeler le rôle de Logistics in Wallonia et des acteurs de la formation dans ce domaine : accroître les compétences, l’employabilité et donc, in fine, l’attractivité de la Wallonie et la compétitivité des entreprises, non seulement de transport et logistique, mais aussi de toutes celles de production et de distribution.

 

L’enquête menée par Logistics in Wallonia a été entamée début 2012 et couvre actuellement 5 semestres (jusqu’en juin 2014). Elle analyse l’emploi dans le secteur Transport et Logistique en Belgique francophone au travers des offres d’emploi. Il s’agissait plus précisément d’observer et d’analyser les offres d’emploi des entreprises dans ces métiers, en exploitant en continu l’information contenue dans les offres parues sur les principaux sites internet de recrutement : enregistrer les postes à recruter et les secteurs concernés, recueillir les expressions de besoin de formation, d’expérience et de compétences et dénombrer et qualifier les caractéristiques et tendances importantes.  Le parti pris de l’étude était celui de l’objectivité : ces offres, même si elles ne sont pas exhaustives, constituent une source objective d’information et donne une image claire de la situation de l’emploi et des compétences demandées dans le secteur. A ce jour, 1557 offres d’emploi ont été analysées.

Sur le plan quantitatif, on constate une amplification spectaculaire des offres d’emploi depuis 2012 et ce de manière uniforme dans presque toutes les fonctions. En 2012, 238 offres ont été récoltées et analysées, en 2013, 709, et en 2014 les premiers chiffres (arrêtés au 10 décembre) montrent une croissance remarquable avec plus de 1230 offres (610 au premier semestre, qui est intégré dans l’étude, et plus de 620 au second semestre, non encore pris en compte).

 Ensuite, sur le plan qualitatif, on peut raisonnablement dire que le secteur n’est pas bien connu ni compris dans toute sa complexité, sa diversité et aussi sa modernité, à la fois par les employeurs ET par les candidats.  Ainsi, on s’aperçoit que les métiers de la Supply Chain, loin d’être limités à quelques fonctions déterminées («Logisticien» ou «Coordinateur logistique»,qui ne représentent qu’une offre sur cinq), offrent en réalité une grande diversité, ce que l’on retrouve dans les intitulés d’offres d’emploi, et concernent de très nombreux secteurs de notre économie. En effet, les secteurs concernés ne se limitent pas à celui de la logistique, de la distribution et du transport lui-même, qui ne représentent que 18% des offres.

 En matière de diplôme ou de formation, les employeurs ne semblent pas vraiment s’y retrouver dans les cursus académiques, filières d’enseignement et parcours de formation : on constate en effet une grande disparité dans l’utilisation des appellations relatives aux diplômes ou formations requises et l’on ne fait quasiment jamais référence aux formations continues. Ensuite, beaucoup d’intitulés sont exprimés sous forme d’alternatives, comme par exemple Bachelor ou Master, ce qui est assez inhabituel par rapport à d’autres secteurs. Les références aux diplômes sont vagues, imprécises et, qui plus est, plus d’une offre sur trois, même si elle est explicite sur le niveau de diplôme Bachelor, Master, ou Bachelor ou Master, ne formule cependant aucune spécificité du domaine de spécialité ou filière ! Enfin, autre sujet d‘étonnement, près d’une offre sur trois n’exige pas de diplôme. C’est notamment vrai (et surprenant) pour la fonction Manager, coordinateur logistique

De même, les exigences en matière d’expérience professionnelle ne sont pas aussi importantes qu’on ne pourrait le penser : en effet plus d’un quart des offres d’emploi ne requiert aucune expérience. Et si l’on additionne les offres qui n’exigent aucune expérience et celles qui exigent « seulement » un an d’expérience, on constate que cela concerne près de 50 % des offres. Et cela va même jusqu’à 3 offres sur 4 pour la fonction de Magasinier… Autre source d’étonnement : à l’évidence, dans l’esprit des employeurs du secteur, l’expérience ne remplace pas, ne compense pas le diplôme : en fait, plus on exige un diplôme élevé plus on y associe une expérience longue….

Enfin, concernant ce qu’on appelle les compétences «transversales», toutes les annonces comprennent des exigences en la matière. Les plus importantes (près d’une annonce sur deux) touchent aux langues. Ensuite, au «sens de l’organisation», à l’informatique («Microsoft Office»), à la communication. Et précisément, sur le plan linguistique, l’exigence de connaissance du néerlandais est aussi fréquente que celle de l’anglais (une annonce sur deux). Cela ne signifie cependant pas que l’on exige systématiquement l’un ET l’autre : en effet cette exigence de connaissance, même partielle, des deux langues ne se retrouve qu’une fois sur quatre.

 

En conclusion, on peut constater que :

–      le secteur transport, logistique et « supply chain », engage et continuera d’engager parce que la logistique s’affirme comme un secteur qui peut être un véritable levier de compétitivité, qui, peut aussi permettre de compenser une partie des pertes d’emploi dans l’industrie plus classique. En outre, les profils susceptibles de travailler dans ce domaine peuvent être très diversifiés et notamment permettre à des personnes moins qualifiées de retrouver un emploi plus facilement. A ce titre, il n’est pas inutile de rappeler que la logistique est aussi le secteur le plus important pour la création d’emplois nouveaux dans les dossiers d’investissements étrangers puisque, entre 2000 et 2014, les dossiers logistiques ont généré 4852 emplois nouveaux. (Parmi les noms emblématiques, citons H&M, Johnson & Johnson, Dow Corning ou Janssen Pharmaceutica, …) ;

–      ce secteur est en fait plus large que ce que l’on imagine : il est transversal et multisectoriel. En effet, outre les entreprises de logistiques en tant que tel, on considère que 7 à 15% des ressources d’une entreprise industrielle sont consacrés à sa fonction logistique : achat et acheminement des matières premières, logistique interne, planning de production et distribution des produits finis. Cela rend d’ailleurs le secteur logistique difficile à cartographier mais démontre effectivement que la fonction logistique est très diversifiée. La logistique d’une bobine d’acier ou d’un flacon de vaccin n’est pas la même, mais cela reste de la logistique. C’est aussi la raison pour laquelle il est presque impossible de dire combien de personnes travaillent en logistique en Wallonie ;

–      ce secteur évolue très fortement ces dernières années avec l’apparition de nouveaux concepts (logistique contractuelle, logistique des retours, e-commerce, internet des objets, logistique urbaine,…) ou l’adaptation nécessaire à des évolutions règlementaires (traçabilité, sécurité, environnement). Toutes les évolutions amènent inévitablement de nouveaux métiers englobant de nouvelles compétences ou l’application de compétences existantes aux exigences de notre secteur (en IT notamment). Il est donc très important de bien capter ces évolutions afin de pouvoir en permanence adapter l’offre de formation, qu’il s’agisse de formation initiale ou de formation continuée. L’absence par exemple d’un cursus universitaire complet en Supply chain en Fédération Wallonie-Bruxelles peut s’avérer problématique à terme ;

–      cette étude met en évidence la nécessité de structurer, approfondir et pérenniser la démarche de récolte et d’analyse des offres, notamment par la création de ce qui pourrait être un « Observatoire de l’offre d’emploi » dans le secteur : les différents organismes de formation pourraient ainsi avoir une source d’information fiable et récurrente par rapport aux besoins du marché. Cela nous permettrait également d’améliorer ensemble l’attractivité d’un secteur qui reste méconnu et peu attirant.


05_marcourtLe Ministre Jean-Claude Marcourt, Vice-Président du Gouvernement wallon, Ministre de l’Economie, l’Industrie et l’Innovation, souligne que « au coeur de la politique des Pôles que j’ai initiée en 2006, Logistics in Wallonia a pris une ampleur inédite en associant les acteurs du secteur autour de nouveaux défis d’avenir. Véritable carrefour européen, la Wallonie attire en permanence de nouveaux acteurs nationaux et internationaux actifs dans le transport, la logistique et les services qui s’y rattachent. Les nombreux atouts de la Région au niveau de la disponibilité des terrains, de la densité et de la qualité des infrastructures, du réseau routier, du rail des voies fluviales ou encore de Liege Airport – aéroport dédicacé principalement au fret – dopent le secteur. Ce dernier se professionnalise et se spécialise apportant une valeur ajoutée importante à l’économie wallonne, que ce soit dans des filières telles que le transport des vivres périssables, d’animaux vivants ou encore de produits technologiques et pharmaceutiques. Demain, nous accueillerons des outils supplémentaires décisifs que sont le Trilogiport avec ses dizaines d’hectares consacrés à la logistique et à ses métiers ou encore le TGV fret, Liège Carex, reliant la Wallonie au restant de l’Europe par voie expresse. La logistique basée en Wallonie a de beaux jours devant elle”.

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Publication par communiqué de presse.
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