Une Chaire en Entreprises Familiales a été créée à HEC Liège en partenariat avec la Banque de Luxembourg. Les travaux de recherche académique étalés sur trois ans auront pour but de questionner le modèle de l’entreprise familiale et de répondre à la question de savoir jusqu’où ce modèle fait sens.
Photo : de gauche à droite, Raphaëlle Mattart – HEC Liège, Philippe Depoorter – Banque de Luxembourg, Nathalie Crutzen – HEC Liège, Wilfried Nissen – HEC Liège, David Schmidt – Banque de Luxembourg Belgique
Les entreprises familiales représentent plus de la majorité des entreprises dans le monde. Dans le paysage belge francophone, ce chiffre atteint même les 75 %. Le modèle des entreprises familiales est très souvent érigé en exemple – et à juste titre – pour leur contribution à la création de richesse et d’emplois, pour leur pérennité et leur bon sens, pour leur capacité d’adaptation et pour leur rôle social dans les territoires où elles sont implantées.
Les entreprises familiales ont été moins étudiées, y compris parce qu’elles sont moins soumises aux obligations d’informations et qu’elles ont longtemps été plus discrètes, voire secrètes. Cependant, l’entreprise familiale est multiforme et son modèle ne doit pas nécessairement être considéré comme une fin en soi. À ce titre, la Banque de Luxembourg et HEC Liège ont souhaité interroger les limites de ce modèle, pour l’entreprise et pour la famille elle-même. C’est dans ce contexte que s’inscrit la création de la Chaire en Entreprises Familiales.
Un partenariat de trois ans autour d’un sujet d’intérêt commun
La Banque de Luxembourg accompagne les familles en entreprise dans la gestion de leur patrimoine, familial et professionnel, matériel et immatériel, surtout dès lors que ce dernier connaît des mouvements. Il peut s’agir de projets d’investissement, d’évolutions dans la détention de parts, de la vente de biens existants et bien entendu de la préparation de la succession. « Nous avons de tout temps soutenu l’entrepreneuriat familial au Luxembourg et en Belgique, car nous croyons en ce modèle unique, inspirant de par les valeurs qu’il porte, mais également complexe, de par l’imbrication étroite qui y existe entre la vie de la famille et celle de l’entreprise » explique Philippe Depoorter, Membre du Comité Exécutif de la Banque de Luxembourg.
À HEC Liège, Ecole de gestion de l’Université de Liège, l’intérêt pour les entreprises familiales n’est pas nouveau : au cours de la dernière décennie, le Professeur Nathalie Crutzen a mené une série d’études sur ces questions en collaboration avec l’Institut de l’Entreprise Familiale et un cours spécifiquement dédié aux enjeux des entreprises familiales est proposé aux étudiants de Master depuis 2017.
En contribuant au financement de la Chaire, la Banque de Luxembourg voit une opportunité d’approfondir scientifiquement un sujet pour lequel elle exprime un grand intérêt ainsi qu’une connaissance fine du vécu des entrepreneurs familiaux. Pour HEC Liège, cette nouvelle Chaire ouvre un champ académique peu préempté dans les autres universités, tout en s’adressant aux entrepreneurs actuels et aux potentiels futurs entrepreneurs qui poursuivent leur formation à HEC Liège.
Des enseignements concrets pour les entrepreneurs familiaux
Aux cours des trois prochaines années, la thématique de recherche générale de la Chaire consistera à questionner le modèle de l’entreprise familiale. La Chaire abordera entres autres les questions suivantes :
– Quels sont les effets du dogme de la croissance et du temps sur l’efficacité du modèle familial ?
- – À quel prix le modèle familial est-il soutenable au cours de l’évolution de l’entreprise ?
- – Quand précisément le modèle atteint-il ses limites ? Existe-t-il des symptômes ? Des invariants ?
– Quelle est la capacité – et/ou la résistance – de l’entreprise et de la famille à s’ouvrir ou à évoluer, notamment pour éviter les effets d’une forme de consanguinité ? À quel moment serait-ce nécessaire ?
– Quand la famille devient-elle un poids pour l’entreprise ? Et à l’inverse, quand l’entreprise menace-t-elle de détruire la famille ?
Les « remèdes » et bonnes pratiques évalués par la Chaire seront très concrets, de manière à proposer des solutions tangibles aux entrepreneurs familiaux :
- – Les Management Buy-Out (MBO) et les Leveraged Buy-Out (LBO)
- – Les investisseurs passifs ou actifs de type fonds de private equity
- – Les participations croisées, les partenariats
- – Les fondations actionnaires
- – L’entrée en bourse partielle
-
– etc.
Pour mener à bien ces projets, une nouvelle chercheuse-doctorante, Raphaëlle Mattart, a été engagée à HEC Liège. Elle travaillera sous la supervision académique de Nathalie Crutzen, la Directrice de la Chaire. La Banque de Luxembourg fait partie du Comité de Pilotage de la Chaire, en la personne de Philippe Depoorter. Ce comité est en chargé de définir les thèmes de recherche ainsi que le déroulé de l’étude doctorale. Des événements de sensibilisation à destination des entrepreneurs familiaux seront également organisés.