Un vaste projet européen de recherche est en train de se concrétiser sur un toit de la faculté d’Agro-Bio Tech. Il s’agit d’une serre-pilote en toiture qui a une double vocation : envisager non seulement l’efficience énergétique et économique de ce type de culture, mais aussi de nouveaux possibles en matière de production locale. Le tout en milieu urbain. A l’heure où, en région wallonne, la demande de produits locaux s’élève à 70%, mais où la réponse ne passe pas la barre des 20%, il y a lieu de répondre à ces attentes. (1) Il s’agit ici de la part belge d’un projet développé dans divers pays de l’Europe du Nord-Ouest : « Le fait de multiplier ce genre de projets de part et d’autre des frontières va permettre de confronter des demandes de consommateurs et des types de production différents. On ne produit pas et on n’est pas prêt à mettre le même prix pour manger local en Allemagne ou au Luxembourg qu’en Belgique. De plus, il y a toujours à apprendre du modèle de chacun, de ce qui y a fonctionné ou un peu moins. Dans ce secteur en développement, ces connaissances générées par des partenaires d’horizons et d’expertises complémentaires ont d’autant plus de sens », explique le Pr Haïssam Jijakli, fondateur du C-RAU (Centre de Recherches en Agriculture Urbaine) et coordinateur du projet à Gembloux Agro-Bio Tech ULiège. Durabilité et éducation à l’attention des citadins C’est l’occasion d’éprouver des serres de nouvelle génération : ce ne sont plus les serres des 70ies ou 80ies. Mieux isolées, moins énergivores et plus performantes, ces installations valorisent en 2021, par exemple, les déperditions des toits sur lesquels elles reposent. Par ailleurs, il s’agit de serres à taille humaine, adaptées aux villes, telles qu’on pourrait à terme en implanter par-dessus nos habitations. Elles sont aussi vite installées que démontées et recyclées, donc d’autant plus durables.Sans oublier que la serre-pilote du projet gembloutois va quant à elle offrir – en plus de la part dédiée à la recherche − l’occasion de visites éducatives et de conscientisation. De la production locale et des modèles innovants dès l’automne Au niveau européen, le projet porte le nom de GROOF (pour Greenhouses to Reduce CO2 on Roofs) (2) et il est divisé en sous-projets répartis entre l’Allemagne, la France, l’Espagne et la Belgique. Il est financé par Interreg North-West Europe ; il a commencé en 2018 et s’étendra jusqu’à fin 2022. Parmi ces sous-projets, celui de Gembloux Agro-Bio Tech s’appelle SERR’URE (pour SERRe URbaine basse Energie). En ce début juillet, les 1ers éléments de cette serre-pilote commencent à trouver leur place sur le toit du bâtiment du centre de recherche TERRA. Cette serre-pilote sera déjà en fonction d’ici l’automne prochain : les premières laitues, aubergines et tomates y seront cultivées. Sur le site de la faculté, cette installation fera partie d’un tout, c’est-à-dire d’une plateforme de recherche en agriculture urbaine et en biodiversité, appelée WASABI (3). Les modèles de cultures innovantes déjà étudiés au sein des 5 hectares de WASABI tels que l’hydroponie, par exemple, pourront ainsi être transposés à l’intérieur de la serre-pilote SERR’URE. Du coaching auprès des entreprises locales En parallèle, les connaissances acquises lors de ces recherches − qui ont donc cours depuis 2018 au sein de ce projet européen − sont déjà transmises sur le terrain, et elles continueront de l’être grâce au projet SERR’URE. En effet, ces experts sans frontières font du coaching auprès d’entrepreneurs qui ont installé sur le toit de leurs locaux une serre afin d’en optimaliser le rendement et de s’auto-approvisionner (4). Le projet ne s’arrêtera pas là : toujours dans un esprit de durabilité et de production locale, d’autres types de serres connectées à des bâtiments seront envisagés et le rayon géographique d’étude sera, lui, élargi. |
copyright Michel Houet – Liège