Interview de Quentin Evrard, Environmental Manager, Brussels South Charleroi Airport (BSCA)
Propos recueillis par Tatiana Hamaide
Pourquoi BSCA se lance dans la certification CCI des Objectifs de Développement Durable (ODD) – SDGs* ?
Même si le développement durable est un concept assez récent chez BSCA, il faut tout de même savoir qu’un certain nombre d’initiatives et d’autres certifications ont déjà été réalisées et sont déjà en cours à l’aéroport carolorégien. On pourrait citer, par exemple, l’Airport Carbon Accreditation – de type 2 (ACA) qui implique un calcul de l’empreinte environnementale au niveau de nos infrastructures (hors avions) et qui concerne aussi l’achat de l’électricité et l’élaboration d’un plan de réduction des émissions de CO2 calculées. Elle demande aussi la publication d’une politique environnementale, ou d’autres initiatives orientées CO2, biodiversité, traitement des eaux, rationalisation énergétique,… L’objectif étant d’atteindre le plus haut niveau de la certification ACA (le niveau 4+, ici prenant en compte les avions et tout le reste) le plus rapidement possible. Nous nous sommes d’ailleurs formellement engagés à être neutres en CO2 d’ici 2050 auprès de la Commission Européenne.
Ce qui a certainement retenu l’attention dans la certification des ODD (SDGs) proposée par la CCI, c’était la composante sociale qui n’avait pas de correspondant dans nos autres certifications en cours. Selon moi, une entreprise sociale, qui agit de manière éthique à ce niveau-là, dégage une meilleure image d’elle-même et ne peut que gagner en prospérité.
Comment se passe la relation avec la CCI Hainaut ?
La relation se passe très bien ! Je suis en contact régulier avec Olivier Hendrickx de la CCI Hainaut. Nous avons déjà effectué un audit préliminaire ensemble et évaluons, en ce moment, une proposition de plan d’actions. Sur ce dossier, je suis également en contact avec nos équipes internes : RH, conseiller en prévention, responsable de la maintenance et des infrastructures, HSE (Hygiène Sécurité Environnement), …
Quel est votre parcours, comment êtes-vous devenu « Environmental Manager » chez BSCA ?
Je suis bio-ingénieur de formation, avec une spécialisation dans la gestion des forêts et des espaces naturels. Dans le cadre de mon mémoire, je me suis rendu en Afrique, au Gabon, durant 3 mois. Très curieux d’apprendre, j’y suis retourné ensuite, au Cameroun, pour une thèse portant sur la gestion durable des forêts tropicales, avec plusieurs séjours d’environ 6 mois par an sur place pendant 3 ans.
En Afrique, j’ai aussi appris la gestion d’une équipe, le management, et les sensibilités culturelles des communautés locales, notamment par rapport à l’utilisation des arbres. Cet aspect social m’a plu et je le retrouve dans la certification des ODD (SDGs). La communauté autour de l’aéroport est, en effet, tout aussi importante à mes yeux que
l’aéroport lui-même !
De retour en Belgique, je décide de me poser un peu… C’est à ce moment-là que je repère l’annonce de BSCA pour un « Environmental Manager ». A la fois amusé de découvrir un tel intitulé de poste pour un aéroport avec des avions, et à la fois conscient que je pourrais agir sur « du gros » et en apprendre beaucoup, je postule ! Depuis novembre 2020, je suis heureux d’occuper ce poste nouvellement créé chez BSCA, duquel on peut tout démarrer, partir d’une page blanche, et pour lequel je suis incroyablement bien soutenu mais aussi sollicité…
Quels sont les ODD (SDGs) sur lesquels vous allez mettre la priorité, dans le cadre de cette certification ?
Pour chaque objectif, on a attribué un score (de 0 à 5) qui correspond à son état d’avancement actuel chez BSCA. L’idée est donc d’agir en priorité là où le score est le plus faible. Notre plan d’actions, qui doit encore être évalué et approuvé, se concentre sur la gestion environnementale et sur les aspects humains. Ce plan entend, par exemple, mettre en place une plateforme numérique de comptabilité énergétique, développer plus largement le photovoltaïque, électrifier davantage les transports (hors avion) sur pistes, changer notre « car policy » et passer aux véhicules (de fonction) full électriques, …
Le plan ne prévoit pas de convertir les avions en électrique (rires) ! Pour les avions, c’est moins évident car on dépend des compagnies aériennes. Je suis en train d’établir un « comité de management environnemental collaboratif » pour échanger avec ces compagnies sur les bonnes pratiques, celles qui permettent par exemple d’économiser du fuel, ou pour réfléchir aux solutions du futur, telles que l’hydrogène, le carburant durable, etc. Ce type de décisions ne passe donc pas encore par une certification ODD. Un jour, peut-être ?
*Acronyme anglais des ODD = SDGs (Sustainable Development Goals)