La société Nomics, créée il y a une quinzaine d’années et installée dans le parc scientifique du Sart-Tilman, est un bel exemple de l’écosystème des sciences du vivant en pleine expansion à Liège. Elle a mis au point et développé le « Brizzy », un capteur qui détecte les troubles respiratoires du sommeil, appelés communément apnées du sommeil.
« Au départ, explique Didier Leclercq, CEO depuis fin 2019, c’est une idée du professeur Poirier. Il s’agit d’identifier ces troubles en mesurant l’ouverture de la bouche pendant le sommeil du patient. Deux petits capteurs sont placés près de la bouche et sur le front et enregistrent tous les mouvements bucaux. C’est simple, ce n’est pas incommodant et, surtout, le dispositif peut être utilisé à domicile. Plus besoin d’aller passer une nuit à l’hôpital ! La fiabilité du système a été prouvée pour une très large majorité des cas et attestée par une trentaine d’études scientifiques. »
Heurs et malheurs de la pandémie
La petite société emploie 8 personnes, principalement des chercheurs et des informaticiens mais avec les nouveaux projets d’expansion, ce chiffre pourrait monter à 12 ou 13 dans les prochains mois.
« Quand je suis arrivé à la tête de l’entreprise, j’ai proposé un plan de développement approuvé par le conseil d’administration, composé de Noshaq, Invest for Job et le management. Malheureusement, la pandémie est passée par là, les troubles du sommeil n’étaient plus une priorité. Du coup, non seulement les plans de développement ont été mis de côté mais le chiffre d’affaires a chuté de 30 %. Il a bien fallu faire le gros dos et réfléchir à l’après covid. »
Heureusement, à toute chose malheur peut être bon ! Les séjours à l’hôpital ont de moins en moins la cote et la pandémie a accentué cette tendance. Aujourd’hui, le plan de développement, au frigo pendant deux ans, est revenu à la surface…
A la recherche de nouveaux partenaires
Actuellement, l’exportation représente 40 % du chiffre d’affaires de Nomics. Les principaux clients sont situés en France, aux Pays-Bas et au Maroc et l’entreprise vient de signer un contrat très important en Espagne. Son nouvel objectif est d’aborder les marchés asiatiques et américains. La part des exportations dans le chiffre d’affaires devrait alors atteindre 85 %.
Qui dit projets à l’exportation, dit aussi moyens financiers. Dans un premier temps, la Sogepa a accordé à la société un prêt subordonné afin de lui permettre de faire face aux conséquences de la crise sanitaire. A présent, place à l’investissement ! Les actionnaires ont décidé une augmentation de capital d’un million et l’objectif est de convaincre de nouveaux partenaires et d’arriver à un montant d’investissements de trois millions.
Tout est-il donc pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Pas totalement, hélas ! L’invasion de l’Ukraine par la Russie représente un nouveau facteur d’incertitudes politiques et économiques. Il faut être vigilant, même si les projets de développement sur les marchés internationaux ne sont pas remis en cause.
Enfin, il reste la question de la prise en charge par la sécurité sociale de l’usage du «Brizzy » qui est toujours en suspens. En Europe, la Belgique et la Grèce sont les deux derniers pays à ne rembourser que l’intervention à l’hôpital. Un rapport remis fin 2021 aux responsables de la santé préconise le remboursement du diagnostic à domicile mais rien n’est encore décidé. En attendant, les capteurs Nomics sont proposés au patient par leur médecin et coûtent une trentaine d’euros.