C’est au coeur même de la Grand’Poste de Liège, une des fiertés de Noshaq inaugurée il y a un an, que Jean-Michel Javaux et Gaëtan Servais (notre photo) ont présenté les résultats 2021-2022 de leur groupe. Les président et CEO étaient à la fois enthousiastes et quelque peu gênés du succès de Noshaq dans le difficile contexte actuel, qui succède à 2 années de covid et aux inondations. « Mais pour notre région, c’est mieux d’avoir un invest qui performe et réinvestit » soulignent-ils.
Pour le dernier exercice, Noshaq a investi 123 millions d’euros, contre une moyenne de 117 millions pour les 5 dernières années, majoritairement en capital (quelque 75 %). « Nous montrons donc à nouveau que nous sommes capables de prendre des risques » insiste son CEO. Le nombre d’interventions s’établit à 142, essentiellement dans les secteurs d’activités prioritaires définis dans la stratégie du groupe : sciences du vivant (40), immobilier et reconversion (30), numérique (8), énergie – développement durable et mobilité (5), agroalimentaire (12), industries culturelles (1) et industrie & technologie (13).
Une profitabilité réinvestie
Une quarantaine entreprises sont rentrées dans le portefeuille de Noshaq, qui s’élève maintenant à 469 sociétés, avec un taux de rotation de 10 % par an. Depuis 1985, le groupe a soutenu près de 1.000 entreprises.
Les exit, parmi lesquels Ncardia, Dogstudio ou Musimap, ont généré 23 millions d’euros de rentrées, sans compter 3 millions d’euros de dividendes récoltés à l’échelle du groupe.
Ce bilan devrait permettre à Noshaq de verser pour la première fois un dividende de 4 % à ses actionnaires grâce au résultat net estimé de 10,5 millions d’euros et conformément à la nouvelle convention d’actionnaires. Rappelons que le groupe a bénéficié d’une recapitalisation historique en novembre, avec un apport de nouveaux moyens de 143 millions d’euros (83 en capital et 60 en prêt) en provenance de partenaires privés et publics, parmi lesquels la Région wallonne (actionnaire à hauteur de 51,06 % via la Sowalfin), NEB (26,87 %), les banques (BNP, Ethias, Belfius, CBC et ING > 20,80 %), Namur Invest (0,42 %) et OBI (0,85 %).
« Cette levée de fonds s’est accompagnée d’une réforme de nos structures et d’un nouveau plan stratégique » indique le président Jean-Michel Javaux.
Ces nouveaux moyens sont les bienvenus dans la situation actuelle. « Nous sentons bien qu’en terme de soutien public, il faudra travailler davantage pour trouver de nouvelles solutions afin d’aider les entreprises » constate Gaëtan Servais, tout en reconnaissant que Noshaq « n’est pas représentatif de l’économie générale car nous avons une sélectivité dans nos investissements. »
Un acteur de Private Equity à ADN public
Le groupe liégeois cultive également une singularité dans le paysage économique wallon. Il est fini le temps où Noshaq (ex-Meusinvest) était avant tout un fond public d’investissement. « Nos métiers ont évolué : nous sommes devenus une société de gestion de fonds, un développeur de projets et un acteur de transition territorial. Nous priorisons nos actions sur 6 secteurs d’activités prioritaires et développons des écosystèmes, à commencer par les sciences du vivant. »
Cette stratégie se traduit notamment par des interventions financières et par des infrastructures comme la Grand’Poste, le flambant neuf Legia Park (40.000 m²) qui vient d’accueillir ses premières entreprises biotech devant le CHC, et peut-être bientôt Droixhe autour de l’informatique (NSI et Odoo sont pressentis).
« On se compare davantage à LRM dans le Limbourg plutôt qu’aux autres invests wallons » précise Gaëtan Servais. Une phrase qui n’est pas anodine dans le contexte de fusion des outils économiques wallons (Sowalfin, SRIW et Sogepa). « C’est un projet positif du gouvernement wallon » ajoute son CEO. « C’est une bonne opportunité d’affirmer l’autonomie des invests dans une bonne complémentarité avec le futur outil wallon unique. »
(photo Noshaq)