L’écart salarial entre les hommes et les femmes belges qui ont travaillé pendant au moins trois années consécutives pour le même employeur a augmenté de 4,4% en 2022. Bien que le salaire annuel brut total ait augmenté tant pour les hommes que pour les femmes, les femmes ont gagné 8 764€ de moins que les hommes en 2022.
L’indexation salariale a fait que l’écart salarial entre les travailleurs hommes et femmes s’est encore creusé. C’est ce que conclut le partenaire en matière d’emploi et d’entrepreneuriat Securex à partir d’une enquête menée auprès de 50 132 travailleurs. La différence de salaire brut s’explique principalement par le fait que les femmes travaillent davantage à temps partiel, qu’elles sont plus souvent actives dans des secteurs à bas salaires et qu’elles sont en moyenne plus souvent absentes pendant de longues périodes.
Suite aux chiffres d’Eurostat sur l’écart salarial entre les hommes et les femmes en Europe, Securex a réalisé une étude longitudinale sur l’évolution de cet écart salarial hommes/femmes parmi les travailleurs qui travaillent pour le même employeur depuis trois années consécutives ou plus. Compte tenu de la stabilité générale du marché du travail belge, cela concerne environ deux tiers des travailleurs sous contrat à durée indéterminée. L’enquête ne fait pas de distinction entre les salariés en termes de hiérarchie.
L’étude de Securex montre que l’écart salarial en Belgique a globalement augmenté de 4,4% en 2022 par rapport à 2021. La raison réside dans les indexations salariales multiples de 2022, qui creusent la différence salariale brute entre les hommes et les femmes.
L’indexation protège moins les femmes de l’inflation
Les femmes ont tendance à avoir un salaire brut inférieur à celui des hommes. La principale raison est que les femmes sont beaucoup plus susceptibles d’être recrutées à temps partiel (49%) que les hommes (9,3%). En outre, elles sont plus souvent recrutées dans des secteurs où le salaire est plus faible : 30,3% des femmes sont employées dans le secteur des soins, des titres-services ou comme vendeuses. Les femmes sont aussi, en moyenne, plus susceptibles d’être absentes pendant de longues périodes que les hommes. Comme les employeurs ne versent pas de salaire après un mois d’absentéisme, cela réduit également le salaire annuel brut total du travailleur absent.
L’année dernière, le salaire annuel brut total d’une femme s’élevait en moyenne à 38 145€, tandis que celui d’un homme était supérieur de 8 764€, à savoir 46 909€. Néanmoins, tant les hommes que les femmes ont vu leur salaire brut augmenter, mais étant donné que les hommes ont un salaire brut plus élevé à la base, les indexations ont fait que l’écart salarial s’est encore creusé. Les femmes dont le salaire est plus faible ont vu leur revenu augmenter dans une moindre mesure et sont donc plus touchées par l’inflation que les hommes.
Par ailleurs, parmi les travailleurs à temps plein, on observe une évolution différente selon le statut du travailleur. En 2021, les employées à temps plein avaient gagné en moyenne 9 834€ de moins que leurs collègues masculins, en 2022 cette différence a encore augmenté pour atteindre 10 437€ (+6,1%). Chez les ouvrières, Securex constate une diminution de cet écart salarial. En 2021, les femmes gagnaient 6 875€ de moins que les hommes, en 2022 cet écart s’est réduit à 6 434€ (-6,4%). Toutefois, cette diminution est principalement due à une plus forte augmentation du temps travaillé chez les femmes en raison d’une forte baisse du chômage temporaire.
Également chez les travailleurs à temps partiel
La raison qui explique un salaire brut plus faible chez les femmes est qu’elles sont beaucoup plus susceptibles de travailler à temps partiel. Parmi les travailleurs actifs auprès du même salarié depuis au moins trois ans, seuls 9,3% des hommes travaillent à temps partiel contre 49% des femmes. C’est précisément parmi ces travailleurs à temps partiel que l’écart salarial s’est fortement accru en 2022 (+16,8%). En 2021, les femmes gagnaient 2 551€ de salaire annuel brut de moins que les hommes ; en 2022, c’est 2 978€ de moins.
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