‘Une embellie dans un ciel de traîne’: voilà comment l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS) qualifie ses prévisions économiques pour l’année 2023.
Après une phase de ralentissement en deuxième partie d’année 2022, l’évolution encourageante de l’inflation et des attentes favorise donc une reprise modérée de l’activité en Wallonie dans le courant de cette année. Le rebond attendu du revenu des ménages, favorisé par le mécanisme d’indexation automatique et aidé par un marché du travail résilient, favoriserait une croissance encore soutenue de leur consommation en 2023 (+2,4 %).
La croissance du PIB serait plus modérée (+1,3 %) en raison d’une progression plus lente de la consommation publique, plus rapide des importations et une évolution défavorable des investissements, en particulier des ménages, suite au durcissement sensible des conditions de crédit.
Timorées dans un premier temps, les exportations wallonnes soutiendraient la croissance en deuxième partie d’année à la faveur de la reprise économique qui se profile en Zone euro.
L’économie wallonne (et belge) n’avait pas échappé au ralentissement marqué de la conjoncture internationale au second semestre 2022. Ce ralentissement a trouvé essentiellement sa source dans une poussée inflationniste spectaculaire et des conditions de crédit plus restrictives auxquelles ont fait face les ménages et les entreprises.
L’analyse des données les plus récentes permet cependant d’anticiper que ce passage à vide ne serait que temporaire, de sorte que la croissance devrait progressivement se raffermir dans le courant de l’année 2023.
En effet, les perspectives économiques internationales semblent à présent plus favorables qu’il y a quelques mois, en raison du reflux marqué du prix du gaz et du rebond de l’économie chinoise. Les résultats des enquêtes conjoncturelles, récoltés en Belgique et en Wallonie au cours des premiers mois de cette année, attestent aussi d’un climat de confiance meilleur qu’à l’automne dernier, en particulier dans le chef des ménages.
Progression de l’emploi
Les créations nettes d’emplois devraient se redresser dans les prochains mois. L’Iweps table sur une croissance de l’emploi intérieur wallon de +0,6 % (soit une augmentation de 8 000 unités par rapport à la moyenne de 2022). Mesurée entre le 1er janvier et le 31 décembre 2023, l’augmentation atteindrait un niveau proche de l’année passée, soit +13 000 unités.
Le durcissement sensible des conditions de financement pèsera fortement cette année sur les dépenses d’investissement des ménages, dans les logements (-4,4 %), et des entreprises (+2,2 %). Ces dernières devraient pourtant renforcer leurs efforts d’investissement, notamment en faveur de processus de production plus efficients sur les plans énergétique et environnemental, en lien avec la mise en œuvre du Plan de relance de la Wallonie. La décrue de l’inflation et la mise en œuvre des plans de relance en Europe favoriseront les marchés potentiels pour la Wallonie et permettront vraisemblablement un relèvement plus franc des exportations en deuxième partie d’année (+2 % en moyenne annuelle). Alors que la croissance des principaux éléments de la demande wallonne (consommation, investissement des entreprises et exportations) dépasserait 2 %, l’Iweps prévoit sur une croissance du PIB plus modérée de 1,3 % (+1,4% au niveau belge), en raison d’une progression plus lente de la consommation publique et plus rapide des importations.
Parmi les principaux risques qui pèsent sur ce scénario prévisionnel, dans un environnement géopolitique largement incertain, une résurgence de l’inflation conduirait à un resserrement plus sévère du crédit, qui pèserait sur la demande, ainsi qu’à une nouvelle hausse des coûts salariaux de nature à freiner la création attendue des emplois.
(Photo Pixabay)