Les employeurs des aides-ménagères, les entreprises de titres-services, tirent la sonnette d’alarme en ce jour d’action syndicale. Bien que les syndicats ciblent directement les entreprises de titres-services, les employeurs rejoignent les aides-ménagères dans leur légitime demande d’un cadre correct et viable pour les titres-services.
La fédération professionnelle Federgon lance un appel à la concertation envers les décideurs politiques et les syndicats afin de parvenir à un modèle durable et pérenne pour le secteur. En effet, les aides-ménagères s’investissent à 100% chaque jour, ont une valeur ajoutée sociétale importante et méritent donc un avenir durable. Cette perspective d’avenir fait cruellement défaut aujourd’hui en raison de problèmes structurels de financement et d’un cadre réglementaire sans cesse plus complexe. La situation est critique. Si rien n’est fait, le secteur sera au bord de l’implosion, indique Federgon.
L’écosystème des titres-services est victime de son succès. Les travailleurs et les employeurs luttent pour la survie d’un secteur où les réformes structurelles sont nécessaires mais ne sont pas concrétisées. Federgon appelle la classe politique à prendre des mesures urgentes. Les entreprises du secteur des titres-services tendent la main aux responsables politiques et aux syndicats concernés pour retrouver le chemin de la concertation et parvenir ensemble à une solution durable. La poursuite d’un système de titres-services correct et respectueux est dans l’intérêt mutuel des employés et des employeurs et revêt une réelle importance sociale et économique. La pérennité du secteur devrait donc être la priorité de tous.
Un moteur (en panne) pour l’économie belge
Le système des titres-services est moteur pour l’économie belge à plus d’un titre. Le système a permis la création de 150.000 emplois pour les aides-ménagères et leur procure un statut social à part entière ainsi que la protection nécessaire sur le lieu de travail.
Aujourd’hui, plus de 1,2 million de ménages belges ont recours à une aide-ménagère et utilisent les titres-services.
« Le système des titres-services est une mesure très réussie qui dépasse largement les objectifs fixés » explique Ann Cattelain, CEO de Federgon. « Nous avons tout intérêt à consolider ce succès et, si possible, à le renforcer encore. »
Financement et cadre réglementaire
En raison de problèmes de financement structurels qui s’accumulent depuis des années, le secteur des titres-services se retrouve aujourd’hui dos au mur. L’augmentation des coûts, due à l’indexation des salaires (en hausse de 14,7 % par rapport à la période pré-Covid), n’est pas suffisamment compensée par l’intervention perçue par les employeurs.
Il est faux de dire que le secteur génère encore de gros profits, souligne Fedrgon. Si on examine les comptes annuels des 25 plus grandes entreprises de titres-services, on constate qu’elles réalisent une marge bénéficiaire d’à peine un demi pour cent. Pour un chiffre d’affaires de 1,073 milliard d’euros, le bénéfice s’élève donc à 5,8 millions d’euros. Une analyse de Graydon Credit Safe a même montré fin 2023 que 37,29 % des entreprises étaient déficitaires.
A cela s’ajoute la complexité croissante du cadre réglementaire issu des différents niveaux de pouvoir. En effet, les titres-services se situent à cheval entre le fédéral et le régional, ce qui génère un flot de règles supplémentaires. Une meilleure coordination entre ces niveaux serait souhaitable. De plus, les règles entre les différentes régions divergent de plus en plus, ce qui rend la situation ingérable pour les entreprises de titres-services.
(Photo Simon Kadula / Pixabay)