À la veille des élections, AKT for Wallonia (UWE) a sondé les CEO wallons à l’occasion de son traditionnel point conjoncturel. Si la conjoncture n’est «ni bonne, ni mauvaise», force est de constater que les entrepreneurs sont inquiets.
Voici leurs trois principaux sujets d’inquiétude : l’avenir économique de la région, la capacité de la Wallonie à opérer sa réindustrialisation et l’état des finances publiques. Pourtant, ils continuent à investir et à s’investir. En d’autres mots, ils agissent. Ils demandent la même chose aux politiques.
Une conjoncture nuancée
Après deux années compliquées, les perspectives d’activité à six mois en Wallonie sont prudemment positives. Le ralentissement progressif de l’inflation permet d’anticiper une baisse des taux d’intérêt, qui devrait dynamiser l’activité économique. Par ailleurs, la hausse des revenus réels devrait continuer à soutenir la demande intérieure. Les investissements des entreprises wallonnes ont bien résisté malgré le resserrement monétaire et devraient continuer à progresser au cours des prochains mois, bénéficiant également des perspectives de baisse des taux d’intérêt. Les intentions d’embauche en Wallonie restent quant à elles très solides.
En 2023, les exportations wallonnes se sont sensiblement contractées, notamment en raison de la perte de compétitivité des entreprises wallonnes et du renforcement des mesures protectionnistes chez de nombreux partenaires commerciaux de la région. Si la chute semble enrayée, le climat des affaires chez nos voisins et le contexte économique international ne permettent pas de relancer une dynamique sensiblement positive pour soutenir la croissance. L’activité manufacturière en Europe peine toujours à se redresser et l’intensification des mesures protectionnistes pourrait continuer d’impacter longtemps encore le commerce mondial. Par ailleurs, ces perspectives s’inscrivent dans un environnement international qui reste particulièrement complexe.
Des entrepreneurs wallons inquiets
De façon générale, ces derniers affichent un pessimisme marqué quant à l’avenir économique de la Wallonie et se montrent très inquiets quant à la capacité de la Wallonie à opérer sa réindustrialisation.
Autre point majeur d’appréhension : l’état des finances publiques régionales, élément sur lequel 9 CEO sur 10 se montrent (très) préoccupés. Les CEO wallons se disent également très réservés quant à l’avènement de l’approche partenariale des services publics, signe qu’un changement de mentalité reste à opérer.
Les éléments liés aux facteurs de production montrent des enjeux importants. Ainsi, les pénuries de main-d’œuvre laissent 1 entreprise sur 3 sans solution, tout comme le phénomène Nimby. La feuille de route énergétique du pays ne semble pas comprise par les entrepreneurs, et les soutiens publics visant à opérer la transition sont perçus comme insuffisants.
Toutefois, l’enquête d’AKT for Wallonia (UWE) a pu isoler plusieurs éléments d’appréciation plus positifs. Les relations des entreprises avec le monde de l’enseignement sont relativement bonnes, tout comme le climat social au sein des entreprises. Toutefois, ce constat tranche radicalement avec la perception relative à l’ensemble de la région, où 75% des CEO affichent une appréciation négative.
«Passons des paroles aux actes et de l’inquiétude à la confiance » souligne Cécile Neven, CEO d’AKT for Wallonia (UWE). « Nous appelons les futurs responsables politiques à dépasser les clivages habituels. Il faut à notre région une vision claire, ambitieuse et partagée. Une vision qui nous permet d’initier une véritable dynamique entrepreneuriale pour rattraper notre retard économique au profit d’une prospérité durable en Wallonie, au bénéfice de toutes et tous. Prenons notre destin en mains ! »
(Photo AKT for Wallonia (UWE))