Wallonie

Économie : les ambitions de l’accord Arizona

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(Photo : Pixabay)

Le Gouvernement fédéral nouvellement formé a réinsisté sur l’importance d’une économie solide pour répondre aux enjeux sociétaux, géopolitiques et environnementaux. Il évoque de grands principes clefs, mais affiche un niveau de détails assez limité pour certains d’entre eux. AKT for Wallonia analyse pour vous quelques éléments phares de cet accord en matière d’économie et ses implications pour la Région wallonne.

Industrie, des opportunités à saisir

L’accord fédéral rappelle le rôle clé de l’industrie dans notre économie, épine dorsale de notre prospérité sociétale et de notre bien-être à tous. Et c’est un préalable essentiel.

Le niveau de détails des mesures annoncées est quant à lui plus limité. Au regard de l’ampleur du défi de la réindustrialisation que nous rappelle quotidiennement le contexte international, des précisions devront être rapidement apportées.

Si le plan de travail de la Commission européenne va dans le bon sens, notamment avec sa boussole de compétitivité (ndlr : stratégie globale de l’Union européenne pour renforcer la compétitivité) qui ambitionne de tirer l’économie des 27 vers le haut, le Gouvernement fédéral belge devra lui aussi mettre rapidement en place sa dynamique, et ceci en assurant la bonne coordination avec les initiatives régionales et les acteurs industriels.

Deux éléments clefs de l’accord sont à épingler :

  • La mise en place d’un Plan interfédéral industrie et le soutien aux initiatives régionales visant à relancer l’industrie. Si la Flandre a déjà son forum industrie, la Wallonie doit quant à elle encore concrétiser le sien afin de rapprocher les acteurs industriels et le Gouvernement wallon. Celui-ci sera par ailleurs essentiel pour assurer une contribution ambitieuse de notre région au Plan interfédéral.
  • La base industrielle et technologique de Défense est également au cœur de l’accord de gouvernement. Le renforcement des investissements prévus est une belle opportunité pour l’industrie wallonne, mais il faudra être attentif aux enjeux communautaires. La mise en œuvre concrète des mesures et la répartition des budgets doivent refléter la place de leader et les avantages comparatifs avérés dont la Wallonie dispose dans ce secteur.

Politique scientifique, de recherche et développement

La recherche, le développement et l’innovation constituent les éléments centraux pour la construction d’une véritable politique industrielle.

Une partie importante des leviers pour la mise en place de cette politique est de la responsabilité des régions, mais le Gouvernement fédéral a balisé une série d’initiatives importantes dans ce domaine, parmi lesquelles :

  • Les régimes fiscaux préférentiels pour la R&D qu’il souhaite consolider et adapter afin que nos domaines d’innovation régionaux redeviennent compétitifs : la Wallonie travaille d’ailleurs à une restructuration de son paysage de l’innovation, en parfaite concertation avec les acteurs du monde industriel, avec pour ambition de transposer plus largement la recherche en valorisation industrielle.

AKT for Wallonia épingle plus précisément la dispense de versement de précompte professionnel pour chercheurs que le Gouvernement souhaite adapter : aucune précision n’est annoncée à ce stade alors même que ce mécanisme est indispensable pour que les entreprises puissent maintenir leurs activités de R&D sur le territoire national.

  • Le soutien à la candidature belge pour la construction du Télescope Einstein : ce projet d’envergure est une occasion à ne pas manquer qui permettrait notamment de structurer des écosystèmes de très haut niveau en matière de recherche. La Wallonie doit s’inscrire pleinement dans cette dynamique pour que les investissements bénéficient aux entreprises de son territoire.

Transition et compétitivité, deux faces d’une même pièce

Les entreprises sont un moteur principal de transition vers plus de durabilité pour nos modèles de société et le Gouvernement Arizona l’a bien compris. Il sera attentif à la compétitivité des entreprises aussi sous l’angle de la transition. Pour répondre aux enjeux environnementaux, les entreprises doivent en effet être en mesure de déployer leur plein potentiel.

C’est une bonne chose et va dans le même sens que la Commission européenne qui a récemment annoncé une série de simplifications règlementaires via des directives omnibus (ndlr : il s’agit d’une initiative législative qui regroupe plusieurs modifications ou révisions de textes existants sous une seule et même proposition) devant permettre aux entreprises de réduire le fardeau administratif lié au reporting pour se concentrer sur les actions concrètes. La Belgique s’engage donc à suivre la même voie.

International et politique commerciale

Sur le volet international, notons la préservation de l’Agence pour le Commerce Extérieur qui, rappelons-le, est un outil précieux au service des exportateurs. Il conviendra toutefois de suivre de près la protection des intérêts des francophones dans la diplomatie économique car cet outil, tout comme d’autres (Crededo et la SFPIM), a régulièrement été menacé de disparition ou de régionalisation.

De manière générale, le Gouvernement entend conclure des accords commerciaux ambitieux, ouverts et équitables. Cette vision est pragmatique et ancrée dans la réalité des besoins de l’Union européenne et de son économie. Ainsi, l’accord Arizona ne fait pas référence à l’introduction de clauses miroirs (irréalistes dans la pratique) et prévoit l’application stricte des normes européennes au niveau social et environnemental. L’ensemble des niveaux de pouvoir, et donc la Wallonie, gagneraient à s’inscrire dans la ligne équilibrée annoncée par le fédéral.

Enfin, pour protéger notre savoir-faire technologique dans les secteurs stratégiques, il est prévu de capitaliser pleinement sur le mécanisme interfédéral de contrôle des investissements étrangers, qui semble adéquat.

Climat entrepreneurial attractif

Epinglons pour terminer quelques autres principes censés favoriser l’esprit et la liberté d’entreprendre et faire de notre pays une terre attractive pour les investisseurs :

  • Le principe « no gold plating » rencontrait une forte demande des organisations patronales à l’attention des négociateurs fédéraux. L’accord s’engage à ne pas pratiquer de surrèglementation pour éviter la concurrence intra-européenne et un impact éventuellement négatif sur notre compétitivité.
  • On identifie aussi la volonté d’optimiser l’accès des entreprises aux marchés publics en simplifiant la législation fédérale autant que possible et dans le respect du cadre européen.
  • Enfin, la possibilité de développer des zones de test sans règles (« regulatory sandboxes ») est évoquée. Ce qui donnerait l’occasion aux entreprises d’expérimenter leurs nouveaux procédés dans des environnements plus clairs et sécurisés. Plus qu’une possibilité, ceci doit être concrétisé afin d’encourager l’innovation au maximum. AKT for Wallonia plaide depuis longtemps pour la généralisation de ce type de mécanismes et nous serons force de proposition afin d’appuyer des thématiques sur lesquelles les zones de test pourraient être appliquées.

(Source : Daphné SIOR / AKT for Wallonia)

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Publication par communiqué de presse.
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