
Selon le dernier baromètre des entreprises*, un sondage du consultant BDO auprès de 432 chefs d’entreprise, l’assouplissement des directives ESG européennes annoncé la semaine dernière ne s’imposait pas vraiment pour un tiers des entreprises belges. Elles estiment, en revanche, que ces règles offrent des opportunités et incitent les entreprises (y compris les plus petites) à opérer de manière plus durable et transparente.
« Nous notons aussi que bon nombre de nos clients entendent poursuivre leur trajectoire ESG, car ils y voient un avantage concurrentiel » affirme Ignace Robberechts, partenaire ESG Advisory chez BDO Belgium.
La Commission européenne a annoncé la semaine dernière son « Clean Industrial Deal », qui vise à édulcorer considérablement les règles de durabilité censées entrer en vigueur cette année et jugées impraticables et trop coûteuses pour l’industrie. Les critères de la taxonomie de l’UE pour déterminer la durabilité des investissements seront ainsi simplifiés et 80 % des entreprises ne devront plus établir de rapports de durabilité (CSRD). La responsabilité des entreprises de vérifier le respect des droits humains et de l’environnement dans leur chaîne de valeur sera, en outre, limitée aux partenaires commerciaux directs.
Une approche plus pragmatique
Les entreprises belges s’accordent à dire qu’une approche plus réaliste et pragmatique était nécessaire. Quelque quatre entreprises sur dix estiment que les réglementations relatives au reporting ESG étaient inapplicables et pouvaient même, à terme, étrangler les plus petites structures. Étonnamment, 32 % des sondés pensent toutefois que des réglementations strictes en matière de durabilité sont nécessaires et qu’elles créent des opportunités. Ils soutiennent que ces règles sont même postitives pour les petits acteurs, car elles les incitent à opérer de manière plus durable et plus transparente.
« Nous constatons, en effet, que de nombreuses entreprises entendent poursuivre leur trajectoire ESG, même si elles ne sont plus tenues de le faire » affirme Ignace Robberechts. « Elles pourront toutefois adopter une approche beaucoup plus pragmatique. Au lieu de se concentrer simultanément sur l’Environnement (E), le Social (S) et la Gouvernance (G), les entreprises pourront désormais cibler un ou deux axes prioritaires avant d’élargir leurs efforts. Et plutôt qu’un rapport obligatoire de plus de 100 pages, elles établiront un rapport simplifié, reprenant seulement les points clés qui reflètent tous leurs efforts et investissements en matière de durabilité. »
De nombreux avantages (futurs)
Les entreprises prennent conscience des nombreux avantages potentiels, comme l’observe BDO. « Un reporting sur la durabilité de qualité et fiable est un outil intéressant qu’elles souhaitent conserver pour informer les parties prenantes qui s’intéressent à cette thématique et renforcer leur réputation. L’assurance volontaire permet d’y parvenir » explique David Lenaerts, partenaire ESG Assurance chez BDO Belgium. « Une telle trajectoire ESG révèle, en outre, souvent où des problèmes et des risques peuvent survenir. Pensons, par exemple, aux fournisseurs essentiels dont les plantations se situent dans des régions exposées aux changements climatiques. Ou à une dépendance à l’électricité qui oblige les entreprises à anticiper d’éventuelles pénuries en développant leurs propres solutions d’énergie renouvelable. Pouvoir démontrer des investissements durables et parés pour le futur facilite également l’obtention d’un financement auprès des banques. Et n’oublions pas que 20 % des plus grandes entreprises européennes continueront à devoir rendre des comptes. En ce sens, elles exigeront toujours de leurs fournisseurs qu’ils soient plus durables et transparents. Il est donc tout à fait judicieux que de nombreuses entreprises continuent à s’engager dans cette voie. »
*Enquête réalisée en février 2025 par le cabinet d’études indépendant IVOX auprès de 432 chefs d’entreprise et cadres belges.
(Source: BDO – photo Pixabay)