
L’Université de Liège (ULiège) a présenté mardi la nouvelle société spin-off MATVISION, issue de plus de dix ans de R&D et d’innovations au sein du laboratoire GeMMe (Géoressources, Génie Minéral et Métallurgie Extractive) de l’ULiège, et fruit d’un développement mené en collaboration avec les partenaires industriels Groupe COMET (Mons) et Cilyx (Liège). MATVISION se spécialise dans le développement de solutions de tri robotisé de déchets industriels comme les métaux broyés.
Basée sur la technologie développée dans le cadre du projet PICKIT, MATVISION combine un système avancé de capteurs (rayons X, infrarouge, laser et 3D), l’intelligence artificielle et la robotique pour offrir une solution de tri rapide – en une seule passe – et précis des différentes catégories de métaux. Cette solution optimise la valeur économique des matières ainsi triées.
Le marché de MATVISION est d’abord constitué des recycleurs industriels en Belgique, en Europe et dans le monde. Le démantèlement des voitures et des appareils électroménagers est la première source de déchets métalliques pour lesquels la spin-off apporte une solution de tri performante, en particulier pour des métaux stratégiques comme le cuivre, l’aluminium et le nickel.
Il existe actuellement plus de 350 recycleurs de voitures en Europe, et compte tenu des développements industriels basés sur le recyclage, le marché potentiel de MATVISION est plus large encore.
Valeur économique
« Nos partenaires industriels peuvent raccourcir les boucles de recyclage et augmenter la valeur des déchets qu’ils traitent et revendent, ce qui permet de rentabiliser nos machines en un temps record » souligne Robert Baudinet, le co-fondateur et CEO.
MATVISION est également une société de service qui étudie la faisabilité au cas par cas de solutions de tri les plus adaptées à partir de sa technologie unique multi-capteurs et multi-sorties. Avec ses sous-traitants, elle supervise ensuite l’assemblage in situ des lignes de tri robotisées. Les études de faisabilité sont effectuées sur la ligne prototype installée à l’ULiège.
MATVISION bénéficie déjà d’un financement de 160.000 euros issu de ses fondateurs et imec.istart, pour qui il s’agit du premier dossier d’investissement dans son hub de Liège pour un montant de 50.000 euros. La société bénéficie également d’un prêt convertible de 50.000 euros de imec.istart. MATVISION s’apprête à lancer une levée de fonds pour sécuriser plus d’un million d’euros de financement d’ici septembre afin de se donner les moyens de ses ambitions.
Partenaire de la première heure du laboratoire GeMMe de l’ULiège, le Groupe COMET a réalisé la première validation industrielle de cette solution de tri robotisée en investissant, en 2021, 10 millions d’euros (bâtiment et équipements) dans un démonstrateur industriel, une chaîne de 16 robots trieurs avec une capacité de tri de 20.000 tonnes de déchets métalliques par an (soit un milliard de pièces au rythme de 16 pièces triées à la seconde). Baptisé MULTIPICK, cet investissement industriel a été réalisé avec le soutien de la Wallonie (dans le cadre de la Reverse Metallurgy du pôle Mecatech) et des fonds européens FEDER.
Technologie unique au monde
La technologie repose sur la combinaison du développement de capteurs de reconnaissance de la matière et d’un tri robotisé à haute cadence, le tout animé par une intelligence artificielle propre : des mesures par rayons X qui permettent l’évaluation en temps réel de la densité de la matière, un scanner 3D pour mesurer les paramètres de forme et de volume des objets broyés, une caméra hyper-spectrale pour mesurer la réflectance des matériaux dans le visible et l’infrarouge et un laser LIBS (spectroscopie sur plasma induit par laser) pour différencier les différents alliages de métaux. Le traitement de ces données est réalisé par apprentissage automatique, branche de l’Intelligence Artificielle.
Après apprentissage des différentes catégories souhaitées (aluminium, zinc, cuivre, laiton, plomb, inox…), chaque nouveau fragment est attribué à une catégorie. La bande transporteuse tourne à plus d’un mètre par seconde. La technologie MATVISION est capable de traiter en une seule passe jusqu’à 20 types de matériaux. Cette caractéristique rend la technologie MATVISION unique au monde car les systèmes actuellement utilisés pour traiter les métaux ne sont capables de séparer que deux familles simultanément. L’acquisition 3D des pièces permet de choisir les points de préhension optimaux pour les robots à pinces.
« En se positionnant comme pionniers des techniques robotiques de tri des métaux, les ingénieurs wallons peuvent espérer jouer un rôle de tout premier plan dans le développement de l’économie circulaire à l’échelle internationale » conclut Éric Pirard, professeur ordinaire au laboratoire GeMMe.
(Photo Matvision / Emilie Flament)