
Le nouveau Gouvernement fédéral met l’assainissement des finances publiques au centre de l’accord. Son objectif principal : ramener le déficit sous la barre des 3% du PIB à l’horizon 2030. En Wallonie, certaines mesures annoncées pourraient avoir un impact indirect négatif sur les finances publiques régionales. Il faudra s’assurer que les compensations prévues soient suffisantes, et que les économies à réaliser en contrepartie ne nuisent pas à la compétitivité des entreprises wallonnes. Analyse d’AKT for Wallonia.
Les finances publiques au cœur de l’accord
On le sait, la situation des finances publiques belges (entités fédérale et fédérées) est préoccupante. La Belgique fait d’ailleurs l’objet d’une procédure de déficit excessif par la Commission européenne. Concrètement, cela signifie qu’elle devra présenter, à la Commission, un plan détaillé visant à réduire son déficit. Sa mise en œuvre fera l’objet d’un suivi renforcé.
Face à cet immense défi, le Gouvernement fédéral doit trouver des solutions pour réduire son déficit et atteindre l’objectif fixé. Les marges budgétaires seront principalement issues de réformes structurelles, qui porteront sur trois axes majeurs : la réforme du marché du travail, la réforme fiscale et une meilleure gestion de l’argent public.
Ces réformes impacteront directement les finances publiques wallonnes.
Par exemple :
– Charge accrue pour les CPAS
La limitation des allocations de chômage augmentera la demande d’aide sociale. Il faudra s’assurer que la compensation fédérale soit suffisante pour éviter une pression excessive sur les finances communales.
Au niveau wallon, Il faudra s’assurer que les compensations prévues par le Gouvernement fédéral soient suffisantes, pour ne pas affecter les finances publiques communales (déjà sous pression). In fine, les finances régionales pourraient être directement impactées via une augmentation de la sollicitation du fonds des communes.
– Réduction des recettes régionales
La réforme fiscale entraînera une baisse des recettes pour la Wallonie (via les mécanismes de la loi spéciale de financement).
Si le Gouvernement wallon souhaite rétablir ses finances sans augmenter ses impôts, il devra faire des économies en veillant à ne pas nuire à la compétitivité des entreprises wallonnes.
Réforme institutionnelle et défense des intérêts francophones
En parallèle et en parfaite cohérence avec cet assainissement budgétaire, une réforme de l’Etat se prépare et pourrait entrer en vigueur dès la prochaine législature. Le Premier ministre sera chargé notamment, de faire des propositions sur la répartition des compétences, les règles de financement et les institutions. Dans ce contexte, il est essentiel que les francophones se mobilisent pour être capable de défendre leurs intérêts.
Le monde de l’entreprise devra aussi suivre, avec attention, ce dossier pour assurer la prise en compte des intérêts économiques wallons. À cela s’ajoute que pour mener à bien ses nombreuses réformes socio-économiques, le Gouvernement fédéral optera pour un fédéralisme de réforme renforcé. Cela représente une occasion unique pour la Wallonie de faire avancer ses priorités politiques. Il s’agira aussi de s’assurer que les modalités de mise en œuvre sont en ligne avec les priorités et besoins des entreprises wallonnes.
A côté d’un suivi attentif du projet de réforme institutionnelle, les membres francophones du Gouvernement et le monde de l’entreprise wallon devront porter la voix des francophones. Ils devront être particulièrement vigilants dans de nombreux domaines dans lesquels les mesures du Gouvernement fédéral pourraient être plus ou moins favorables selon les modalités d’implémentation.
On pense notamment à :
– La défense
Le renforcement des investissements de défense est une opportunité importante pour l’industrie wallonne… pour autant qu’elle reçoive sa juste part dans un secteur où la Wallonie est leader.
– La mobilité
La révision du Plan de Transport de la SNCB repose sur la « demande » (critère qui privilégie implicitement les investissements en Flandre). Il faudra veiller à un équilibre des investissements.
– La prise en charge des chômeurs de plus deux ans
La limitation dans le temps (2 ans) des allocations de chômage fera peser une charge supplémentaire sur les CPAS. Une compensation est prévue dans l’accord de gouvernement. La Wallonie comptant une plus grande part de chômage de longue durée, elle sera plus impactée en cas de sous-compensation.
– Les objectifs européens
La répartition des objectifs doit être monitorée afin que cela ne se fasse pas au détriment de la Wallonie.
Le redressement des finances publiques et la réforme institutionnelle qui se profile auront des conséquences majeures pour la Wallonie. Entre risques et opportunités, la vigilance sera de mise pour garantir un cadre favorable aux entreprises wallonnes.
(Source : Olivier Pauwels / AKT for Wallonia – photo : Steve Buisinne / Pixabay)