
Dans un climat mondial incertain, la Belgique maintient sa 8e place au classement européen des investissements étrangers, tout en renouant avec une croissance de l’emploi. L’édition 2025 du Baromètre de l’Attractivité belge, publié par EY, offre un éclairage nuancé sur les forces et les défis de notre économie.
Dans une Europe en recul de 5 % en matière d’investissements directs étrangers (IDE), la Belgique limite la casse avec une baisse contenue de 2 %, totalisant 210 projets en 2024. Signe encourageant : ces investissements ont généré 5 392 emplois, soit une hausse de 10 % par rapport à l’année précédente.
Selon Marie-Laure Moreau, Associée chez EY Belgique, « le bulletin n’est pas mauvais. Si l’on considère le contexte géopolitique mondial, l’inflation et la pression sur les coûts de l’énergie, ce n’est pas négligeable. Quand l’on regarde nos voisins, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, la baisse est à deux chiffres. Notre recul est modéré et surtout, on retrouve une dynamique positive en matière d’emploi ».
Ces trois pays, historiquement en tête des IDE en Europe, n’ont à eux seuls attiré que moins de la moitié des projets recensés sur le continent — une première depuis 2018. À l’inverse, certains États comme l’Espagne ou la Pologne affichent une croissance à deux chiffres. Leur avantage ? Un coût de l’énergie et de la main-d’œuvre plus faible, qui séduit les investisseurs.
« La Belgique reste compétitive sur d’autres terrains », souligne Marie-Laure Moreau. « Notre main-d’œuvre est plus chère, certes, mais elle est aussi hautement qualifiée, notamment dans les secteurs technique et scientifique. C’est un atout fort, qu’il faut renforcer par une politique d’innovation ambitieuse. »
Le Baromètre souligne d’ailleurs le rôle moteur de l’industrie manufacturière et de la logistique, qui concentrent à eux seuls plus de la moitié des projets. Les services aux entreprises, en revanche, accusent un net recul. Côté régional, la Flandre capte toujours la majorité des projets (137), devant Bruxelles (44) et la Wallonie (29). Bruxelles est la seule région à progresser, tandis que la Wallonie reste stable.
Parmi les investisseurs, les États-Unis reprennent la première place avec 43 projets. La France, en tête en 2023, accuse un net recul (28 projets). Les Pays-Bas restent stables, tandis que l’Inde, sans impact notable sur l’emploi, fait une percée remarquée en nombre de projets.
Face à la concurrence croissante d’autres régions, plusieurs leviers d’action sont identifiés. EY recommande de renforcer l’écosystème des PME et des industries stratégiques (cleantech, IA, défense), de simplifier les cadres réglementaires, et de favoriser les ponts entre écoles, centres de recherche et entreprises. Marie-Laure Moreau insiste : « Il faut construire des projets structurants autour de pôles d’excellence ».
La question de la fiscalité revient aussi au centre des débats. « On a souvent dit qu’il fallait baisser les charges sur la main-d’œuvre, mais c’est un chantier complexe. Il faut composer avec notre réalité fiscale. Cela implique de miser sur des secteurs où la valeur ajoutée justifie ce coût, comme l’innovation et la R&D ».
Enfin, la perception internationale reste encourageante : 70 % des décideurs interrogés dans l’étude anticipent une amélioration de l’attractivité belge dans les trois prochaines années, contre 66 % l’an dernier.
« La Belgique est une terre d’innovation au cœur de l’Europe, avec trois régions aux atouts complémentaires. Elle peut jouer un rôle-clé si elle renforce ses partenariats et investit dans la transition énergétique et numérique », conclut Marie-Laure Moreau. « La stabilité n’est pas une fin en soi : c’est un tremplin pour aller plus loin ».
Plus d’infos :
Enseignements majeurs du Baromètre de l’Attractivité belge 2025
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