Malgré les politiques visant à favoriser l’emploi des seniors et l’allongement des carrières, l’âgisme dans le monde du travail persiste. En Belgique, un employé sur dix est victime de préjugés liés à son âge, une réalité qui touche même les cadres et coûte cher aux entreprises. Alors que 100 départs à la retraite ne sont remplacés que par 80 nouveaux entrants, ignorer les compétences des travailleurs plus âgés pourrait représenter une menace pour la durabilité économique de la Belgique, prévient le spécialiste en recrutement de cadres supérieurs Page Executive.
Première cause de discrimination pour les cadres supérieurs…
L’âgisme est la première cause de discrimination pour les cadres supérieurs, selon un sondage effectué par Michael Page auprès de 5000 travailleurs, dont 3000 cadres supérieurs. Pas moins de 45% d’entre eux affirment avoir été victimes de discriminations liées à l’âge, loin devant celles fondées sur l’origine (29%) ou le genre (28%). Ce constat peint une image consternante : en effet, en plus d’affecter les comportements individuels, l’âgisme compromet la performance des entreprises et pourrait entraîner une perte de compétences, menaçant ainsi la compétitivité.
Erreur stratégique
« Se priver de l’expertise des travailleurs plus âgés est une erreur stratégique pour les entreprises qui pourrait impacter notre économie. Chaque compétence compte dans un marché sous tension. Les entreprises qui encouragent la collaboration intergénérationnelle gagnent en innovation et en compétitivité, » explique Lorraine Le Pomellec, responsable du secteur bancaire pour Page Executive. En effet, une étude publiée dans le Journal of Organizational Behavior démontre que les équipes où règne la diversité générationnelle bénéficient d’un large éventail de ressources cognitives, ce qui se traduit par une amélioration des capacités d’analyse et des solutions innovantes.
Pourtant, près de la moitié des responsables des ressources humaines admettent que l’âge influence leurs décisions d’embauche, reflétant ainsi une rupture entre la volonté des travailleurs de continuer à travailler et une politique d’embauche figée dans les stéréotypes.
Pour favoriser un marché du travail plus inclusif, les entreprises belges doivent adapter leurs politiques de gestion RH :
- Réviser les pratiques de recrutement pour valoriser les compétences, la résilience et l’adaptabilité pour des recrutements objectifs et durables.
- Créer une culture d’entreprise inclusive. En effet, 40 % des travailleurs plus âgés estiment que la culture d’entreprise compte davantage que le salaire pour attirer et fidéliser les talents.
- Encourager la collaboration intergénérationnelle pour améliorer la compétitivité.
- Valoriser l’expertise et l’expérience de travailleurs seniors en ayant recours à des indépendants ou interim managers pour remplir des missions spécifiques.
- Promouvoir des formations sur le numérique et l’intelligence artificielle (IA) pour les seniors est essentiel. L’adoption de l’IA varie significativement en fonction de l’âge : les professionnels dans la vingtaine adoptent l’IA à un taux deux fois plus élevé que les plus de cinquante ans. Cette différence générationnelle souligne l’importance de proposer des programmes de formation adaptés pour combler cet écart. Ces initiatives pourraient non seulement améliorer l’employabilité des travailleurs seniors, mais aussi leur permettre de rester compétitifs dans un marché en constante évolution
« Un marché du travail inclusif pour les personnes de plus de 50 ans est non seulement plus juste, mais représente une transformation fondamentale afin de renforcer la résilience de la Belgique face aux défis économiques et démographiques à venir, » conclut Lorraine Le Pomellec.
