Le dossier de février de CCImag’ se penche sur des artisans wallons qui, sans jamais abaisser le seuil de leurs exigences, ont bien grandi. Témoin de notre dossier, retrouvez ci-dessous Jean-Noël Tilman, CEO du laboratoire Tilman (Baillonville).
Couronné « Entreprise de l’année 2013 », le laboratoire Tilman s’est aujourd’hui imposé comme le spécialiste belge de la médecine par les plantes. Une formidable épopée entamée voici près de 60 ans par Lucien Tilman. «Mon père était pharmacien d’officine à Durbuy, relate Jean-Noël Tilman, CEO. Entrepreneur dans l’âme, il a multiplié les tentatives commerciales avant de connaitre un premier succès avec la Tisane du Vieil Ardennais. Inspiré par la réussite de ce produit, il a développé une gamme d’une vingtaine de tisanes médicinales. Une production 100% maison élaborée à l’arrière de l’officine.»
En 1984, son diplôme de pharmacien en poche, Jean-Noël Tilman fait ses premiers pas dans la vie active. «Mon père pensait que j’allais reprendre la pharmacie. J’aspirais en réalité à développer l’activité tisanière.» Audacieux, le jeune homme scelle immédiatement un partenariat avec Lipton pour emballer ses tisanes sous forme d’infusettes. Il recrute parallèlement une équipe de vente et étend la gamme Tilman en concevant une gélule amincissante à base d’algues.
Une dizaine d’années plus tard, Jean-Noël Tilman a les reins suffisamment solides pour ériger un véritable laboratoire à Baillonville. Une avancée vers l’industrialisation qui ne va pas sans susciter certaines craintes : «Parmi les collaborateurs, l’arrivée de la première machine a en effet été vue comme une menace pour l’emploi. J’ai toutefois veillé à les rassurer en leur disant que cette technologie allait au contraire nous permettre de grandir et de créer de nouveaux postes. Ce qui s’est effectivement produit ! »
En 2013, la société Tilman comptait ainsi 120 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 19,5 millions €. Cette formidable croissance est celle dont rêvait Jean-Noël Tilman lorsqu’il a repris l’activité paternelle. «Aussi, industrialiser notre process ne m’a jamais fait peur. A la différence d’un producteur de confitures, je n’avais pas d’identité artisanale à défendre. Nos fabrications disposaient plutôt d’un positionnement pointu. La principale difficulté ? Ce fut sans aucun doute de convaincre nos partenaires financiers de nous suivre sur ce chemin. Appréhender le fonctionnement des machines s’est également apparenté à l’apprentissage d’un nouveau métier. Ce ne fut pas une mince affaire mais j’en garde de très bons souvenirs.»
Face à l’importante croissance rencontrée par le laboratoire, quelques rares collaborateurs ont préféré partir. «Dans nos nouvelles infrastructures, ils ne retrouvaient plus la structure intimiste de l’atelier artisanal.» Pour autant, Jean-Noël Tilman le souligne, les valeurs premières de l’entreprise sont restées inchangées. « Nous avons conservé un esprit familial, une organisation très simple, des rapports directs,… Je vois dans ces éléments un véritable facteur de succès. Aux sociétés souhaitant s’industrialiser je recommande d’ailleurs ceci : bien plus qu’une image artisanale, préservez la simplicité, les valeurs initiales et la dimension familiale de votre entreprise. Elles seront assurément source de valeur ajoutée.»