Thomas Destrée est ingénieur du son. Depuis 2009, il construit un studio d’enregistrement haut de gamme dans une grange de sa maison, située à Oreye. Bien que le projet soit en phase de construction, Thomas reçoit déjà des demandes de la part des milieux de la musique et du cinéma. Rencontre avec un entrepreneur passionné.
CCImag’ : Thomas, vous travaillez comme régisseur son et lumière dans un centre culturel mais également comme indépendant dans l’événementiel musical. Quels sont les publics concernés par votre futur studio d’enregistrement ?
T.S. «Dès qu’il sera opérationnel, fin 2014, le studio sera loué à tout groupe de musique qui le souhaite, à des producteurs, des ingénieurs du son, des entreprises, des labels. En plus d’enregistrer, on pourra y faire énormément de choses : des répétitions, de la co-production, de la mise en place de concert, du bruitage, du mixage, etc. Comme l’espace est grand, recouvert de parquet, j’ai aussi des demandes de la part de compagnies de danse».
CCImag’ : Répéter, enregistrer, mixer, vous proposez un concept complet. Qu’est-ce qui fait le petit « plus » du projet ?
T.S. «J’ai prévu des zones résidentielles pour les artistes. Quand on travaille jusqu’aux petites heures de la nuit sur un projet, c’est un confort appréciable de pouvoir éviter les trajets, de dormir et manger sur place. Le fait d’être situé à la campagne inspire aussi ce petit côté « retraite créative » où l’on prend le temps».
CCImag’ : En Wallonie, rares sont les salles de répétitions équipées qui disposent de la possibilité d’enregistrer. Or la demande est énorme. A quelles autres demandes votre projet pourrait-il répondre ?
T.S. «Nos groupes de musique vont enregistrer à Los Angeles, New York ou Nashville, or je suis persuadé qu’on peut faire aussi bien ici. Je ne suis pas le seul studio haut de gamme en Belgique, ni le plus grand, mais avec 200 m² pour tout le complexe, un équipement high tech, nous ne sommes pas en reste. Sans rien sacrifier sur la qualité, le fait de tout faire soi-même et à son rythme permet de contenir les coûts. C’est un atout indéniable».
CCImag’: Un tel chantier requiert des connaissances techniques bien spécifiques. Comment atteindre l’excellence acoustique de rigueur ?
T.S. «Par mon réseau dans le domaine de la musique, j’ai eu la chance de rentrer en contact avec Thomas Jouanjean qui assure le design acoustique du projet. Il s’agit d’une sommité dans son domaine, qui a su se faire un nom aux Etats-Unis. Les mesures de ses précédentes réalisations sont assez impressionnantes par la neutralité de l’écoute qui en découle».
CCImag’ : Vous avez baptisé votre studio « Le Lupanar ». Que signifie ce mot ?
T.S. «Un lupanar, c’est le mot qu’un membre de ma famille utilisait pour désigner avec humour ma chambre d’adolescent et ma manière de vivre à l’époque. En gros, c’est un joyeux bordel, un endroit où l’on fait du bruit, un peu dans la veine des tableaux de Toulouse-Lautrec. Le logo du studio, d’inspiration Art Nouveau, fait également écho à l’univers de Toulouse-Lautrec et à cette façon épicurienne de vivre, de travailler ».
CCImag’ : Votre studio d’enregistrement, c’est donc aussi une philosophie à part entière, où les notions de temps et de plaisir sont centrales…
T.S. «C’est en effet comme ça que je conçois les choses. Un peu à l’image des micros que j’ai fabriqués. Ce sont des C12 vintage recréés, avec les meilleures pièces disponibles et l’aval technique d’un grand spécialiste, Gwyn Mathias. Ces micros sont au quart du prix d’un original. Même si ça m’a pris un an de les faire, le résultat est là. Puis, au-delà de l’économie, pour le studio comme pour le micro, faire les choses plus lentement me permet de mieux réfléchir à leur exécution».
Lupanar, studio d’enregistrement : Rue de Pousset, 2 à 4360 Oreye – thomas@lupanarstudio.com
https:/www.facebook.com/LeLupanar (photos de l’évolution du projet) – https://lupanarstudio.wordpress.com/
Interview : Vinciane Pinte
Interview : Vinciane Pinte