Le crowdfunding, qui permet à des porteurs de projets de tout bord de décrire leur projet sur un site Internet et de proposer aux internautes d’y investir leur argent, connaît un essor considérable.
Le 13 juin dernier, Crowd’in, une nouvelle plateforme de financement participatif portée par trois jeunes entrepreneurs wallons et appuyée par le programme Creative Wallonia lançait sa première campagne de projet, Cochon, une lampe conçue par TaBs Designers. À l’heure d’écrire ces lignes, après deux semaines de campagne, 2.255€ ont déjà été récoltés sur un objectif de 9.900€, un bon début. Le second projet est un court métrage « Le zombie au vélo », réalisé par Christophe Bourdon, chroniqueur dans les médias, journaliste et réalisateur. Ce court métrage, produit par les Films du Carré (une société de production implantée au Pôle Image de Liège), a levé quant à lui 3.075€ en douze jours sur un objectif de 5.000€. D’autres projets seront rapidement mis en ligne, tels qu’un livre de la photographe Laetitia Bica, le 2 scanner 3D mobile du RElab de Liège, l’album du lauréat du concours Franc’Off des Francofolies de Spa, un livre interactif pour enfant… bref, des initiatives de toutes sortes, avis aux porteurs de projets.
Quelles sont les particularités de Crowd’in ?
Crowd’in entend, tout d’abord, proposer une gamme complète de solutions de financement participatif :
- Une première solution s’adresse plutôt aux startups en croissance. Lorsqu’un business angel ou tout autre investisseur professionnel investit dans le capital d’une startup, si celle-ci a besoin d’un tour de table supplémentaire pour développer son activité, Crowd’in propose un financement complémentaire via un prêt participatif structuré : les particuliers désirant investir leur argent sur le projet de cette startup vont lui prêter une somme ne dépassant pas mille euros. En fonction des prévisions de l’investisseur professionnel, la jeune entreprise remboursera le montant avec une plus-value au rendement variable mais pouvant être conséquente, ce qui devrait séduire les investisseurs, biens conscients qu’ils peuvent tout aussi bien perdre leur mise si l’entreprise venait à faire faillite. Actuellement, la législation en Belgique prévoit que les particuliers ne peuvent investir plus de 1.000€ chacun dans une offre publique de valeurs mobilières – entendez par là, toute entreprise qui souhaite lever des fonds en émettant des actions ou des obligations. Le montant maximum que peuvent emprunter les entreprises lors d’un appel public à l’épargne sur une plateforme de crowdfunding – qui était de 100.000€ – vient d’être augmenté à 300.000€. De nombreux investisseurs professionnels en Wallonie ont déjà marqué leur intérêt de collaborer avec Crowd’in selon cette méthode : Meusinvest, Be Angels, le Lean Fund de Louvain-la-Neuve, le futur VentureLab d’HEC Liège, pourraient ainsi prochainement tenter cette nouvelle expérience.
- Une seconde formule consiste en du prêt participatif classique, sans adossement à un investisseur professionnel, qui offrira un rendement fixe calculé à l’avance. Cette solution s’adresse à des entreprises à un stade de vie plus avancé, à même de rembourser les capitaux qui leur sont prêtés. Crowd’in effectue alors au préalable un audit sur les capacités de remboursement de ces entreprises avant de lancer la campagne et de déterminer un taux d’intérêt.
- Une troisième solution de financement est le Reward ou « don avec contrepartie » : vous choisissez d’investir de l’argent dans un projet pour lequel le retour n’est pas financier mais bien matériel et affectif, puisque non seulement vous aidez une initiative qui vous séduit mais en plus, vous êtes récompensés de votre contribution par l’acquisition du produit lui-même ou de contreparties proportionnelles à votre contribution (par exemple, si vous donnez 25 euros pour la réalisation d’un film, vous recevez une place de cinéma et un t-shirt. Si vous donnez 200 euros, vous aurez droit à la place de cinéma, au t-shirt, à une rencontre avec les acteurs et à votre nom au générique).
- Une quatrième possibilité, le don pur et simple, est plutôt destinée aux porteurs de projets humanitaires ou sociaux. Dans ce cas, aucune contrepartie matérielle n’est prévue.
La seconde particularité de Crowd’in est que la plateforme web se présente comme un espace collaboratif : Crowd’in ambitionne d’être un lieu unique dédié à la co-création, une sorte de réseau social de fertilisation de projets. L’outil web qui a été développé a pour but de générer une dynamique créative en proposant aux investisseurs/contributeurs d’apporter des fonds au projet (via le crowdfunding) mais également des connaissances, de l’expertise (via le crowdsourcing). De plus, Crowd’in propose une valeur ajoutée complémentaire : le crowdacting ou l’action collaborative.
Troisième particularité, lorsqu’un porteur de projet fait appel à Crowd’in, il peut compter sur un encadrement pour l’élaboration de sa campagne puisque l’équipe intègre de solides compétences en finances, en communication et création de contenu. Et ce n’est pas tout puisque Crowd’in a mis en place une stratégie de partenariats sectoriels lui permettant d’analyser les projets en amont et les orienter si nécessaire vers un opérateur de l’animation économique spécialisé dans son secteur et pouvant l’aider à atteindre le degré de maturité nécessaire au lancement d’une campagne de crowdfunding. Par exemple, dans le secteur du cinéma, le Pôle Image de Liège et Wallimage ont marqué leur accord pour poser un regard avisé sur les projets soumis à Crowd’in dans ce domaine. Nous proposons aussi, après la levée de fond, une guidance vers les opérateurs économiques les mieux à même d’accompagner les porteurs de projet dans la gestion des fonds récoltés.