Wallonie

L’économie circulaire ou le mouvement (presque) perpétuel

3 Minute(s) de lecture

 

  • Réindustrialiser la Wallonie, oui mais comment ?
  • Une réponse : l’économie circulaire ou le recyclage de plus en plus sophistiqué et à grande échelle de métaux déjà utilisés 
  • À Liège, un pôle innovant s’est constitué

A la fin de tous ses discours,Caton l’Ancien disait aux sénateurs romains : « Il faut détruire Carthage ! ». Aujourd’hui, tous les responsables régionaux répètent à qui veut l’entendre : « Il faut réindustrialiser la Wallonie ! » Mais comment ? Deux cents acteurs économiques et scientifiques wallons réunis en septembre 2013 ont entamé une réflexion sur la stratégie de relance de la Wallonie.

Point de mire : les matières premières
Parmi eux, un atelier d’une vingtaine de spécialistes s’est penché sur la question des matières premières, de plus en plus difficiles à trouver et ce, pour deux raisons : les gisements s’appauvrissent et, de plus, ils sont devenus très souvent la chasse gardée des grandes nations. Un exemple : les « terres rares », ces 17 métaux qui entrent dans la fabrication des téléphones portables, des disques durs, des pots catalytiques ou encore des moteurs électriques, et dont 95 % de la production est contrôlée par la Chine !
Une des réponses, c’est l’économie circulaire, en d’autres mots le recyclage de plus en plus sophistiqué et à grande échelle des métaux déjà utilisés. Jacques Pèlerin, président du comité exécutif du GRE (Groupement pour le redéploiement économique), explique : « C’est ce qu’on appelle les « gisements urbains ». Ces métaux se trouvent dans les produits finis de notre vie quotidienne – voitures, appareils électroménagers, ordinateurs etc…-, dans les recyparks ou encore dans les vieux sites industriels pollués. L’approvisionnement en matières premières est une priorité de l’Union européenne et la Wallonie, plaque tournante logistique par excellence, est particulièrement bien située. »

Des entreprises expérimentées
La Wallonie peut aussi compter sur des sociétés expérimentées dans le secteur, telles que Comet Traitement dans le Hainaut ou Hydrométal à Engis, spécialisées dans la récupération des métaux non ferreux, aluminium, cuivre ou zinc. « Mais, poursuit Jacques Pèlerin, il faut encore affiner le recyclage par le développe- ment de nouvelles techniques toujours plus performantes, « il faut faire la course en tête » afin d’arriver au-delà du taux actuel de 90 à 95 % de matières recyclées et d’améliorer la récupération des métaux les plus précieux tels le cobalt, le chrome ou le nickel. »

Le développement de l’économie circulaire est un des axes prioritaires du gouvernement wallon. A Liège, où il existe une vraie base de savoir-faire technologique et scientifique, une plateforme s’est constituée autour du Centre de Recherches Métallurgiques et du service du professeur Pirard de l’ULg afin de susciter des investissements importants, tant au niveau industriel qu’en recherche et développement. «Au départ de ce pôle innovant, un consortium d’industriels (Comet Traitement, Hydrométal, Citius, Carmeuse, Maréchal-Kétin, Magotteaux, ndlr), d’universités et de centres de recherches (ULg, Laboratoire GEMME, Génie Minéral, CRM, Centre de la terre et de la pierre) s’est constitué pour créer la SCRL Reverse Metallurgy (la « métallurgie à l’envers ») avec un apport important de 41,5 millions € du gouvernement wallon auxquels s’ajouteront 25 millions € de fonds européens et d’investissements privés. Le projet est réalisé en lien avec le pôle de compétitivité Mecatech. » L’objectif de Reverse Metallurgy est de maximiser, par de nouvelles technologies, l’efficacité dans chacune des étapes du recyclage des métaux, qui ont cette particularité de pouvoir être réutilisés plusieurs fois sans perdre leurs qualités intrinsèques. Les investissements seront consacrés d’une part à la recherche et d’autre part à l’implantation, chez Hydrométal à Engis, d’un four électrique à très haute température qui sera à la disposition de tous les partenaires. Ce four permettra la fusion des déchets et la séparation des diffé- rents éléments chimiques qu’ils contiennent. Le démarrage de Reverse Metallurgy est imminent mais l’initiative a des ambitions beaucoup plus larges : la création de spin offs et de petites entreprises industrielles ou de recherches avec, à terme, plusieurs centaines d’emplois à la clé.

En Wallonie, on n’a plus de matières premières ? On va les fabriquer !

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