Wallonie

Les boulets de l’e-commerce belge

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Newpharma, élue meilleur site e-commerce de Belgique 2015, et BeCommerce pointent du doigt les derniers freins à l’avènement d’une véritable économie digitale. Complexité du marché, rigidité du droit du travail, trop peu d’initiatives nationale et régionale visant à améliorer l’éducation e-commerce et les capacités de financement figurent parmi les obstacles clés qui empêchent les web shops belges de faire face à une concurrence sans frontière toujours plus féroce.

54,2% des Belges ont fait au moins un achat en ligne au cours de l’année 2014, ce qui représente une hausse de 12,2% par rapport à 2013. Le potentiel de croissance de l’e-commerce en Belgique ne fait à présent plus aucun doute et nombreux sont les entrepreneurs qui franchissent le pas de la vente en ligne.

Malgré des performances légèrement supérieures à la moyenne européenne et de belles perspectives d’avenir, la progression du secteur ralentit dans notre pays. Une minorité d’acteurs belges, comme la pharmacie en ligne www.newpharma.be, parvient à tirer son épingle du jeu pour dépasser le cap symbolique des 50% de croissance annuelle et s’exporter à l’étranger tout en assurant leur rentabilité.

Un marché complexe mais prometteur
« La petite taille et mixité linguistique de la Belgique en font un marché complexe et peu attractif pour les e-commerçants » explique Mike Vandenhooft, CEO et co-fondateur de www.newpharma.be. « Il est difficile d’y pratiquer des économies d’échelles et les nouveaux entrants se retrouvent vite au tapis face aux tarifs affichés à l’international. Quand on sait que les consommateurs en ligne recherchent principalement des prix bas, il n’est pas étonnant de constater que plus d’un Belge sur trois se dirige vers des sites de vente étrangers.»

Et pourtant, une position au cœur de l’Europe ainsi qu’un personnel qualifié et multilingue font de la Belgique un endroit rêvé pour y installer un centre de distribution afin de desservir les pays limitrophes. « Il faut à tout prix miser sur nos forces et encourager l’entrepreneuriat ainsi que le développement à l’international de nos plateformes afin d’occuper et assumer notre place de choix sur le marché européen » précise Patricia Ceysens, Présidente de BeCommerce.

Pas de travail la nuit, les jours fériés et le dimanche
L’exode des consommateurs vers les sites internationaux ne s’explique pas simplement par la différence de prix, le manque de réactivité des web shops belges est également pointé du doigt. Et pour cause, le droit belge n’autorise pas plusieurs e-commerçants, dont Newpharma, à travailler après 20h, le weekend et les jours fériés. Des sites de vente faisant partie d’autres commissions paritaires peuvent, quant à eux, exercer leur activité à tout moment, moyennant cependant des coûts horaires revus à la hausse.

Une grande partie des e-commerces belges voient donc leurs délais de commandes allongés, à l’avantage de concurrents étrangers, parmi lesquels figurent les Néerlandais, qui peuvent assurer une prise en charge immédiate et une livraison dès le lendemain pour toute commande passée avant 23h59, et ce, même le dimanche. Ce qui explique, entre autres, le succès fulgurant de sites tels que Coolblue en Flandre.

Manque d’éducation e-commerce et frilosité des banques
Le faible taux de réussite des e-commerces belges résulte également d’un manque d’éducation des consommateurs comme des entrepreneurs et d’une faible prise de risque de la part des institutions bancaires. « Des grandes connaissances techniques, logistiques et marketing sont nécessaires pour assurer la mise en place et croissance d’un site de vente en ligne », souligne Mike Vandenhooft. « Aujourd’hui, il existe encore trop peu d’initiatives d’accompagnements pour les commerçants désireux de franchir le cap. » Ce manque de soutien et de prise de risque est également présent du côté des institutions bancaires puisque, dans l’ensemble, disposer d’une situation économique favorable figure parmi les nombreux prérequis pour espérer obtenir un financement.

Le manque d’éducation des consommateurs se confirme quant à lui au travers des statistiques car à peine plus de la moitié des Belges (54,2%) affirment être des ‘e-shoppers’ contre 66% des Français et 92% des Néerlandais(2).

Vers un mieux
« Heureusement, le Fédéral ainsi que le Régional semblent tous deux avoir pris pleinement conscience du retard de notre pays et de nombreux projets visant à booster l’e-commerce belge voient désormais le jour, à l’image de la plateforme ‘Digital Belgium’ récemment mise sur pied par Alexander De Croo » explique Patricia Ceysens.
« La digitalisation de secteurs tels que celui de la santé avec l’obligation prochaine des prescriptions électroniques facilite et encourage aussi le développement de solutions en ligne comme celle que nous proposons » ajoute Mike Vandenhooft. « Même si les initiatives se multiplient et que plusieurs négociations sont en cours, des efforts politiques, financiers et structurels doivent être urgemment mis en place afin de ne pas laisser les e-commerçants belges sur le carreau face à une concurrence mieux armée et plus audacieuse.»

 

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Publication par communiqué de presse.
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