Cette année, l’industrie technologique belge aura créé 3 000 nouveaux emplois, soit le double de ce qui était prévu. L’année 2017 devrait aussi être synonyme de croissance de l’emploi, précise Agoria, la fédération de l’industrie technologique. « Les mesures gouvernementales visant une modération salariale portent leurs fruits », déclare Marc Lambotte, CEO d’Agoria. « Pour la première fois depuis 2008, nous sommes parvenus à rétablir nos parts de marché au niveau européen et nos exportations atteignent des sommets. La preuve que les produits et services belges deviennent de plus en plus compétitifs. » Résultat, les entreprises technologiques recommencent à investir dans notre pays et génèrent à nouveau de l’emploi. « En dépit du drame de Caterpillar, nous prévoyons 10 000 nouveaux emplois à l’horizon 2020. »
Une bonne nouvelle pour les entreprises technologiques de notre pays : après des années marquées par de nombreux licenciements dans l’industrie, 2015 semble avoir marqué un tournant. Le nombre d’emplois s’est stabilisé. Et en 2016, il est apparu clairement que l’industrie technologique belge, très axée sur l’exportation, a réalisé d’excellentes performances. « En 2015, nous avons jeté les bases de la reprise économique : des bases pour plus d’investissements, mais surtout plus d’emplois », ajoute le CEO d’Agoria
Les exportations atteignent un niveau record
En 2008, la part de marché des entreprises technologiques belges au sein du commerce européen s’élevait encore à plus de six pour cent. Elle n’a ensuite fait que se réduire d’année en année, atteignant 5,33 % en 2015. En 2016, on a observé une fragile reprise à 5,4 %, et Agoria table sur une part de marché de 5,65 % en 2017. « Nos coûts élevés nous ont littéralement exclus du marché. Mettre un terme au handicap salarial est la seule façon de relancer nos exportations et de générer à nouveau de la croissance en Belgique. »
Plus d’investissements
La confiance en notre pays se rétablit, comme en attestent notamment les investissements réalisés dans l’industrie technologique. En 2016, ces derniers ont bondi de 5 pour cent, poussés par des investissements encore plus importants dans l’industrie automobile. Et l’on s’attend à ce qu’en 2017, les investissements augmentent dans tous les secteurs, représentant ensemble une progression de 4 %. « Une entreprise qui investit résiste mieux aux restructurations. Les investissements représentent en quelque sorte les emplois de demain. »
Plus d’emplois
En termes nets, 3 000 emplois supplémentaires ont été créés dans l’industrie technologique en 2016. Et il devrait au moins y en avoir 400 de plus l’an prochain. « Normalement, nous aurions dû générer bien plus d’emplois en 2017, s’il n’y avait pas eu le drame de Caterpillar. Mais si la reconversion chez Caterpillar s’effectue correctement, nous pourrons créer encore plus d’emplois. La numérisation de notre économie et la conjoncture favorable dans le secteur de la construction restent les principaux moteurs de la création d’emplois.
Ne perdons pas de vue, cependant, que cette reprise économique est encore trop fragile. L’économie mondiale tourne au ralenti. Même les secteurs européens de la construction et de l’industrie progressent très lentement. Sans compter que trois dangers planent sur notre propre pays…
Danger n°1 : la loi de 1996 ne dit rien du handicap salarial historique
La politique de modération salariale introduite par le gouvernement porte ses fruits. Mais ce n’est qu’une première étape, met en garde Marc Lambotte. « La reprise est fragile. Pour réaliser une croissance durable, il est nécessaire de prendre des mesures supplémentaires. Certains prétendent que notre handicap salarial a déjà complètement disparu, passant ainsi sous silence le handicap salarial historique de notre pays. Nous espérons qu’ils ne se baseront pas abusivement sur la loi de 1996 pour lancer dans un AR que le handicap a été résorbé. Nous devons impérativement poursuivre nos efforts pour améliorer notre compétitivité. Sinon, notre part de marché se détériorera de nouveau très vite. »
Danger n°2 : le handicap fiscal augmente
Une deuxième menace pèse sur la croissance : le fait que le handicap salarial puisse céder la place à un handicap fiscal de plus grande ampleur. Force est de constater que la pression fiscale réelle sur les sociétés augmente de nouveau. « Compte tenu de la faiblesse des taux, les sociétés recourent de moins en moins à la déduction des intérêts notionnels. Or, la pression fiscale sur nos entreprises ne cessera de s’accroître dans les années à venir, sous l’effet de l’UE qui prend pour cible certains postes déductibles belges. Autant de raisons pour lesquelles il est urgent de réformer notre système fiscal. Voilà pourquoi nous plaidons pour une simplification de la fiscalité des entreprises. »
Agoria préconise de faire passer à vingt pour cent l’impôt des sociétés pour toutes les entreprises. « Simplifions le système et supprimons la plupart des postes déductibles. On pourrait aussi envisager de limiter le système de déduction des intérêts notionnels. Par contre, ce à quoi il ne faut surtout pas toucher, ce sont les incitants financiers en faveur de la recherche et du développement, et les investissements (amortissement des pertes). »
Danger n°3 : les actions syndicales mettent les investissements en péril
Agoria s’inquiète de la surenchère entre syndicats. « Nous espérons que les syndicats ne poursuivent pas leurs actions pour des raisons politiques. Nous avons été très surpris d’apprendre que les grèves de vendredi sont également menées contre les employeurs. Ce n’est jamais une bonne idée de faire grève contre sa propre entreprise et donc son propre emploi. De plus, cela mine la confiance des entrepreneurs et des investisseurs étrangers. »
« Nous devons tout mettre en œuvre pour que la reprise économique cesse d’être fragile et devienne durable. Cela passe par une réforme de la loi de 1996 afin qu’elle tienne compte du handicap salarial historique d’avant 1996. Cela passe aussi par une réforme de l’impôt des sociétés synonyme de durabilité et de sécurité. Une opération qui peut être neutre en termes de budget. Et cela implique également que les syndicats arrêtent d’effrayer les entrepreneurs et les investisseurs. Ainsi, entre 2015 et 2020, nos secteurs pourront créer 10 000 nouveaux emplois », conclut Marc Lambotte.