Pour la première fois, des géologues de l’Université de Liège ont pu déterminer la nature des minéraux présents à la surface de la planète Mercure. Leur étude, publiée cette semaine dans la revue Nature Geoscience, s’appuie sur des expériences menées en laboratoire à des températures extrêmes visant à reconstituer les conditions observées lors de la cristallisation des magmas. La minéralogie des roches à la surface des planètes est un excellent indicateur de l’origine et de l’évolution des planètes depuis les origines du système solaire.
Entre 2011 et 2015, la sonde Messenger envoyée par la NASA a orbité autour de Mercure – une des quatre planètes telluriques de notre système solaire – et a récolté des dizaines de milliers de mesures physico-chimiques de la croûte de Mercure. C’est à partir de ces mesures qu’Olivier Namur et Bernard Charlier, chercheurs au F.R.S.-FNRS, ont pu reproduire dans leur nouveau laboratoire de pétrologie expérimentale à l’ULg, au moyen d’équipements uniques en Belgique, des échantillons de magmas de Mercure.
Leurs conclusions permettent de mieux comprendre la minéralogie de Mercure, qui restait une énigme, et plus globalement l’évolution de cette planète. La croûte de Mercure est d’origine magmatique, produite par des laves issues du manteau entre 4,2 et 3,5 milliards d’années. Dans leur étude, les deux chercheurs ont pu définir différentes régions dans l’hémisphère nord de Mercure, chacune caractérisée par une minéralogie spécifique.
Leur découverte majeure est le lien entre l’âge de ces régions et la minéralogie des laves à leur surface, qui démontre le rôle majeur de l’évolution thermique de Mercure sur son histoire volcanique. L’activité magmatique sur Mercure s’est interrompue de manière précoce il y a 3,5 milliards d’années, ce qui fait d’elle la planète tellurique qui a refroidi le plus rapidement dans notre système solaire.