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UberizeME : économie collaborative, entre réalités et fantasmes

3 Minute(s) de lecture

L’an dernier, Christophe Charlot s’est lancé dans une expérience qui a fait grand bruit. Un mois durant, ce journaliste du magazine Trends-Tendances a tenté de gagner sa vie en cumulant les mini-jobs du Web. Fort de cette immersion au cœur de l’économie collaborative, il publie aujourd’hui un ouvrage dédié à cette nouvelle donne socio- économique. Un récit où menaces et promesses se côtoient.

Revenons tout d’abord sur l’expérience que vous avez menée en 2016…
C.C. :
“Baptisée UberizeME, cette expérience journalistique avait pour ambition de vérifier s’il était possible de gagner sa vie sur les plateformes d’économie collaborative telles que Menu Next Door, ListMinut ou Airbnb. Tour à tour, je me suis donc glissé dans la peau d’un hôtelier, d’un cuisinier ou d’un jardinier. Mon objectif était de percevoir 2.500 € bruts en un mois. Au final, après avoir presté 135 heures, j’ai empoché 2.124 € bruts.”

Une expérience plus difficile qu’imaginée ?
C.C.
: “L’une des difficultés majeures a  assurément résidé dans le fait que, sur certaines plateformes, il n’y avait pas beaucoup de travail. J’ai ainsi déployé beaucoup d’énergie pour dégoter 7 missions, seulement, de jardinage. Bien évidemment, j’ai poussé le concept à l’extrême en me lançant, en même temps, sur tous les fronts. Le constat est néanmoins sans appel : vivre exclusivement de l’économie collaborative n’est pas facile.”

Qui sont les clients de ces plateformes ? Des bobos citadins ?
C.C. :
“Pas seulement. J’ai eu affaire à une clientèle très variée tout autant composée de jeunes branchés que de personnes âgées.”

Vous avez, notamment, travaillé comme cuisinier sans afficher de références en la matière : interpellant ?
C.C. :
“Je ne pense pas. Les prestataires ont heureusement tendance à proposer des services pour lesquels ils affichent certaines aptitudes. Ainsi, il ne me serait pas venu à l’esprit de me porter candidat pour des travaux d’électricité ou de plomberie (rires). La notation des utilisateurs agit, parallèlement, comme un garde-fou. N’oublions pas, enfin, que les personnes qui font appel à ces plateformes savent qu’elles ne se tournent pas vers des professionnels, raison pour laquelle elles paient le service moins cher.”

Le principe de notation est l’une des essences de cette économie collaborative. Y avez-vous été exposé ?
C.C. :
“Oui, et je dois bien avouer que cela peut parfois être mal vécu. J’ai notamment en mémoire un commentaire laissé par une personne qui a occupé ma maison au travers d’Airbnb. A mon sens, sa critique  traduisait une certaine mauvaise foi. Mais bon, c’est le jeu… Même s’il n’est pas sans failles, ce système de notation encourage les prestataires à proposer des services de qualité et à s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue.”

Après avoir été relayée dans Trends-Tendances et au travers d’une Web série, votre enquête prend aujourd’hui la forme d’un livre*. L’occasion de prendre plus de hauteur ?
C.C. :
“J’aspirais effectivement à quitter le champ de l’actualité pour approfondir plus encore le sujet. Outre un retour sur l’enquête, je me suis employé à expliquer les différences existant entre économie collaborative et ubérisation. Je me suis également penché sur le phénomène plus large de la transformation digitale et les multiples questions – parfois surprenantes – qu’elle soulève : serons-nous bientôt remplacés par des robots ? La techno-médecine nous permettra-t-elle de vivre 200 ans ?  Google trouvera-t-il un remède contre le cancer ?”

L’économie collaborative est-elle réellement quelque chose de neuf ?
C.C.
: “Le partage ou l’échange de biens et services entre particuliers n’est pas quelque chose de récent, loin s’en faut. Mais l’avènement de plateformes technologiques a donné à cette pratique une ampleur sans précédent.”

Est-elle une lame de fond ?
C.C. :
“On a beau en parler énormément, l’économie collaborative demeure à ce jour un phénomène limité. Attention, je ne dis pas qu’il s’agit d’un feu de paille. Les outils de mise en relations entre particuliers vont se développer, mais sans pour autant remplacer complètement les acteurs traditionnels du marché.”

Cette évolution passera par une nécessaire régulation ?
C.C. :
“Inévitablement. La loi du Ministre De Croo prévoyant un régime fiscal spécifique pour les revenus issus de l’économie collaborative constitue une première avancée en ce sens.”

 Plus d’infos : www.uberizeme.be

 *CHARLOT C., UberizeME, l’économie collaborative entre promesses et mensonges, Racine, 2016.

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Rédactrice en chef (Liège-Namur)
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