Après le lancement du CubeSat OUFTI-1 le 25 avril 2016, l’Université de Liège poursuit sa stratégie de déploiement de projets de nanosatellites, d’une part avec la construction d’un nouveau CubeSat à vocation pédagogique, OUFTI-2, d’autre part avec le projet de conception – en partenariat avec les entreprises du pôle wallon SKYWIN – d’une constellation de CubeSats dédiés à l’observation de la Terre.
Sur la base de l’expérience acquise avec OUFTI-1 – et bien que le nanosatellite soit devenu silencieux 12 jours après sa mise en orbite -, l’équipe de l’ULg a relancé rapidement un projet éducatif conservant la même taille, un CubeSat de 10 cm de côté, et la même mission primaire, à savoir un relais de télécommunications radioamateurs de type D-STAR dans l’espace. OUFTI-2 comportera aussi deux nouvelles charges utiles secondaires scientifiques, la première évaluant des systèmes de blindage protégeant les circuits électriques des effets ionisants de l’espace, la deuxième récoltant des mesures inertielles et magnétiques afin de mieux déterminer l’attitude du satellite.
Une nouvelle équipe d’étudiants ingénieurs et informaticiens de l’Université de Liège et de la Haute Ecole de la Province de Liège travaille depuis plusieurs mois à la conception du CubeSat OUFTI-2. La construction est bien avancée, la première version du logiciel de bord est quasi terminée et l’équipe a commencé à remplir les formalités pour l’attribution des fréquences radios aux niveaux belge et international. Le nanosatellite sera « prêt pour l’espace » fin de cette année, début 2018 au plus tard.
L’équipe liégeoise a soumis son nouveau projet au programme Fly Your Satellite ! (FYS) de l’ESA, qui avait accueilli OUFTI-1 et permis à celui-ci d’être lancé le 25 avril 2016 depuis Kourou, avec deux autres CubeSats éducatifs européens, par une fusée Soyouz. OUFTI-2 a passé avec succès les étapes de présélection à l’ESA mais l’Agence spatiale européenne a donné priorité à des projets non encore soutenus par le programme FYS. Le projet OUFTI-2 se déroulera donc en-dehors du programme FYS 2017, ce qui offre l’avantage d’une procédure de développement simplifiée et plus adaptée aux nanosatellites. L’équipe OUFTI-2 vise désormais un lancement à partir de la Station Spatiale Internationale (ISS).
OUFTI-NEXT & Constellation wallonne de CubeSats
En parallèle au projet éducatif OUFTI-2, l’Université de Liège travaille au déploiement d’une constellation satellitaire d’observation de la Terre utilisant des micro satellites. Les études de faisabilité et de marché sollicitées par le Gouvernement wallon ont montré la pertinence économique de ce type de constellation de nanosatellites chacun équipé d’un imageur hyperspectral (afin d’observer dans les domaines optiques infrarouge et visible).
Ce projet de plateforme hyperspectrale wallonne a suscité l’intérêt des entreprises du Pôle SKYWIN. Il est entré dans une phase de définition par plusieurs industriels wallons appuyés par l’expertise et les innovations issues de la recherche à l’ULg. Cette constellation permettrait de récolter des données utiles à l’étude et à l’évolution de la végétation et des océans.
Poursuivant la réflexion, l’ULg a plus particulièrement développé l’idée d’une mission de suivi de l’irrigation en agriculture. Une étude de faisabilité d’un nanosatellite de 3 litres (un triple CubeSat), baptisé OUFTI-NEXT, est actuellement réalisée à l’ULg et au Centre Spatial de Liège (CSL). L’observation des champs irrigués dans l’infrarouge permettrait de mesurer la température de surface des champs, ce qui permettrait in fine de déterminer les périodes de stress hydrique et de prendre les mesures préventives voulues en matière d’irrigation. Ce satellite s’inscrirait en parfaite complémentarité avec la plateforme hyperspectrale wallonne et permettrait à l’ULg de développer des activités innovantes et valorisables dans l’industrie spatiale.
« L’ULg est en train d’exécuter un plan d’action ambitieux dans le domaine de la construction de petits satellites de type CubeSat, qui lui permet de continuer à innover en matière de construction et de contrôle de satellites, de développement d’algorithmes et de traitement de données, de génération de nouveaux résultats scientifiques, tout en couvrant les aspects éducatifs, techniques, scientifiques et commerciaux du domaine spatial, qui est depuis les années 50 une spécificité bien liégeoise », se félicite le professeur Jacques Verly, qui a initié les activités de type nanosatellites à l’Université de Liège il y a dix ans.
« Cette stratégie se développe idéalement en parallèle avec le choix de l’ESA d’installer son Training & Learning Center à Redu dans les Ardennes belges. C’est là que l’ESA compte développer son cursus de formation d’étudiants de l’Union Européenne à la conception de nanosatellites. C’est là aussi que l’ESA est en train de construire ses installations de tests de CubeSats. L’ULg dispose donc de tous les atouts voulus pour continuer à être un acteur majeur en Europe dans le domaine des nanosatellites, et ceci confirme la pertinence des choix opérés dans notre université, dans la ligne de ceux de l’Université de Stanford quelques années auparavant », souligne le recteur Albert Corhay.