Quelque 200.000 indépendants en Wallonie et à Bruxelles travaillent seuls. Quarante pour cent d’entre eux envisagent, dans les trois ans, d’employer au moins trois personnes. L’UCM et l’Université de Namur ont examiné, ensemble*, les ressorts de cette intention de croître.
Les conclusions de l’enquête surprennent sur plusieurs points. Si les femmes sont moins nombreuses dans l’échantillon, leur intention de croître (38 %) est égale à celle des hommes (39 %). C’est dans les secteurs plutôt traditionnels du commerce et de la construction que l’intention d’embauche est la plus importante. C’est aussi dans les entreprises qui existent depuis plus de vingt ans ! C’est d’ailleurs entre 30 et 54 ans que les indépendants en solo affichent le plus d’ambition.
De plus, l’étude indique que les études scientifiques sont un facteur positif. On constate également des variations géographiques importantes : dans le Brabant wallon, près de 70 % des indépendants sont prêts à passer à la vitesse supérieure.
Dans l’enquête, une constatation va carrément à l’encontre de la théorie habituelle sur la croissance des micro-entreprises. Il n’y a pas de corrélation significative entre le fait de voir des opportunités à saisir et l’envie d’embaucher. Il y a par contre une forte corrélation entre le fait de se déclarer “passionné” par son métier et l’ambition de grandir.
Pour la croissance économique wallonne et la résorption du chômage, il y a un intérêt évident à ce que la plus grande partie des quelque 40 % d’indépendants qui envisagent d’embaucher passent à l’acte.
L’enquête montre qu’il ne faut pas se focaliser sur les jeunes starters dans des activités innovantes. Un important potentiel existe dans les secteurs traditionnels et auprès de personnes en activité depuis de nombreuses années. Cela implique de faciliter l’embauche, au-delà de la mise à zéro des cotisations sur le premier emploi, en réduisant la charge administrative et en fournissant un accompagnement de qualité.
Il est aussi important de travailler l’esprit d’entreprendre dès les études puisque la passion est un élément déterminant. L’entrepreneuriat, dans les très petites structures, est avant tout une affaire d’hommes et de femmes.
* Un accord de collaboration a été signé entre le service d’études de l’UCM et la Chaire d’excellence pour la recherche et l’expertise en entrepreneuriat (Cheree) de l’Université de Namur. L’objectif est de mieux connaître le monde des indépendants et des PME en joignant l’expérience pratique de l’UCM et les connaissances académiques de la Cheree. L’étude sur les indépendants travaillant seuls – une catégorie souvent oubliée – est une première du genre.