Qu’est-ce qui, en Belgique, attire les investisseurs étrangers et qu’est-ce qui les repousse ? Quels sont les efforts à consentir pour encore nous améliorer ? Voici, en substance, quelques-unes des questions posées par EY (Ernst & Young) lors de son grand baromètre annuel. Et celui-ci révèle une information positive : nous restons très intéressants pour les investisseurs directs étrangers (IDE) puisque nous maintenons notre 5e place dans le top 5 des pays européens.
Comment se calcule ce classement ? Tout simplement par le nombre d’investissements. L’an dernier, la Belgique totalisait 267 projets d’investissements contre 486 pour l’Espagne, 971 pour l’Allemagne, 1.109 pour le Royaume-Uni, et 1.197 pour la France, grande gagnante de ce classement.
Toutes proportions gardées, cette 5e place est très honorable. Et ce qui attire les IDE chez nous c’est avant tout la qualité de notre main-d’œuvre et notre culture entrepreneuriale. La taille du marché intérieur de la Belgique et les écosystèmes d’entreprises que l’on retrouve dans notre pays sont les autres arguments attrayants. S’y ajoute notre position géographique : la Belgique est au centre de l’Europe, à proximité des grandes structures européennes, ce qui constitue un atout important.
Les investisseurs et le COVID
Ne nous mentons pas, l’année 2018 a été, pour la Belgique, une année record : 278 projets (contre 267 en 2019) mais la crise du Covid-19 s’est ensuite invitée à la fête. Elle ne nous a pas empêchés de maintenir notre cap, mais elle a légèrement refroidi la motivation, poussant les investisseurs à se montrer un rien plus circonspects.
Mais à quelque chose malheur est bon, dit le proverbe, et ces quelques turbulences ont aussi généré une réalité, en révélant notre aptitude face aux défis du numérique qui est, plus que jamais, une évidence. Certes nous sommes plutôt performants dans ce domaine… mais pas assez. Au travers des réponses de ce baromètre, les IDE nous envoient un petit message, comme un signal : nous avons envie d’investir chez vous, pour plein de bonnes raisons, mais il faudrait vous améliorer sur certains secteurs : le numérique, l’IA, la robotique : « Si nous tirons les leçons de ce rapport et que nous les utilisons correctement, nous serons en mesure de saisir les opportunités de croissance future », ajoute Patrick Rottiers, le CEO d’EY Belgique. « Un simple exemple : le fait que les investisseurs insistent sur le manque de compétences en Belgique dans le domaine de l’IA et de la robotique, tout en désignant l’économie numérique comme l’un des premiers secteurs à tirer la future croissance belge, démontre qu’il y a certains signaux qu’on ne peut ignorer ». En bref : nous devons nous-mêmes investir pour améliorer nos connaissances et notre expertise en la matière, car cela participera grandement à la croissance du pays. Même conclusion pour les technologies propres qui représentent d’ailleurs le secteur le plus attrayant pour les IDE. Toute entreprise dont la vocation sera d’innover pour créer un modèle commercial neutre en carbone attirera fortement les investisseurs.
Les efforts à faire
Mais une chose est d’attirer les investisseurs étrangers et une autre de les garder, et s’il y a bien une chose qui les effraie, c’est le niveau et la complexité de la fiscalité en Belgique. Il s’agit désormais du plus grand risque pour l’attractivité de la Belgique, devançant ainsi le coût de la main d’œuvre et l’instabilité politique, réglementaire, et administrative.
Et c’est en ce sens qu’EY formule l’une de ses recommandations : si nous voulons rester attractifs, nous devons encore faire baisser le taux d’imposition – actuellement de 25% – pour l’amener à 20%. Un climat politique et social stable, une simplification du système et de toutes les procédures administratives : ce sont ces choses sur lesquelles les différentes instances de notre pays doivent aussi se pencher pour s’assurer la confiance des investisseurs.
Infos : www.ey.com/be/attractiveness