Pour son trentième anniversaire, la SPAQuE aura été servie ! Les inondations de juillet n’ont pas été sans conséquence. Pas de fête par respect pour les victimes, mais à la place, une mission importante, confiée par le Gouvernement wallon : l’évacuation et le traitement des tonnes de déchets engendrées par la catastrophe. Un budget de 42 millions.
Dans ce cadre, la SPAQuE s’est vu confier une triple mission :
– L’organisation de l’évacuation et du stockage des déchets (35 millions) vers trois sites : la bretelle d’autoroute désafectée de Vottem, où arrivent encore chaque jour une quarantaine de camions, le site de l’ancien charbonnage de Wérihet à Wandre, aujourd’hui vidé, et un terrain situé à Hermalle-sous-Huy. Un marché portant sur 100.000 tonnes de détritus a été conclu en vue de leur acheminement vers des centres de tri puis les filières de récupération, recyclage ou production d’énergie par incinération.
– L’assainissement des terrains non bâtis (2 millions), principalement des jardins privés et des parcs pollués par des hydrocarbures dont il faut racler les terres. La Spaque prend en charge le coût des opérations au-delà des interventions des compagnies d’assurance.
– La gestion d’un budget de 5 millions destiné à couvrir les surcoûts que les inondations ont provoqués pour les communes. 209 sont concernées, surtout dans les provinces de Liège et Luxembourg.
« Depuis la catastrophe, une task force se réunit chaque semaine pour faire le point de la situation et examiner les dossiers », explique Caroline Charlier, porte-parole.
Mellery, le déclic
La création de la SPAQuE (Société publique d’aide à la qualité de l’environnement) remonte à 1991 et à la saga de la fameuse décharge de Mellery. Face à l’ampleur du problème, le ministre wallon de l’environnement, Guy Lutgen, a décidé de créer un organisme public dont le rôle a été étendu à toutes les décharges.
A partir de 2001, le gouvernement wallon a élargi le champ d’action de la SPAQuE qui, en plus des décharges, assume l’assainissement des terrains industriels désaffectés. Bon an mal an, c’est un budget d’une quarantaine de millions, y compris les aides FEDER, qui est consacré à la réhabilitation des friches industrielles wallonnes. Aujourd’hui, on estime leur nombre à + ou – 5000. L’héritage d’un long et riche passé.
Chertal, hauts-fourneaux, Carsid
A ce propos, le Gouvernement wallon a confié en mission déléguée à la Sogepa, dont la SPAQuE est une filiale, la mise en route du master plan 2024. Son objectif : l’acquisition, l’assainissement et le rédéploiement économique de 400 ha de friches sidérurgiques : 300 ha, propriété d’ArcelorMittal, à Chertal et à Seraing sur les sites des hauts-fourneaux et de la cockerie, et 100 ha de Carsid à Charleroi, propriété de la société Duferco.
La reconversion industrielle de ces terrains répond à une volonté de préserver désormais drastiquement les surfaces dévolues à l’agriculture.
« Reconstruire la ville sur la ville et l’industrie sur l’industrie », comme dit Stéphanie Stévenart, détachée de la SPAQuE au sein de la Sogepa.
La reconversion devra se réaliser selon des critères bien précis. Le but est de créer des activités qui apporteront de la valeur ajoutée et donc de l’emploi dans un écosystème cohérent tourné vers le futur. Le choix se portera prioritairement sur des entreprises non délocalisables et privilégiant l’économie circulaire. Le master plan envisage notamment la production d’énergies renouvelables et même d’hydrogène.
Dans un second temps, les sites d’ArcelorMittal à Marchin et de Duferco à La Louvière seront aussi réhabilités.
Négociations de rachat, évaluation du coût de la dépollution des sols, assainsissement et aménagement des terrains, beaucoup d’eau passera encore sous les ponts de la Meuse et de la Sambre mais le gouvernement wallon veut absolument des avancées d’ici 2024.
Pas de doute, la SPAQuE ne chômera pas dans les prochaines années !