Confectionner des vêtements 100 % made in Wallonia, et si c’était possible ? C’est en tout cas l’idée qu’a eue Antoine Giansante en 2020 de créer, avec une amie styliste, une marque de vêtements en relocalisant le textile.
Doté d’un master en sciences de gestion, il crée un groupe Facebook pour en vérifier la pertinence. « Au bout de trois mois, le groupe comptait déjà 5 000 personnes, aujourd’hui 25 000 sur l’ensemble de nos réseaux » commente-t-il. « Cela m’a conforté dans l’idée que des gens étaient prêts à acheter des vêtements belges. Nous avons décidé de lancer une première collection complète au printemps 2021.»
Après un crowdfunding efficace, 180 vêtements sont vendus en un mois et demi. « Mais après avoir honoré nos premières ventes, pendant un an, cela a été beaucoup plus calme.»
Avec des ETA
Et il n’est pas évident de produire des vêtements en Belgique. « Il n’existait plus d’atelier de confection en série de prêt-à-porter en Wallonie. Nous avons commencé avec une ETA (Entreprise de travail adapté) à Philippeville, aujourd’hui nous travaillons avec deux autres en Wallonie.»
Au fur et à mesure de l’augmentation des volumes, l’ambition est de continuer à identifier des ateliers en Wallonie susceptibles d’adapter leurs compétences de couture à la création de prêt-à-porter. Le textile est acheté dans le nord de la France où il est tricoté et teinté. « Si ce mélange provient d’un peu partout, nous avons choisi la certification la plus stricte du secteur, Gots, qui garantit que, de la récolte de la fibre au tissu final, l’ensemble de la chaîne respecte de nombreux critères sociaux et environnementaux (pas de travail des enfants ni d’esclavagisme, 90 % de fibres biologiques…).»
Les vêtements sont donc confectionnés dans ces ateliers en Wallonie et de là, envoyés chez les clients. « Nous avons revu notre modèle de garde-robe complète. En 2022, on est reparti de notre seul t-shirt et, depuis décembre, on sort un nouveau modèle de vêtement par mois. »
La collection compte aujourd’hui une quinzaine de modèles. Actuellement, le jeune créateur se forme au Job’In de Namur. La marque Opte, dont le siège social est à Dinant, est dirigée par trois associés.
Slow fashion
L’ambition est de continuer à ce rythme pour arriver, en septembre 2024, à l’ensemble d’une garde-robe. « Jusqu’à présent, nous n’avons travaillé qu’avec de la maille, du jersey, du molleton et du piqué. A présent, nous allons confectionner des chemises avec un oxford et des pantalons avec un autre tissu.»
Envers les clients, la démarche est collaborative. « Nous leur posons des questions pour savoir ce qu’ils souhaitent. Tout est vendu en ligne. Nous tenons notre plan financier, mais pour atteindre la rentabilité, nous devons encore doubler nos ventes. Nous sommes sur la bonne voie, mais il y a encore du boulot.»
Le troisième objectif des associés d’Opte est de poursuivre leur démarche de circularité. « Nous ne voulons pas produire de vêtements qui ne trouveraient pas preneurs. Nous lançons des précommandes et, dès qu’un vêtement est vendu, on passe alors à la production.»
Les clients doivent patienter trois mois pour recevoir leurs vêtements. « Dans le secteur textile, l’acheteur adopte souvent un comportement impulsif. Notre démarche est à l’opposé de cette attitude.»
L’idée de départ de confectionner des vêtements 100 % belges se réalisera-t-elle un jour ? « On cultive du lin en Belgique. Avec le réchauffement climatique, pourquoi pas un jour du coton ?…» espère le jeune créateur.