Coopératives, ETA, libérées, familiales, dirigées par un tandem ou un trio, fruit d’un management by out, etc.: nous sommes partis à la rencontre d’entreprises qui ont un modèle particulier. Aujourd’hui, rencontre avec Bernard Delville, commandité et bientôt responsable de la future coopérative Vents d’Houyet à Mesnil-Eglise.
QUELLE EST L’ACTIVITÉ PRINCIPALE DE VOTRE ENTREPRISE ?
« Les différentes activités de Vents d’Houyet sont toutes liées à la production d’énergie. Elle prône des actions porteuses dans le logement et les autres secteurs d’activités du quotidien de chacun : l’énergie, l’écoconstruction, l’alimentation et la mobilité. Parmi nos réalisations, nous avons mis en service plusieurs éoliennes sous contrôle de coopératives citoyennes autonomes. Nous avons acquis des terrains agricoles et à bâtir.
Nous avons créé Vents d’Houyet Académie pour sensibiliser les enfants du primaire à l’énergie et la nature. Nous avons racheté deux gares pour y installer des panneaux solaires et des bornes de recharge électrique. L’objectif final est de relocaliser l’économie, redéployer l’autonomie et la compétence proche, redonner du sens au quotidien.»
QUEL EST VOTRE MODÈLE D’ORGANISATION ?
« Vents d’Houyet est une société en commandite par actions à finalité sociale qui deviendra, suivant la réforme du droit des sociétés, une société coopérative dès la fin de l’année.»
COMMENT ÊTES-VOUS ARRIVÉ À CETTE FORME ?
« Créée en 2002, Vents d’Houyet, d’abord asbl, est depuis plus de vingt ans pionnière dans l’éolien. Nous avons réussi à construire notre première éolienne, puis celle des enfants et une troisième. Militant depuis toujours pour une économie durable, depuis le début des années 2000, je suis un pionnier des énergies renouvelables et un initiateur de sociétés coopératives citoyennes. Le vent appartenant à tout le monde, les citoyens doivent participer au mouvement éolien. A chaque projet, nous avons créé un mouvement coopératif citoyen et des sociétés coopératives.
En 2013, pour garder le contrôle tout en passant en société, on a choisi le modèle de la société en commandite par actions à finalité sociale. Les marges bénéficiaires doivent aller dans l’objet social de la société, l’éducation, le soutien à la santé mentale, etc. Les commanditaires sont des amis proches qui respectent l’éthique de la société. Le commandité, moi-même, est responsable sur ses biens propres de la manière dont il conduit la société.»
OÙ EN ÊTES-VOUS AUJOURD’HUI ?
« Nous avons grandi, prospéré et réalisé de beaux projets. La société, en très bonne santé, a gardé son principe, pas de dividendes, car nous mettons toutes nos marges dans la finalité sociale. On soutient une école alternative, des asbl dans l’éducation… Nous avons racheté un bâtiment en Flandre pour héberger des personnes en précarité mentale. »
COMMENT SE PASSE LA GOUVERNANCE ?
«Trois personnes s’occupent chacune d’un secteur. »
QUELS SONT LES AVANTAGES DE CE MODÈLE ?
« Producteurs et consommateurs d’énergie, sans intermédiaire, nous pouvons manager intelligemment la production et la consommation. »
QUELS SONT LES INCONVÉNIENTS ?
« Il nous faudrait un partenariat plus important avec les communes. Nous avons besoin de concessions pour la production et installer une borne de recharge électrique. Tant que nous n’avons pas un programme de concessions mis en place, c’est plus difficile.»
COMMENT EST-CE PERÇU PAR LES BANQUES, LES FOURNISSEURS, LES CLIENTS ?
« Avec les banquiers, c’est pas compliqué. Quand on arrive avec un projet bien fi celé, rentable, les banques nous aident. En tant que producteur d’électricité, on vend à des fournisseurs d’énergie. On ne doit pas gérer une clientèle.»
UN CONSEIL À DONNER ?
«Par expérience, le meilleur conseil que je puisse donner est d’être maître chez soi. »
(Photo Vent d’Houyet)