La réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, avec un programme axé sur le protectionnisme et des mesures fiscales pro-américaines, suscite une vive inquiétude chez les CEO wallons. Ce tournant politique, qui pourrait avoir des conséquences profondes sur l’économie mondiale, est de nature à affecter particulièrement la Wallonie en tant que petite économie ouverte, particulièrement exposée aux turbulences internationales.
Selon une enquête récente menée par AKT for Wallonia, près de 70% des entrepreneurs wallons se disent préoccupés par ce contexte géopolitique incertain. La moitié d’entre eux anticipent un impact négatif sur leur activité, soulignant les difficultés accrues pour maintenir leur compétitivité à l’échelle internationale. Concrètement, ce sentiment d’inquiétude se reflète dans des perspectives d’exportation négatives, la croissance industrielle de la Zone Euro restant fragile et les coûts énergétiques en Europe pesant lourdement sur les marges des entreprises.
La Wallonie évite pour l’instant une récession
Si la Wallonie affiche une activité économique stable depuis deux ans, les perspectives restent très timides, bien que le spectre d’une récession soit pour le moment peu écarté. Si les prévisions d’embauche demeurent légèrement positives, elles restent freinées par le différentiel de coût salarial persistant avec les pays voisins. Les investisseurs, quant à eux, gardent une certaine confiance, notamment en raison d’un contexte monétaire plus favorable avec des taux d’intérêt à la baisse.
Pour autant, la conjoncture internationale ne laisse guère de place à l’optimisme. La perspective de baisses d’impôts massives, et des tarifs douaniers élevés est de nature à affecter négativement les exportations vers les états unis. La concurrence croissante des BRICS (et en particulier de la Chine) met par ailleurs des pans entiers de l’industrie européenne dans une situation de plus en plus complexe.
Un appel à l’action des pouvoirs publics, à tous les niveaux de pouvoir
Dans ce climat où les perspectives économiques s’assombrissent, les entrepreneurs wallons lancent un appel fort aux autorités publiques, wallonnes, belges et européennes. L’Europe doit redéfinir rapidement une stratégie industrielle ambitieuse, en phase avec ce nouveau contexte géopolitique, pour assurer sa souveraineté économique et relancer l’économie européenne. Au niveau belge, il est urgent que les négociations fédérales (qui durent depuis maintenant plus de 150 jours) aboutissent.
Dans un contexte où le redéploiement de nos exportations sera un défi, nous rappelons que la suppression de l’Agence du Commerce Extérieur, évoquée dans certaines notes de négociation ayant circulé ces dernières semaines, serait une erreur alors que cet outil a fait et fait encore largement ses preuves.
Les leviers d’action sont également au niveau régional : en ligne avec les objectifs fixés par la Déclaration de Politique Régionale, le gouvernement wallon doit œuvrer pour créer un cadre plus favorable au développement de l’activité économique en Wallonie et permettre aux entrepreneurs de continuer à investir et à embaucher.
Il est donc essentiel de concrétiser les réformes structurelles annoncées, notamment pour réduire la charge administrative qui pèse sur les entrepreneurs, recentrer notre politique industrielle, répondre aux pénuries d’emploi croissantes sur le marché du travail, assurer un coût de l’énergie soutenable tout en atteignant les objectifs de décarbonation, et conclure des accords commerciaux ambitieux pour parer aux effets négatifs d’une réduction des exportations vers les États-Unis. La concertation avec les entreprises sera aussi une clé fondamentale à la réussite de ces réformes.
Frédéric Panier, CEO d’AKT for Wallonia : « Le retour de Donald Trump à la présidence américaine nous appelle à redoubler d’efforts pour recréer un cadre favorable à l’entrepreneuriat et au développement de l’activité économique en Europe, en Belgique… et en Wallonie. Malgré les défis qui s’accumulent, les entreprises wallonnes restent optimistes sur le potentiel de notre région. La feuille de route du gouvernement wallon va globalement dans la bonne direction ; il s’agit maintenant de la mettre en œuvre. »