
AKT for Wallonia a présenté hier à Namur sa traditionnelle enquête conjoncturelle, la première depuis les mesures douanières prises par les États-Unis en avril. Il ressort notamment que les entreprises wallonnes font une fois de plus preuve d’une résilience remarquable, mais les perspectives de croissance s’annoncent faibles.
Selon Frédéric Panier, le CEO d’AKT for Wallonia, « on peut dire ‘ouf’ parce qu’il y a six mois, on voyait que les nuages s’amoncelaient au-dessus de nos têtes, avec un risque de récession, et, finalement, on semble avoir évité le pire même si on n’est pas sorti de l’auberge. Et ‘bof’ parce que notre économie reste vulnérable sur le plan international et qu’on n’entrevoit toujours aucun signe de reprise de l’économie régionale. »
La croissance prévue pour 2025 est estimée à 0,9 % (contre 1,1 % l’an dernier et légèrement inférieure à la Belgique), soit un niveau inférieur à des régions voisines.
Exportations
Les indices d’incertitude ont par ailleurs atteint des sommets depuis le retour de Donald Trump à la présidence américaine. Avec 12,4 % des exportations wallonnes, les États-Unis constituent un partenaire commercial important, mais minoritaire. L’impact direct de leur nouvelle politique commerciale reste, à ce stade, contenu. Cependant, près d’un entrepreneur sur cinq déclare ressentir déjà des effets concrets et significatifs. Ces entreprises adaptent leur stratégie : recherche de nouveaux marchés, diversification des exportations, etc.
Au niveau des exportations globales des entreprises wallonnes, l’enquête révèle une probable diminution en 2025, mais moins marquée que ces deux dernières années. Par contre, les perspectives d’investissements restent solides. « La dynamique devrait rester positive en 2025 dans un contexte monétaire plus favorable » précise Olivier Pauwels, économiste d’AKT for Wallonia, qui relève néanmoins des risques liés notamment aux incertitudes. « Il ressort aussi de l’enquête que les embauches dans les entreprises wallonnes devraient se maintenir à des niveaux particulièrement élevés au cours des 12 prochains mois. »
Les obstacles à la compétitivité
Au-delà de l’instabilité internationale, les chefs d’entreprises wallons pointent toujours les mêmes obstacles handicapant leur compétitivité : les coûts salariaux et énergétiques, l’accès à une main-d’œuvre qualifiée et les lourdeurs administratives. Aujourd’hui, un dirigeant sur deux cite même ce dernier point comme problème prioritaire. « C’est particulièrement difficile à gérer pour les entreprises avec de petites équipes » a confirmé François Delahaut, CEO des Cafés Delahaut où s’est déroulée la présentation de l’enquête. Les résultats du choc de simplification administrative annoncé en Wallonie se font donc attendre impatiemment.
« Les entreprises wallonnes ont prouvé une fois de plus qu’elles pouvaient encaisser les chocs » conclut Frédéric Panier, CEO d’AKT. « Elles s’adaptent, elles avancent. Mais on ne transformera pas cette résilience en vraie relance si les réformes attendues ne se concrétisent pas rapidement. Les chantiers sont lancés : maintenant, il faut les concrétiser. »
L’enquête complète est à télécharger ici.