Il y a 60 ans précisément, Adelin De Lunardo participait à la conquête du premier titre de Champion de Belgique du Standard. Détenteur d’un diplôme d’ingénieur décroché à l’Université de Liège, il a poursuivi sa carrière à Cockerill où il est devenu responsable de l’aciérie de Chertal. Au détour d’un entretien, il revient sur les hauts faits de son parcours.
ll y a 60 ans (le 11 mai 1958 exactement), le Standard remportait son premier titre de champion de Belgique, sur le terrain de Berchem Sport. Le résultat nal, 0-0, suffisait aux « Rouches » pour devancer l’Antwerp. Ils sont encore quatre à avoir participé à la conquête d’un trophée qui allait marquer à jamais l’histoire du club liégeois. Maurice Bolsée, Adelin De Lunardo, Charles Mallants et Jean Van Herck totalisent ensemble 528 matches en équipe-fanion.
Parmi eux, Adelin De Lunardo est un « cas », lui qui a réussi à concilier le football de haut niveau avec ses études d’ingénieur civil à l’Université de Liège. Né en 1937, Adelin De Lunardo, dont la famille est originaire de Pordenone à 100 km de Venise, a intégré le noyau A au début de la saison 1955-56 et il a disputé 110 matches sous la vareuse rouge.
Deux policiers dans le stade !
« J’ai débuté le 15 décembre 1955 contre le Football Club de Malines. Je me souviens que j’étais en examen de rhéto au Collège Saint-Martin de Seraing. La saison du premier titre, j’avais 20 ans et je n’ai joué que trois matches. Ce n’était pas facile parce que l’entraîneur français, André Riou, faisait con ance à son onze de base et, à l’époque, il n’y avait pas de remplacement en cours de match. Je me souviens d’un Standard- Liège en 1959, que nous avons gagné 1-0. Notre gardien, Toussaint Nicolay, s’est blessé au bras mais il a continué à jouer… à l’attaque et notre capitaine, Jean Mathonet, l’a remplacé dans les buts ! »
Inimaginable aujourd’hui, les choses ont bien changé depuis 1958 ! « André Riou, qui a apporté au Standard sa première coupe, en 1954, et son premier titre, a introduit un début de professionnalisme. Je me souviens d’une menace de grève, initiée par les anciens, parce qu’il avait instauré l’échauffement obligatoire avant le match alors que nous avions l’habitude d’arriver une bonne demi-heure avant le début de la rencontre. Quant aux supporters, ils étaient tout aussi passionnés mais plus paci ques, il y avait deux policiers pour tout le stade! Et les entraîneurs, qui suivaient la rencontre du premier rang de la tribune, ne gesticulaient pas comme aujourd’hui ! Une autre évolution qui m’a frappé, c’est la taille des joueurs. Avec 1m 78, j’étais dans les grands ! »
Obligé de sécher les cours
Satisfait du travail accompli, Riou céda le relais à Geza Kalocsay pour les débuts en Coupe d’Europe. Sévère, le Hongrois voulait rajeunir les cadres et c’est alors que De Lunardo réussit à s’épanouir dans le milieu de terrain, contre le grand Pelé de Santos. « au demi », comme on disait. « La concurrence était rude car la plupart de mes coéquipiers était internationaux A ou B. Je devais jongler avec les horaires des cours qui se donnaient, heureusement, au Val-Benoît. Il y avait quatre entraînements par semaine, à 15 h. Le mardi, comme Denis Houf, comptable à Cockerill, j’étais dispensé mais le jeudi, Kalocsay exigeait notre présence pour préparer au mieux le match du dimanche. Alors, j’assistais au début du cours de dessin où on prenait les présences, puis je filais à Sclessin d’où je revenais vers 17h30 car on reprenait les présences avant la sortie à 18 h. Kalocsay me faisait confiance et j’ai disputé le match de 1/4 de finale de la Coupe d’Europe contre Reims que nous avons gagné 2-0. Pour le match retour, au Parc des Princes, nous sommes partis en train. J’étais malade mais je n’ai rien dit, j’espérais être guéri. Malgré les médicaments, je n’étais pas rétabli et j’ai été remplacé à la dernière minute par Pol Anoul. On a perdu 3-0 en toute fin de match. La désolation ! »
Le dilemme
Pas simple de se maintenir au plus haut niveau quand on fait des études universitaires, une orientation que n’a pas bien comprise le patron de l’époque, Roger Petit, qui promettait à son jeune italo-belge « une carrière d’encore au moins dix ans. » « Finalement, j’ai fait un choix. En 1962, je suis parti en D2, un an à Tilleur et deux saisons à l’UR Namur. »
En 1965, à 28 ans, Adelin De Lunardo disait définitivement au revoir au sport d’élite mais il avait entamé une autre belle aventure : ingénieur dans la sidérurgie liégeoise, avec en point d’orgue la responsabilité de l’aciérie de Chertal. Pas sûr qu’il ait eu tort…
N° 1 DE CHERTAL
Ingénieur métallurgiste, Adelin De Lunardo a débuté sa carrière, en 1964, à l’Espérance-Longdoz. Active dans l’extraction de charbon et la production d’acier, l’entreprise venait d’ériger une usine, à Chertal. « Pour le jeune ingénieur que j’étais, ce nouveau site de production représentait un environnement de travail très motivant. » Adelin De Lunardo y gravira les échelons pour devenir chef de service de l’aciérie de Chertal. Soit, le n° 1 de l’usine.