Brabant wallon

PORTRAIT – Pascal Druart (SIMPLYTEA) : le bonheur est dans la tasse

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Dans le sillage de sa mère qui l’entraine régulièrement dans une boutique de thé nivelloise, Pascal Druart initie très tôt son palais aux saveurs délicates du breuvage. A la maison aussi, la boisson parfumée s’impose sur la table. Colonisant les papilles de Pascal, ses narines, tout son être, elle en devient la madeleine de Proust qui le replongera plus tard, à chaque dégustation, dans les souvenirs sucrés de l’enfance. Et, lorsqu’il abandonnera son activité dans la vente automobile – « Le marché s’était effondré en 2008, les garages fermaient, les ventes chutaient de 20 à 25 % – ses effluves obsédants l’inspireront pour continuer à avancer.

Il négociera donc en douceur un virage professionnel à 180° pour se consacrer pleinement à la préparation et la vente de thés ou tisanes, ainsi que de leurs accessoires. Une boule filtre en main, une tasse en céramique fumante dans l’autre, il ne se lassera pas d’expliquer aux clients de Simplytea l’art et la manière de se concocter une boisson aromatisée…

CCI mag’ : « Pascal, lorsque vous avez dû envisager votre reconversion professionnelle – et outre votre goût personnel pour le thé – qu’est-ce qui a fait pencher la balance en faveur de ce dernier » ?

  1. Druart : « Je vais vous raconter une anecdote : lorsque je travaillais pour un garage, un fournisseur de machines à boissons nous a apporté un calendrier de l’Avent ; sous la petite fenêtre de chaque jour, se révélaient des thés et tisanes différents. C’était une initiative très sympathique qui m’a rappelé les déclinaisons nombreuses de ce breuvage. J’allais donc exploiter ce filon, d’autant que le côté produit de bouche très sain et écologique me séduisait. Et qu’il n’y avait pas trop de concurrence dans le coin ! Ne parlons pas des grandes surfaces, du reste, où les thés sont quelque peu insipides et inodores. Pour ma part, j’ai opté pour un positionnement sur la filière bio, avec un intérêt pour le Fairtrade ».

 

CCI mag’ : « N’avez-vous pas eu quelques craintes de vous lancer dans cette voie a priori peu ouverte ? Qu’est-ce qui vous a décidé à franchir le pas finalement » ?

  1. Druart : « Vous savez, je crois que j’ai quand même un petit problème avec le lien de subordination (rires). Ici, je peux m’exprimer pleinement. J’ai déjà été indépendant, une première fois : je vendais des articles liés au jardin, donc, déjà un côté « nature » ! Et puis, je suis frappé de constater que beaucoup d’artisans le sont devenus comme moi, en seconde carrière, parfois à la suite d’un burn-out. Et, parmi eux, on recense même souvent des personnes qui ont des formations supérieures, universitaires, qui veulent redonner un sens à leur activité professionnelle ! »

 

CCI mag’ : « Quelle est votre plus grande satisfaction dans votre activité professionnelle » ?

  1. Druart : « J’aime m’autogérer, organiser mon temps comme je l’entends et travailler un produit que j’aime».

 

CCI mag’ : « En toute honnêteté, ne nourrissez-vous quand même pas quelques regrets, en ayant quitté un certain confort, une certaine facilité » ?

  1. Druart : « Non, absolument pas ! Certes, dans un certain sens, lorsqu’on travaille pour soi, on n’a jamais fini. Mais cela m’a permis de mieux accompagner ma fille qui s’est lancée dans des études de médecine. J’avoue cependant qu’à recommencer, je recommencerais quand même autrement ».

 

CCI mag’ : « Que ne referiez-vous pas de la même manière ? »

  1. Druart : « Comme tout un chacun, je me suis laissé tenter par l’envie de faire autrement que les autres : une erreur ! Si cela n’existait pas, c’est qu’il y avait une bonne raison (rires). Au départ, je voulais faire des démonstrations à domicile, mais cela n’a pas du tout fonctionné. Aujourd’hui, je ne perdrais donc plus de temps à creuser cette voie ».

 

CCI mag’ : « Quelles difficultés vous sont apparues ? Aviez-vous sous-estimé l’impact de certaines » ?

  1. Druart : « La source de blocage la plus importante, pour tout entrepreneur qui veut lancer son business, c’est le financement. Si vous avez déjà une première expérience d’entrepreneuriat concluante, vous lèverez plus facilement des fonds, mais il faut bien débuter de zéro à un moment donné ! Ce qui m’a impacté et qui aurait pu me faire regretter mon choix, ce sont… des travaux d’égouttage dans la rue, alors que j’avais à peine entamé ma nouvelle activité. Pendant 10 mois, c’était Verdun ici, donc, cette boue, ces fossés, ces difficultés à se garer ont découragé la clientèle ».

 

CCI mag’ : « Face à cette situation pénible, comment avez-vous réagi » ?

  1. Druart : « J’en ai profité pour intensifier mes participations à des marchés artisanaux, comme celui de Courcelles ou de Gosselies organisés par l’ASBL Produrable mettant en avant les producteurs locaux, les circuits courts. Ce sont de belles vitrines qui vous amènent une clientèle ».

 

CCI mag’ : « Précisément, par quels autres canaux vous faites-vous connaître » ?

  1. Druart : « J’ai un site Internet – il est possible d’acheter mes produits en ligne – et une page Facebook. Je participe à la « Ruche qui dit oui » et « Made in BW »* m’a spontanément contacté pour ajouter mes produits à ceux d’autres artisans locaux. Et je poursuis toujours mon activité sur les marchés artisanaux. Bien entendu, j’ai aussi ma petite boutique, chez moi, ouverte mercredi, vendredi, samedi, de 10h30 à 18h30 et le dimanche matin, de 10h30 à 13h ».

CCI mag’ : « Que peut-on trouver dans cette boutique » ?

  1. Druart : « Une trentaine de thés, une douzaine de tisanes en 2 propositions : fruits ou fleurs. Et des articles comme des théières, boules filtres… Ma gamme intègre aussi Maté et Lapacho d’Amérique du Sud et des thés glacés, rafraichissants en été. J’ai également des infusions, aux fruits, plantes, fleurs. La différence avec les tisanes, c’est qu’il n’y a pas de vertu spécifique des ingrédients contenus ».

 

CCI mag’ : « D’où proviennent ces thés en général ? »

  1. Druart : « Ils proviennent d’Inde ou de Chine ; ce sont des thés de qualité. Je fais moi-même les mélanges et je les vends en général par sachets de 100 grammes, entre 8 et 9 euros. Mais, à la demande, je les conditionne aussi en sachets de 50 grammes ».

 

CCI mag ‘ : « Thé, tisane, pourquoi l’un plutôt que l’autre » ?

  1. Druart : « Consommez l’un et l’autre ! Après le thé, que vous savourerez jusqu’à 16, 17h, passez à la tisane qui mêle fruits, fleurs, plantes aux vertus spécifiques. Pour la digestion, optez pour celles contenant du fenouil, de la verveine, de la cannelle… Pour vous endormir, profitez des effets de la valériane, la passiflore, le millepertuis,…

 

CCI mag’ : « Le thé, c’est une question de culture. Quelles variantes apprécient les Belges, en général » ?

  1. Druart : « Les Belges vont vers le sucre et les fruits, alors que, traditionnellement, les Français se dirigeront plutôt vers les goûts de fleurs. Mais je ne veux pas généraliser. Ce que je constate, c’est plutôt l’effet des saisons. Au printemps, les saveurs florales et fruitées séduisent ; de mars à avril, mon thé fraise-myrtille a beaucoup de succès. A Noël, les thés épicés, à la cannelle, sont bien appréciés. Et en été, c’est le thé glacé qui séduit ».

 

CCI mag’ : Voudriez-vous terminer cette interview en dévoilant quelques secrets pour concocter un bon thé ?

  1. Druart : « Outre la qualité du produit qui joue bien évidemment sur le goût, respectez quelques règles de base. Et les conseils de préparation que j’indique, d’ailleurs, sur les sachets. Prenons l’exemple du thé vert, parfois décrié par certains qui l’estiment trop amer. Il nécessite une eau à 70,80°, pas davantage sous peine de faire ressortir l’amertume ; et, toujours dans cette optique, ne plongez pas plus de 2, 3 minutes votre sachet ou votre boule à thé dans l’eau ! »

 

Rue du Marais, 31 à 1495 Villers-la-Ville – 0497/68.05.86 – www.simplyshop.be

 

*www.madeinbw.be. Une initiative de la Province du Brabant wallon pour soutenir les artisans passionnés par leur métier et les produits locaux.

 

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Rédactrice en chef (Brabant wallon - Hainaut - Wallonie picarde)
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