WASABI est l’acronyme de plateforme WAllonne de Systèmes innovants en Agriculture et BIodiversité urbaine. Mais c’est surtout un lieu – au total, 5 hectares du campus de Gembloux – qui a pour vocation de familiariser ses usagers avec de nouvelles formes d’agriculture urbaines et péri-urbaines et d’éduquer à la biodiversité végétale. Unique sur tout le territoire européen et à la pointe de l’éco-innovation, cet outil pédagogique et citoyen sera bientôt complété d’un sentier didactique et d’un jardin communautaire.
Les chiffres parlent autant que l’actualité : l’épuisement de la biodiversité ainsi que celui des ressources foncières et le changement climatique figurent au top 3 des 9 limites atteintes ou presque par notre Planète.
L’agriculture et la production alimentaire ne sont pas sans impact sur ce fragile équilibre. Elles sont en effet à l’origine de 25% des gaz à effet de serre, occupent 50% des sols, emploient 70% des ressources en eau douce, sont responsables à hauteur de 78% de la pollution des nappes phréatiques… Sans oublier que si l’on considère la biomasse des mammifères, une fois déduits les animaux d’élevage à destination de notre assiette, la biodiversité se réduit à peau de chagrin : il reste en tout et pour tout 6% d’autres espèces mammifères sur Terre. Tout ceci alors que, à l’horizon 2050, il nous faudra nourrir 9,6 milliards de bouches. La plupart d’entre elles (75%) seront citadines.
Il s’agit de défis de taille pour l’agriculture. Pour chacun d’entre nous également : notre assiette est-elle équilibrée au quotidien ? A l’avenir, celle-ci devrait comprendre au moins 2 fois plus de fruits et légumeset2foismoins de viande rouge et de sucres. A titre d’exemple, la consommation d’un Belge est en moyenne de 200 gr de fruits et légumes par jour,alors qu’elle devrait atteindre 500 gr.
C’est nécessaire, non seulement pour notre santé à tous, mais aussi pour celle de la Planète. Dans ce contexte, il importe de faire émerger de nouveaux modes de production et de consommer plus durablement, avec pour point de mire:-la préservation, voire la restauration de la biodiversité – l’économie circulaire(avec intégration des déchets et excédents dans le cycle de production)- la mise en place de productions locales(jusqu’aux abords des villes et au cœur même de celles-ci). C’est dans cette optique qu’est née WASABI, la plateforme WAllonne de Systèmes innovants en Agriculture et BIodiversité urbaine. A l’initiative d’Haïssam Jijakli, professeur d’agriculture urbaine, cet écosystème à valeur sociétale ajoutée allait bientôt mettre en présence d’autres professeurs et scientifiques de Gembloux Agro-Bio Tech ULiège d’expertise complémentaire: Grégory Mahy(biodiversité), Aurore Degré (hydrologie), Patrick du Jardin (botanique)et Caroline De Clerck (phytotechnie).Le noyau dur était ainsi constitué, autour duquel allaient graviter des équipes de chercheurs d’ici et de par le monde. Même si cette plate forme porte le même nom qu’une célèbre pâte verte à base de raifort, WASABI ne consiste pas pour autant à mettre une couche de vert de bon aloi : la plateforme est rapidement passée à du concret.
En mode co-création, étudiants bioingénieurs et architectes du paysage ont pris part à l’aventure WASABI, et ce, sur 5 hectares du campus de Gembloux Agro-Bio Tech ULiège. Avec le support de Green SURF (spin-off de la faculté active dans l’implémentation de l’agriculture urbaine) pour la conception et la réalisation de la plateforme, ces acteurs du changement œuvrent depuis bientôt huit ans à la mise en place de cet outil unique en Europe, à destination des chercheurs mais aussi du plus grand nombre. D’ici 2021, un jardin communautaire et un sentier didactique viendront former une zone dite «sociale», où il sera possible de familiariser les usagers de WASABI aux bonnes pratiques et autres techniques de culture durables.
A son échelle, WASABI entend ainsi apporter une réponse éco-innovante à des enjeux à la croisée de l’économie, de l’écologie et du social. Sur le terrain, ce sont autant de systèmes et techniques de culture à découvrir: des toitures végétales, des systèmes de culture hors sols, des parcelles maraichères, des buttes permacoles, des friches dirigées, un jardin botanique, un jardin de pluie… En d’autres mots, tout ce que la science peut mettre au service de la biodiversité en dialogue avec l’agriculture pour nos espaces urbains et péri-urbains.
A ce jour, le projet WASABI a déjà bénéficié de plus de 2,5millions d’euros de subsides européens et wallons.
Copyright photo Michel Houet