Trois cousins d’une famille d’agriculteurs, Thomas, Stany et Antoine, producteurs namurois de pommes de terre, se sont lancés ensemble dans la production de chips artisanales, les chips de Lucien, du prénom de leur grand-père. En un an et demi, ce projet familial né sous forme de société coopérative, d’abord local, est devenu national et les ambitions ne manquent pas.
« Il y a trois ans, au détour d’une bière, nous avons constaté que nous n’aimions plus notre métier, commence Thomas Cnockaert, l’un des trois cousins. Nous sommes de plus en plus éloignés du consommateur et c’est très dur à vivre pour de jeunes agriculteurs. Aujourd’hui en agriculture, les charges sont toujours plus importantes et le chiffre d’affaires plus volatil. Il nous fallait un produit fini pour pouvoir stabiliser notre revenu. Comme nous voulions entrer dans un marché de niche, nous avons pensé à des chips artisanales 100 % naturelles, sans gluten, ni exhausteur de goût, ni additifs, ni conservateurs. » Un lieu pour la fabrication est découvert dans le zoning de Mettet, à 3 km des fermes des cousins. Idéal pour un produit local. En décembre 2019, c’est parti. Thomas part sur les routes visiter les magasins, ses cousins sont à la production. « Nous avons engagé une personne, puis deux. Aujourd’hui, 14 personnes travaillent dans l’entreprise, en plus de nous. » La SCRL L’Atelier de la pomme de terre est une association d’indépendants où chacun joue son rôle. Stany Obin, 28 ans, gère les fournisseurs et le personnel. Antoine Van den Abeele, 29 ans, est dévolu à l’informatique et à la technique de la production. Thomas Cnockaert, 35 ans, s’occupe du commercial et de la communication. « Nous avons commencé en vendant nos chips à des magasins à la ferme, des indépendants, lors d’événements, dans les environs de Mettet. Notre but était de promouvoir le produit. Le confinement nous a permis de nous remettre en question. Nous avons décidé de proposer nos chips aux chaînes de la grande distribution. Aujourd’hui, le consommateur est en quête de sens sur la manière de s’alimenter. C’est important que ces grandes enseignes respectent l’envie du consommateur.» Du coup, la production augmente. « Nous sommes passés d’une production à une ligne de 7 heures par jour à une production en deux lignes de 13 heures par jour. »
Vers d’autres produits
Aujourd’hui, les chips de Lucien comptent deux gammes, classique (avec différentes épices) et bio. « L’objectif est de continuer à développer nos gammes de chips, mais pas seulement. Nous aimerions aussi nous ouvrir à d’autres produits issus de notre propre exploitation agricole, être de plus en plus autonomes et que notre exploitation serve de support pour nous rapprocher du consommateur. Cela passe également par les matières premières utilisées dans notre atelier de transformation. Aujourd’hui, nous utilisons de l’huile de tournesol. Utiliser notre propre huile de colza à l’intérieur de notre chaîne de fabrication nous permettrait d’augmenter la valeur ajoutée et la stabilisation de notre chiffre d’affaires. In fine, notre but est de transformer l’ensemble de notre production (pommes de terre, betteraves, lin, céréales). Actuellement, seuls quelques pourcents de notre production de pommes de terre sont utilisés pour les chips de Lucien. Nous aimerions que cette part grandisse très fort. » Plus sereins, les trois cousins ? « La sérénité arrivera avec les années. Nous sommes fiers de notre innovation, d’être les premiers en chips artisanales, mais il faut toujours rester à la pointe. On rencontre parfois des embûches, mais nous savons que nous sommes sur le bon chemin.»
L’Atelier de la pomme de terre SCRL, rue de Saint Donat, 26A, 5640 Mettet, 071/71 40 71, 0494/39 79 01, info@leschipsdelucien.be, www.leschipsdelucien.be