Depuis 2017, le projet OptiBiomasse envisage les molécules d’intérêt à l’attention du secteur pharmaceutique et parapharmaceutique. Y ont été successivement étudiés : le chanvre, l’euphorbe, le pélargonium et l’échinacée afin d’en extraire les principes actifs les plus efficients. Dans le contexte COVID, les recherches ont, en 2020, été réorientées vers l’étude de l’armoise, plante aux propriétés notamment antipaludiques et antivirales. Ce projet agronomique à valeur médicale ajoutée vient de se voir adjoindre de l’intelligence artificielle : un robot hautement innovant a été installé au sein des cultures d’armoise de Gembloux Agro-Bio Tech ULiège. Une agriculture 4.0 qui se veut au service de l’homme et de la vie.
(Photo : Michel Houet / ULiège)
Le principe de cette « Smart agriculture » ? Un robot, complété par deux caméras hyperspectrales et couplées à un logiciel, progresse parmi les cultures. « C’est en cela que cette installation est innovante en comparaison avec les cultures assistées par de la robotique existant à ce jour : avant, les plantes défilaient devant un robot ; à présent, le trio robot-caméra-logiciel évolue parmi les cultures. Ce type de système polyvalent et mobile ne perturbe plus les plantes. De plus, ce robot peut non seulement se frayer un passage dans des espaces exigus, mais est aussi capable de collecter des informations encore indécelables à l’œil nu. Il peut, par exemple, repérer rapidement si la plante manque d’eau et de nutriments particuliers ou encore estimer si celle-ci a atteint le degré de maturité requis avant récolte », explique le Pr Haïssam Jijakli, coordinateur du projet OptiBiomasse, au C-RAU (Centre de Recherches en Agriculture Urbaine), à Gembloux Agro-Bio Tech ULiège.
Réunir les conditions optimales
L’étude n’est ni de plein champ ni de pleine terre, mais en container et hors sol. Entre autres avantages, le container constitue un environnement où l’on peut contrôler divers paramètres tels que la lumière, l’humidité relative, l’irrigation… et donc placer d’entrée de jeu les cultures dans un contexte de rendement optimal. De plus, le container offre l’opportunité de faire croître en masse et sur un espace restreint ces plantes à haute valeur ajoutée. Enfin, la culture hors sol (hydroponie) qui y est pratiquée requiert peu d’eau. Une fois toutes ces conditions optimales réunies et appliquées, le robot opère alors. Ce système est appelé « plateforme robotisée de phénotypage ».
Depuis les scientifiques jusqu’aux producteurs
Actuellement de niveau premium et aux mains de la R&D, cette technologie va permettre d’identifier des protocoles de cultures efficients. Ceux-ci seront ensuite adressés aux fermiers, notamment urbains et péri-urbains. Ces producteurs pourraient donc valoriser des espaces non utilisés en ville ou en périphérie, ou encore envisager de cultiver là où cela aurait été a priori improbable (sols pollués, friches industrielles…). Une façon de se réapproprier l’espace au plus juste, mais aussi de repenser son métier. Ceci avec la certitude de produire des plantes selon des protocoles éprouvés, et avec pour point de mire l’augmentation durable de la productivité.
Les containers du projet OptiBiomasse en quelques chiffres
- Une dizaine de collaborateurs sur site
- 2 containers pour accueillir les cultures hors sol
- 1 robot 6 axes, associé à 2 caméras hyperspectrales
- 70 m2 de surface de culture verticale indoor
- 6550 graines utilisées
- 5500 plantes cultivées en hydroponie
- 120 kg de biomasse végétale (càd, l’ensemble des matières organiques d’origine végétale) fraîche produite pour la totalité des variétés de plantes étudiées
- 4To de données d’imagerie traitées par caméra/jour
- 1440 données collectées/24 h pour 16 variables et par container. Ce qui représente 46.080données environnementales collectées chaque jour