Une nouvelle société de production de motos mini GP, Brevo Motors, va voir le jour début juin en Wallonie. Actuellement projet incubé au WSL, cette unité de production et de commercialisation s’adjoindra également un centre de recherche et de développement pour ce type de motos à moteur thermique, mais aussi électrique. Un prototype va être présenté lors des 24 Heures moto de Francorchamps les 4 et 5 juin prochains et ensuite testé sur le circuit de Mettet.
Passionné de technologie et d’innovation, mais aussi de moto, Jean-Claude Havaux, jusque-là connu en tant que fondateur et CEO de sociétés medtechs (ZenTech, Dim3), est en passe créer une nouvelle société dans le domaine des bécanes. « Aujourd’hui, j’ai la chance transformer une passion en réalité opérationnelle » se réjouit-il. « Ma mère étant originaire du Trentin Haut-Adige, j’ai beaucoup de famille là-bas, je m’y sens chez moi. »
Il y a quelques années, un membre de sa famille italienne crée dans cette région une société de fabrication de pièces ou de motos de course à la demande, Evotech, qui travaille pour de grands groupes. Poussé par son sens de la famille et son esprit d’entreprise, le patron liégeois entre dans le capital. Rapidement, il s’implique davantage, apportant son expérience en stratégie, innovation et rentabilité.
« Avec le temps, nous avons développé une compétence en motos de vitesse à destination des circuits de karting labellisés FIM (Fédération internationale de motos) pour vivre les sensations de motos de grands prix. Nous avons choisi ce secteur car la règlementation est très limitée. Ces motos n’allant pas sur la route, elles ne doivent pas être homologuées, ce qui évite pas mal d’investissements. Je voulais aussi qu’elles permettent de faire évoluer le pilote ou l’amateur vers de plus en plus de plaisir, de performances, voire, pour certains, de devenir des professionnels de motos de course. Ce secteur a besoin de sang neuf et, justement, des jeunes s’y intéressent. Nous faisons d’autant plus attention à la sécurité dans le développement des produits. »
Parmi la clientèle, des fondus de vitesse comme Jean-Claude Havaux, qui aimeraient s’adonner à ce plaisir en toute sécurité sur un circuit approprié. « Nous avons développé une moto qui permet, aussi bien aux passionnés comme moi qu’aux jeunes pilotes, de progresser et de devenir très bons. C’était important aussi de fabriquer un produit à vendre aux terrains de kart du monde entier. Et pas uniquement aux circuits de course, il n’y a pas de marché. » Autre atout de ce domaine : si la vitesse est effrénée, la concurrence ne l’est pas.
Un concept innovant
Ces motos seront produites en Wallonie par une nouvelle société, Brevo Motors, et avec un concept innovant. « Nous avons utilisé notre savoir-faire en compétition pour fabriquer une mini GP, une speed fun GP bike. Ensuite, le châssis de la moto est conçu en aluminium. Enfin, nous avons développé ce concept avec d’anciens pilotes de motos GP, notamment avec un ancien champion du monde, Domenico Brigalia. »
Le châssis et le design des mini GP ont été réalisés avec l’appui de ce champion. Une gamme de mini GP a été mise au point par l’équipe d’Evotech avec une technologie applicable à des motos de course. D’où le nom de la société Brevo (BRigalia EVOtech). « Nous voulions surtout acquérir du savoir-faire et avoir la certitude que nous étions bons. C’est le cas, nous avons une très bonne moto. Nous en avons déjà fabriqué et vendu en Italie avec des retours d’utilisateurs très positifs. »
L’objectif est de rendre la moto intelligente, de plusieurs manières. « La conduite de ces motos s’adapte au type de pilote. Ce développement mélange électronique, informatique, pilotage, ainsi que des produits destinés à être vendus dans d’autres motorisations. Si ce concept peut sortir de la moto de compétition, nous ne voulons pas partir dans ce domaine la fleur au fusil. Nous sommes très prudents.»
Marché mondial
Côté commercial, Brevo Motors vise d’abord les Etats-Unis. « C’est le marché le plus réceptif et le plus demandeur. Ce pays a l’habitude de la compétition. Lors de la mission technologique de l’Awex en mars au Texas, nous avons rencontré des partenaires intéressés, sur le circuit de kart à Austin, une école de pilotage, un incubateur, à l’université Texas A&M… Nous y retournons en juin. »
Consul honoraire de Malaisie, Jean-Claude Havaux a également de bons contacts là-bas. « La Malaisie sera la tête de pont de la vente de la moto en Asie du Sud-Est, l’Indonésie étant l’un de nos plus gros marchés potentiels. »
En Europe, les pays dont le climat a toujours favorisé la pratique de la moto sont en point de mire. « L’Italie est un gros marché. Nous visons les circuits de karting qui pourraient en louer, les écoles de conduite de moto de course. Et aussi l’Espagne, la Grèce, la Turquie et la France, de plus en plus intéressée par la moto. Quant à la Belgique, elle a de bons jeunes pilotes. »
Incubé et accompagné par WSL depuis un an, ce projet sera officiellement lancé et la société Brevo Motors Belgique constituée début juin avec un premier round d’investissement. « Nous avons passé un accord avec Evotech qui garde la fabrication de la moitié des composants de la moto, l’autre moitié sera achetée à d’autres fournisseurs. Notre avantage est de produire 50 % de la moto. La production se fera en Wallonie dans la future unité dont nous devons encore choisir le lieu. Nous y ferons l’assemblage des pièces, la gestion de la logistique et la commercialisation. »
Pôle commercial d’Evotech Italie vers le monde, Brevo Motors sera aussi le centre de recherche. Un programme de R&D sera mené sur la mini GP équipée d’un moteur électrique.
La première présentation du prototype électrique et d’une moto thermique aura lieu lors des 24 Heures moto de Francorchamps les 4 et 5 juin prochains. Dans la foulée, la moto électrique sera testée sur le circuit de Mettet par des pilotes chevronnés.