Parmi les travailleurs se déclarant malades, une personne sur sept continue systématiquement de travailler…
Cette tendance dangereuse a connu une augmentation de 41% depuis la pandémie de coronavirus • Le nombre de travailleurs qui continuent de travailler malgré le fait d’être malades avait diminué de moitié entre 2014 et 2019 (de 20,2% à 10%), avant de connaître une augmentation de plus de 40% en 2021 (14,2%). • Il existe un lien évident entre le fait de toujours travailler pendant les jours de maladie et les plaintes psychologiques et le burn-out, les plaintes motrices ou une combinaison de plaintes. • Le fait de travailler systématiquement en cas de maladie est plus fréquent chez les personnes hautement qualifiées, qui travaillent comme employés, dans le secteur privé et au sein de micro-entreprises comptant jusqu’à cinq travailleurs. Alors qu’entre 2014 et 2019, le nombre de travailleurs qui travaillaient systématiquement en étant malades ne cessait de diminuer, Securex, partenaire en matière d’emploi et d’entreprenariat, observe une forte tendance inverse depuis l’arrivée du Covid. En effet, d’après une étude réalisée auprès de plus de 1500 travailleurs belges en automne 2021, il s’avère qu’un travailleur belge sur sept continue systématiquement de travailler en étant malade, contre un travailleur sur dix en 2019. Ce phénomène, appelé le présentéisme structurel, a connu une augmentation de 41% par rapport à 2019. Le « présentéisme » peut être défini comme le fait par lequel les travailleurs malades ne fournissent pas de certificat médical mais choisissent tout de même d’aller travailler ou de faire du télétravail. Une tendance qui s’est beaucoup renforcée durant la crise liée au coronavirus. D’après Securex, parmi l’ensemble des travailleurs belges, 45,2% n’est jamais tombé malade au cours des 12 mois précédant l’enquête contre 54,8% de personnes malades ou handicapées par un accident privé pendant au moins un jour. Ces travailleurs belges ont continué de travailler pendant plus d’un tiers de leurs jours de maladie (37,8%) en 2021, ce qui représente une augmentation de 11,4% par rapport à 2019. Le « présentéisme structurel », à savoir le fait de travailler systématiquement lorsqu’on est malade, a également connu une forte hausse en passant de 10,0% à 14,2% de travailleurs entre 2019 et 2021 (+41%). […] le présentéisme structurel est néfaste pour la santé des travailleurs. Ils ont tendance à trop peu récupérer, ce qui peut augmenter le risque de burn-out ou d’autres problèmes médicaux. » déclare Heidi Verlinden, Research Project Manager chez Securex. Une corrélation claire entre présentéisme structurel et santé (physique et mentale) Le fait de travailler systématiquement en étant malade peut avoir de nombreuses conséquences négatives, que ce soit sur le plan physique, mental ou autre. L’étude de Securex révèle une corrélation claire entre le fait de systématiquement travailler, en dépit de la maladie, et le fait de souffrir de différents troubles. Plus d’un tiers des travailleurs sondés qui pratiquent le présentéisme structurel se sont déjà plaints de souffrir de troubles psychologiques, comme le stress et la dépression, au cours des 12 mois précédant l’enquête (36,6%), contre une personne sur six pour les travailleurs qui ne travaillent jamais lorsqu’ils sont malades (16,2%). Une corrélation existe également sur le plan moteur car 53,5% de ceux qui travaillent toujours en étant malade se plaignent de problèmes musculaires, articulaires ou osseux (par exemple, mal de dos, mal à la nuque, fracture de la jambe) contre 31% des travailleurs qui ne travaillent jamais lorsqu’ils sont malades. Enfin, 54,9% des travailleurs qui font du présentéisme structurel indiquent qu’ils souffrent d’une combinaison d’au moins deux types de plaintes : psychiques, moteurs, respiratoires, gastro-intestinaux et/ou autres. Seul 19,3% souffrent d’une combinaison d’au moins deux de ces plaintes parmi ceux qui ne travaillent jamais en étant malade. « Les employeurs peuvent créer un contexte dans lequel les travailleurs font eux-mêmes le bon choix de continuer ou non à travailler, sans que cela leur soit imposé de façon explicite ou implicite. Les employeurs, et le travailleur lui-même, ont intérêt à ce que le travailleur fasse un choix sain qui aura un effet positif à court et à plus long terme. » souligne Elisabeth Van Steendam, Manager Wellbeing chez Securex. L’impact sur l’efficacité varie Travailler tout en étant malade diffère de travailler dans des circonstances normales et saines, surtout en matière d’efficacité. En effet, l’étude de Securex démontre qu’un travailleur qui travaille en étant malade dispose d’une efficacité de 60,6% par rapport à son taux d’efficacité en bonne santé. Parmi ceux qui pratiquent le présentéisme à domicile, la moitié (49,2%) n’a pas d’expérience en matière de télétravail et a indiqué que son efficacité tombait à 39,3%. L’autre moitié qui dispose d’une expérience du télétravail a, quant à elle, indiqué que son efficacité était de 62,1% lorsqu’elle pratiquait le présentéisme à domicile. Ce taux d’efficacité est quasi similaire à celui des travailleurs qui continuent à travailler en cas de maladie, sur leur lieu de travail (65,9%). Les raisons qui poussent les travailleurs au présentéisme D’après Securex, le profil typique du travailleur qui pratique le présentéisme structurel le plus fréquemment concerne les employés hautement qualifiés, ceux qui travaillent dans le secteur privé et ceux actifs au sein d’une micro-entreprise comptant 5 travailleurs maximum. Des recherches antérieures menées par Securex ont également révélé trois raisons importantes de travailler malgré le fait que l’on soit malade : 1.Les travailleurs se sentent capables de travailler : au-delà de la capacité physique et mentale de travailler en étant malade, le télétravail permet à la personne malade de travailler de chez elle tout en évitant d’éventuellement infecter ses collègues. 2.Ils ne veulent pas accabler leurs collègues : certains travailleurs malades culpabilisent à l’idée de laisser leur travail entre les mains de leurs collègues car ils ont peur que cela puisse les surmener. 3.Ils sont suffisamment motivés pour travailler : la motivation peut être positive ou négative. Dans certains cas, la pression liée à l’emploi peut pousser certains travailleurs malades à poursuivre leur travail. « L’augmentation du télétravail en raison du Covid, a accentué la tendance du présentéisme. Les télétravailleurs malades disposent d’un environnement leur permettant de travailler en sérénité et sécurité, sans risquer d’infecter ses collègues, par exemple. L’augmentation de la charge de travail dont Securex a précédemment fait état a augmenté à la fois le présentéisme structurel ainsi que le risque d’épuisement professionnel. Cependant, cela n’est pas une conséquence du télétravail. Les télétravailleurs ne sont pas plus exposés au risque de présentéisme structurel et d’épuisement professionnel que les non-télétravailleurs. » conclut Heidi Verlinden. À propos de l’étude Les données de cette étude ont été collectées via des enquêtes en ligne de 2014 à 2021. Ces chiffres s’appliquent au travailleur belge moyen. L’échantillon compte à chaque fois au moins 1500 travailleurs et est représentatif du marché du travail belge : la répartition de l’échantillon selon le sexe, l’âge, le statut, la taille de l’entreprise et la région correspond à la répartition selon les données de l’Office National de Sécurité Sociale (ONSS). L’échantillon de la dernière enquête, en octobre 2021, contient 1522 travailleurs. Securex a publié plusieurs communiqués de presse sur le burn-out, le télétravail et l’absentéisme de courte-durée – Près de 30% des travailleurs belges courent un risque (élevé) de burn-out – Les travailleurs ne pouvant pas télétravailler autant qu’ils le souhaitent courent un risque plus élevé de burn-out – Les travailleurs font moins souvent l’objet d’absences de courte durée en raison du travail hybride |