Il existe actuellement en Wallonie environ 300 fermes en production de légumes pour le marché frais, et environ 183 maraîchers bio sur petites surfaces (<2,5 hectares). Le métier est malheureusement très difficile car il est à la fois exigeant et peu rentable.
Le Réseau wallon de Développement rural, accompagné du Crabe asbl, de la FUGEA, de Biowallonie et des fermes universitaires de Louvain a initié, depuis le mois d’octobre, 6 rencontres au sein même des exploitations maraîchères, afin d’établir une série de constats mais aussi et surtout une série de recommandations à destination de nos décideurs politiques et de l’administration. Objectif : rendre le maraîchage wallon sur petites et moyennes surfaces plus durable. Que ce soit en matière de régulation foncière pour faciliter l’accès à la terre aux maraîchers, d’aides à la production annoncées à l’occasion de la nouvelle Politique Agricole Commune, ou l’intérêt des groupements de producteurs, ce sont de nombreuses recommandations qui ont été élaborées par le collectif.
Ces recommandations ont été présentées ce week-end au Ministre wallon de l’Agriculture Willy Borsus dans le cadre de la Foire agricole de Libramont.
Des propositions concrètes
Voici donc une série de leviers d’innovation à activer pour renfoncer le secteur qui prône la notion de « territoire alimentaire ».
Pas moins de 40 structures sont impliquées dans la formation, l’accompagnement et le conseil dans le secteur du maraîchage en Wallonie. Dans ce paysage extrêmement varié, il conviendrait en premier lieu d’assurer une meilleure coordination entre les structures et leurs programmes respectifs. Les dispositifs de financement devraient aussi de tendre vers un système plus intégré.
Il en va de même dans le domaine de la communication et de l’information
En terme d’accès à la terre, il est apparu au cours des travaux qu’un grand nombre de maraîchers étaient installés sur des terres agricoles avec un contrat d’occupation d’ordre précaire (Commodat ou prêt à usage, contrat d’occupation précaire, etc.).
Le Réseau wallon de Développement rural préconise d’explorer quelques pistes concrètes. Dans le cadre de la gestion des terres publiques (politique foncière), il est important d’encourager les différents propriétaires publics à adapter leur cahier de charges pour l’octroi de baux selon la législation sur le bail à ferme. Le maraîchage comme diversification des fermes d’élevages et de grandes cultures est aussi mis en avant, tout comme le modèle de « fermes partagées ». Les espaces-tests « maraîchage » sont aussi encouragés ; ce sont des tiers lieux qui permettent à des maraîchers formés ou qui témoignent d’expériences équivalentes de développer une activité agricole en grandeur réelle, sur une durée déterminée et dans un cadre limitant la prise de risque.
Enfin, le secteur réclame par ailleurs des outils de régulation du prix de la terre agricole.
D’autre part, des adaptations sont demandées en matière d’accès aux aides à l’installation et à l’investissement, ainsi que d’aides PAC, qui paraissent peu adaptées à la réalité des exploitations en maraîchage diversifié.
Par ailleurs, au vu des résultats obtenus dans les coopératives agricoles ainsi que dans d’autres secteurs, il semble pertinent de favoriser la constitution de nouveaux groupements d’employeurs dans le secteur du maraîchage.
Enfin, 80 % des maraîchers wallons sur petites et moyennes surfaces distribuent leurs produits via 2 à 4 canaux de vente différents. Près des trois-quarts possèdent un magasin à la ferme et la moitié vendent une partie de leur production à des commerces locaux. Paniers de légumes et restaurants suivent avec environ 40 % de producteurs chacun.
La concertation entre producteurs au sein de coopératives de distribution et de commercialisation est donc recommandée, plutôt que leur mise en concurrence par des centrales d’achat.
(Photo de Wolfgang Eckert / Pixabay)