L’Union Wallonne des Entreprises (UWE) a présenté ce mardi son Position Paper à propos du rôle de l’acteur public. Ce document conséquent identifie des pistes concrètes « résolument constructives et positives » pour une meilleure efficacité de l’appareil public wallon et « n’est en rien une attaque contre le service public ».
Ce dernier est fondamental, rappelle l’UWE, et le bon fonctionnement de la société et de l’économie en dépendent mais il importe de « recentrer, en Wallonie, l’État à sa juste place, là où il pourra pleinement jouer son rôle de pilote en ces temps de défis sociétaux inédits dans l’histoire. »
Pour Olivier de Wasseige, l’administrateur délégué de l’UWE, « il faut absolument redéfinir le contour de l’action publique en recentrant le rôle du public sur son métier noble de pilote, maître des horloges, d’ensemblier, régulateur et protecteur. Il faut une structure plus simple et plus efficace, dans laquelle les rôles sont clairs. Nous plaidons pour la co-construction d’un véritable «Pacte d’excellence» du service public, qui passera notamment par l’indispensable modernisation de la gestion des ressources humaines qui dépasse le sacro-saint «statut» et les clivages privé/public qui y sont attachés ».
En Wallonie, l’emploi public représente une part importante de l’emploi total, singulièrement quand ce ratio est placé dans une perspective internationale, ce qui traduit immédiatement un manque d’emploi privé. Les dépenses publiques, ramenées au PIB, montrent également un déséquilibre en Wallonie. Là aussi, les comparaisons internationales sont peu flatteuses pour la région.
L’analyse du budget wallon met en exergue des déséquilibres structurels majeurs et non soutenables à moyen et long terme, souligne l’étude de l’UWE. L’ampleur de l’action publique en Wallonie s’avère financée par des déficits importants et une augmentation rapide de la dette publique.
Par ailleurs, l’analyse des données relatives aux prélèvements fiscaux exclut immédiatement toute possibilité de sortir de cette situation très inconfortable en utilisant des solutions fiscales. La Wallonie se situe en effet déjà parmi les pays où la pression fiscale est la plus lourde, et il est raisonnable d’affirmer que le consentement à l’impôt des agents économiques belges, et donc wallons, a atteint ses limites et probablement dépassé son niveau optimal.
Revoir l’action publique
À l’évidence, selon l’UWE, la solution est donc à rechercher au niveau du périmètre de l’action publique et de son efficience !
Il importe de définir « ce que l’acteur public doit exercer comme mission, et ce qu’il doit déléguer au privé, souvent bien plus efficient que lui ». Sur les institutions, il est indispensable « de rendre cohérente et compréhensible l’architecture de notre Région, avec notamment la suppression des Provinces ». Sur les outils, l’UWE souhaite « la reconsolidation de la myriade de structures publiques qui parsèment la Région dans une désarticulation sans fin ». Sur l’efficience, elle invite « à amener les acteurs publics à adopter les bonnes pratiques couramment mises en place dans le monde de l’entreprise, ou dans d’autres régions ou pays » et propose « d’abolir les différences entre les secteurs public et privé, et de mieux aligner les statuts entre la fonction publique et le monde privé. »
Le spectre budgétaire
Atteindre et pérenniser une véritable autonomie budgétaire en Wallonie est incontestablement l’autre pilier majeur de la démarche que l’UWE propose, selon Pierre Mottet, Président de l’UWE, qui affirme « qu’il faut imposer une trajectoire de retour et de maintien à l’équilibre des finances publiques régionales, la Wallonie devant absolument dégager les moyens budgétaires nécessaires à sa transition économique, sociale et environnementale, au bénéfice des générations présentes et futures ».