Les résultats de l’enquête conjoncturelle menée par l’Union Wallonne des Entreprises (UWE) auprès de 350 entrepreneurs wallons, présentée mercredi chez Carmeuse, ne laissent aucun doute : le ralentissement économique en Wallonie semble inévitable, et sera d’une ampleur peu commune.
Après la Covid, les inondations et les pénuries, la Wallonie fait désormais face à une crise énergétique majeure. Selon l’étude, les perspectives d’activité pour les prochains mois chutent considérablement, en raison de l’envolée des prix de l’énergie et de l’explosion des coûts salariaux qu’elle va entrainer.
Après une reprise économique record de 6,3 % en 2021 – qui s’expliquait essentiellement par un effet de rattrapage par rapport à 2020 -, la croissance devrait diminuer à 2,2 % en 2022, en raison d’une franche détérioration de la conjoncture au 2e semestre. L’impact de cette crise continuera d’affecter la croissance de l’année 2023, qui devrait être quasiment nulle (+ 0,2 %).
La production impactée
A plus court terme, la crise énergétique impactera rapidement la production, et nombre de CEO interrogés envisagent de devoir diminuer ou arrêter temporairement leur production, voire stopper définitivement leur activité dans les prochains mois. « Comme beaucoup d’industriels » souligne Juan Murillo, Managing Director chez Carmeuse, « nous sommes actuellement encore en partie sous contrat énergétique fixe, mais ces contrats vont malheureusement bientôt expirer ; c’est à ce moment-là qu’il y aura un risque important que la situation dégénère en une crise énergétique majeure et non passagère ».
Dans ce contexte d’inflation très élevée, les perspectives d’évolution des coûts salariaux sont extrêmes, en raison du mécanisme d’indexation automatique des salaires. Pour y faire face, les marges des entreprises, déjà largement déforcées, ne suffiront pas d’absorber complètement ce choc, qui se fera donc au détriment de nouveaux engagements et, surtout, des investissements.
La crise de tous les dangers pour la Wallonie
La position dans laquelle se trouve l’économie wallonne à l’entame de cette énième crise est nettement plus défavorable qu’en 2020. En effet, la Wallonie a à présent utilisé la plupart de ses cartouches pour faire face aux crises antérieures : les entreprises ont mangé leurs marges, la Région est fortement endettée et les ménages font leurs comptes.
Notons qu’à la différence de la crise sanitaire, les fondamentaux des entreprises sont ici lourdement impactés dès le départ. Même si les tensions sur les marchés de l’énergie venaient à s’apaiser prochainement – ce qui est plus qu’incertain -, certaines entreprises en garderaient des séquelles importantes.
Perspectives d’emploi stables
Dans ce contexte particulièrement difficile, les perspectives d’emploi devraient rester relativement stables au cours des 6 prochains mois, selon les résultats de cette enquête conjoncturelle de l’UWE. Deux facteurs expliquent cette évolution à contre-sens : nombre d’entreprises sont déjà en sous-effectif et ne peuvent se permettre de se séparer de certains collaborateurs, et certaines entreprises ne peuvent simplement pas se permettre de réduire leurs effectifs, sachant qu’il est particulièrement complexe d’engager et de former de nouveaux collaborateurs actuellement.
Comme le souligne Olivier de Wasseige, administrateur délégué de l’UWE, « la Wallonie ne peut apporter seule toutes les réponses à cette crise. À un choc systémique mondiale, seul un bouquet de solutions mises en œuvre par tous les niveaux de pouvoir permettra de passer ce cap difficile. Compte tenu de l’urgence cependant, l’efficacité des mécanismes de liquidation des aides sera déterminante ».
L’étude complète est consultable sur https://indd.adobe.com/view/8747a873-3e03-4a0e-bf2c-4059de9818d8
(Illustration : UWE)