Pionnière en matière de transfert de technologies dès 1989 avec le lancement de l’Interface Entreprises-Université, l’Université de Liège (ULiège) se donne un élan nouveau en la matière. « Nous devons maximiser la valorisation de la recherche universitaire en faveur du monde économique, de l’environnement, de la société et de l’université elle-même » souligne Didier Mattivi, nouveau directeur de RISE, pour Recherche, Innovation, Support et Entreprises.
Ce n’est pas un hasard si les autorités académiques ont opté pour ce multi-entrepreneur, notamment fondateur de la spin off IP Trade, en vue de mettre en œuvre la fusion de l’administration de la recherche et du développement de l’ULiège avec l’Interface, où il a succédé à Michel Morant.
« Nous souhaitons développer des interactions plus étroites entre la recherche et les entreprises » indique Michel Moutschen, vice-recteur à la recherche. « Cette volonté passe par un rapprochement entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée. »
L’intégration des 2 services permet la réunion d’une équipe d’une septantaine de personnes.
« La valorisation, ce n’est pas seulement déposer des brevets, vendre des licences, créer des spin offs,… » précise Didier Mattivi. « Plus que le transfert de technologies, c’est aussi valoriser nos collections remarquables comme le Fonds Simenon, placer des chercheurs dans des jurys internationaux, etc. »
La relation avec les entreprises demeure évidemment essentielle. « Actuellement, nous travaillons avec de nombreuses PME, notamment à travers les pôles de compétitivité. Malheureusement, beaucoup d’entreprises n’osent toujours pas franchir les portes de l’université ». Elles sont pourtant largement ouvertes et des modèles comme le Smart Gastronomy Lab à Gembloux montrent que l’université est accessible aux petites entreprises ayant de la peine à faire de la rupture et même à certains indépendants.
« Nous sommes dans une dynamique pour faciliter la relation avec les entreprises » se réjouit Didier Mattivi, encouragé par la nouvelle équipe rectorale. « Nous devons nous donner les moyens d’être proactifs et pas seulement réactifs. Notre volonté de sortir de nos murs n’enlève en rien notre spécificité liée à la recherche fondamentale. L’université reste un lieu où on doit avoir le temps de lancer des idées et de laisser maturer des projets. »
Des spin offs autrement
Un virage s’amorce d’ailleurs au niveau de la création des spin offs. « Il y a 20 ans, on créait 10 oisillons en espérant qu’un sortirait du nid. Aujourd’hui, on attend qu’ils aient des plumes, puis on les amènera vers l’extérieur avec plus de moyens pour augmenter leurs chances de succès. Nous avons un niveau de préparation plus élevé et un processus plus structuré. »
L’ULiège entend bien conserver sa spécificité de créer beaucoup de spin offs, avec une ambition de 5 à 6 par an.
La valorisation prônée par l’ULiège peut également revêtir d’autres formes. « La production de connaissance qui doit servir notre territoire peut par exemple passer par des modèles comme les coopératives, la création de filières, de nouvelles manières de créer des marchés publics » précise Sybille Mertens (HEC Liège), conseillère de la rectrice à la transition environnementale et sociale. « Nous sommes à un tournant. Nous devons mieux connaître les besoins des entreprises et de la société en interagissant davantage. »
« L’Université de Liège réfléchit à de nouveaux modèles d’interactions avec la société, comme c’est par exemple le cas avec la nouvelle Brasserie de Gembloux » renchérit Eric Haubruge (Gembloux Agro-Bio Tech), créateur du Smart Gastronomy Lab, et conseiller de la rectrice à l’innovation et aux relations régionales.
La volonté est donc bien présente du côté de l’ULiège. Aux entreprises de saisir les opportunités !
(Photo ULiège – Sandrine Seyen)