Une analyse de marché réalisée par l’expert en investissements immobiliers Unibricks révèle que dans certaines villes wallonnes, comme Liège, Spa et Bouillon, les Flamands s’adjugent trois quarts des projets d’investissement. Le Flamand nanti ne se contente plus de découvrir les Ardennes pour y acheter une maison de vacances, mais s’intéresse plus que jamais aux grands projets d’investissement dans toute la Wallonie pour faire fructifier son patrimoine financier.
Outre le plaisir personnel et le rendement, les investisseurs flamands sont principalement attirés par le potentiel de croissance, parfois plus élevé dans de nombreuses villes wallonnes qu’en Flandre.
L’étude, menée sur la base des propres données d’Unibricks et de données externes, constate aussi que les villes et communes wallonnes ou les sociétés d’investissement wallonnes surfent volontiers sur cette tendance et font même appel à des acteurs immobiliers flamands pour construire des projets susceptibles de séduire les investisseurs flamands.
Intérêt aussi pour les villes
En 2023, la Wallonie est largement plébiscitée par le Flamand désireux d’investir. Les pittoresques villages ardennais qu’elle abrite suscitent ainsi grandement l’intérêt. Mais de plus en plus d’investisseurs flamands jettent aussi leur dévolu sur des villes comme Liège, Namur et Charleroi, surtout dans le domaine de l’immobilier.
Les chiffres le prouvent : des zones comme Namur et le Hainaut ont enregistré respectivement 4,4 % et 1,3 % de ventes supplémentaires au cours du premier semestre 2023 par rapport à la même période, l’année précédente. « Dans certaines régions, les investisseurs flamands se disputent réellement les opportunités », selon Bernard Mortier, co-CEO ad interim d’Unibricks, un expert en immobilier d’investissement. L’entreprise s’intéresse, elle aussi, aux projets d’investissement wallons susceptibles de convaincre les Flamands.
« Le nombre de Flamands qui investissent dans des projets immobiliers wallons ne cesse d’augmenter. La raison en est simple : il est de plus en plus difficile en Flandre de trouver des projets de qualité, accessibles et dotés d’un potentiel suffisant. C’est précisément la raison pour laquelle de plus en plus d’investisseurs flamands se tournent vers la Wallonie. »
L’attraction des Ardennes
Le constat est sans appel : les Ardennes — dont Durbuy est l’un des hauts lieux — ont la cote auprès des acquéreurs flamands de biens immobiliers depuis un certain temps déjà. Au premier semestre 2023, le nombre de transactions immobilières dans les communes ardennaises a augmenté de +2,9 % par rapport à la même période en 2022, indiquent notamment les chiffres des notaires. Et ce, alors que la tendance en Flandre était nettement négative (-5,9 %) sur la même période.
Ceux qui ont mis la main à la poche il y a cinq ans ne seront d’ailleurs pas déçus : le prix médian d’une maison dans les Ardennes, Durbuy en tête, s’est envolé en moyenne d’environ +26,7 %, ces cinq dernières années.
Cette tendance positive s’étend aussi à d’autres domaines, ce qui attire les investisseurs : le nombre de nuitées touristiques dans l’ensemble de la Région wallonne a augmenté de plus de 6 % au cours du premier semestre par rapport à la même période de l’année précédente. D’une manière générale, les entrepreneurs flamands sont de plus en plus nombreux à intervenir en Wallonie. Avec une part de marché de 14 %, ils constituent même le deuxième groupe d’investisseurs « étrangers » en Wallonie.
« Sur certains points, la Wallonie reste plus vierge que la Flandre. Cela présente des inconvénients, mais les investisseurs y trouvent aussi un plus grand potentiel de croissance. Dans certains domaines, ce potentiel est plus important qu’en Flandre, où de nombreuses opportunités se sont présentées au cours des dernières décennies », explique Bernard Mortier. « La Wallonie compte, par exemple, peu d’hôtels et le besoin de parkings augmente également dans les villes. Soyons donc clairs : les opportunités que nous avons jadis vues en Flandre surgissent aujourd’hui en Wallonie. »
Le succès des projets d’investissement
Le Flamand qui se tourne vers la Wallonie ne se contente pas de la maison ou de l’appartement classique, mais s’intéresse aux « projets d’investissement », par exemple sous la forme d’hôtels ou de parkings. À Bouillon, une ville de la province de Luxembourg, le bourgmestre Patrick Adam a lui-même pris l’initiative de faire appel à un promoteur immobilier flamand pour construire un parking souterrain, à proximité d’un nouvel hôtel 4 étoiles. La raison : le tourisme y est en plein essor et le nombre de places de parking est insuffisant pour permettre le flux de circulation.
Les travaux sur le parking de Bouillon n’ont pas encore commencé, mais même sans publicité, 22 % des lots ont déjà été vendus, dont une majorité à des Flamands. Plusieurs éléments expliquent ce succès : un prix d’entrée bas, des coûts d’entretien quasi nuls, des frais de parking qui augmentent beaucoup plus vite que l’inflation et surtout l’absence de mauvais payeurs ou de mauvais locataires. « Cette combinaison d’opportunités est devenue rare en Flandre. »
Une tendance similaire se dessine à Spa, dans la province de Liège. L’hôtel Radisson Blu Balmoral Spa existant s’agrandit d’une nouvelle aile qui accueillera 70 suites de vacances élégantes, chacune dotée d’une cuisine, d’un salon, d’une salle de bains et d’une ou deux chambres à coucher.
Les propriétaires pourront profiter des nombreuses infrastructures de l’hôtel, notamment le sauna, la salle de sport et le buffet du petit-déjeuner. Il s’avère que 66 % des chambres d’hôtel vendues ces derniers mois l’ont été à des acheteurs flamands. Par ailleurs, 21 % des chambres ont été cédées à des sociétés, dont une grande majorité à capitaux flamands.
Josephina Adriaens, 72 ans, de Grobbendonk, est l’un de ces Flamands. « J’ai acheté ma suite avec cuisine, chambre séparée et salle de bains distincte pour l’investissement », commence-t-elle. « Je n’y vais moi-même que quelques jours par an. Le reste du temps, tout le monde peut la réserver. La suite me rapporte de toute façon beaucoup plus que si je laissais mon argent à la banque. Pour ne rien gâcher, un investissement immobilier dans les Ardennes reste 15 à 20 % moins cher qu’un placement similaire à la côte, par exemple. »
(Photo Unibricks)