Wallonie

Une entreprise belge sur trois réalise au moins 1/4 d’investissements verts…

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La majorité des entreprises européennes consacrent moins d’un quart de leurs dépenses d’investissement à des initiatives écologique

Une nouvelle analyse du CDP et d’Oliver Wyman révèle que plus de la moitié des entreprises des principaux secteurs à fortes émissions considèrent l’accès au capital comme une préoccupation majeure dans leurs efforts de décarbonation.

De nombreuses entreprises ne parviennent toujours pas à décarboner suffisamment, c’est-à-dire à l’échelle et au rythme nécessaires aujourd’hui : seule une sur cinq réalise des progrès substantiels dans des domaines clés.

Dans de nombreux secteurs, les fondamentaux économiques n’évoluent pas assez rapidement pour permettre une généralisation de modèles écologiquement et économiquement viables pour les entreprises.

Le secteur de l’électricité, critique à la décarbonation des transports et de l’industrie lourde, pourrait manquer de 285 milliards d’euros d’ici 2030 pour atteindre les1,9 trillion d’euros d’investissements nécessaires dans les énergies renouvelables.

Si l’on ne parvient pas à investir davantage pour répondre à la demande de produits et de services écologiques, 20 % des entreprises européennes s’attendent à perdre des clients au profit d’alternatives décarbonées.

Une majorité (70 %) d’entreprises européennes consacrent moins de 25 % de leurs dépenses d’investissement à la transition vers une économie décarbonée, selon une nouvelle analyse du CDP et d’Oliver Wyman. Parallèlement, un tiers de l’ensemble des entreprises, et plus de la moitié des entreprises fortement émettrices, déclarent que l’accès au capital constitue un obstacle majeur à cette transition.

Le rapport, intitulé Get the Money Moving“, révèle que si de plus en plus d’entreprises européennes se fixent des objectifs de réduction des émissions et élaborent des plans de transition, seule une sur cinq a réalisé des progrès substantiels dans la mise en œuvre des aspects clés de ces plans. Ces aspects incluent le développement de business model décarbonés et économiquement viables pour les entreprises. L’étude souligne que les niveaux d’investissement productif jouent un rôle critique dans la capacité d’une entreprise à effectuer cette transition de modèle.

Entreprises belges : au-dessus de la moyenne mondiale

Comment les entreprises belges se situent-elles en matière d’investissement et d’engagement dans la transition verte ? Selon le rapport, les entreprises belges font mieux que la moyenne mondiale, et dans certains domaines, nous nous trouvons même parmi les meilleurs en Europe.

Si l’on examine la nature écologique du modèle d’entreprise, 30 % de nos entreprises sont principalement vertes, près de 20% sont partiellement vertes et 51% ne sont que légèrement vertes. Au niveau mondial, seules 21 % des entreprises peuvent se vanter d’avoir un modèle d’entreprise principalement vert. Au niveau européen, la Belgique se classe 8e, entre la Suède et la Finlande. L’Autriche est le meilleur élève de la classe, avec 58 % d’entreprises adoptant un modèle d’entreprise vert.

En outre, les entreprises belges se distinguent également en ce qui concerne la part des revenus provenant de produits nécessitant une faible émission de CO2. Seule l’Autriche fait mieux. De plus, les fournisseurs de nos entreprises obtiennent également de bons résultats en ce qui concerne leur engagement sur les questions climatiques. Près de 20 % de nos entreprises travaillent avec des fournisseurs « verts », ce qui les place au quatrième rang du classement européen. De plus, dans 32 % des entreprises belges, au moins un quart des investissements (CapEx) sont verts, six autres pays européens font mieux.

Le rapport met en évidence les progrès et les lacunes dans divers secteurs tels que l’automobile, l’acier et les transports. Il constate qu’il pourrait manquer, d’ici à 2030, 285 milliards d’euros (pour atteindre 1 900 milliards d’euros) aux compagnies d’électricité pour réaliser les investissements nécessaires au remplacement des capacités de production conventionnelles par des énergies renouvelables.

Même si certaines technologies et lignes de produits bas carbone émergent, les business models attractifs restent trop rares. Dans de nombreux secteurs, les politiques publiques n’ont pas encore suffisamment modifié le paysage économique en faveur de produits et de services plus écologiques. C’est ce que l’on constate notamment dans le secteur automobile, où 59 % du total de dépenses de la recherche et développement des entreprises au cours des cinq prochaines années seront investis dans les véhicules électriques qui ne représentent pourtant actuellement que 13 % des ventes.

Si les investissements dans le développement d’offres bas carbone sont retardés, 20 % des entreprises européennes anticipent une migration de leurs clients vers des produits et fournisseurs alternatifs, éventuellement dans d’autres secteurs ou marchés. Ces changements interviennent alors que les entreprises sont de plus en plus tenues de mesurer les émissions de leur chaîne de valeur, conformément à la directive CSRD en vigueur cette année dans l’Union européenne, et pressées de les réduire. 

A titre d’exemple, l’industrie sidérurgique est responsable d’environ 5 % des émissions de dioxyde de carbone dans l’UE et joue un rôle crucial dans l’atteinte des objectifs de la région. Mais avec le niveau d’investissement actuel, l’offre d’acier vert ne couvrira que 70 % de la demande d’ici à 2035.

Parmi les autres facteurs majeurs empêchant les entreprises de mettre en œuvre leurs plans de transition, on peut citer le développement insuffisant d’offres bas carbone ou bien les efforts de décarbonation insuffisants des fournisseurs. Ces facteurs s’ajoutent à un manque d’engagement ainsi qu’une faible volonté de réduction d’émissions de la part des clients.

Cet écart entre les actions concrètes mises en œuvre et les objectifs climatiques annoncés persiste alors que la plupart d’entre elles déclarent avoir mis en place un plan de transition. C’est ce qui ressort de l’analyse basée sur les données divulguées par 1 600 entreprises européennes à travers CDP, l’organisation à but non lucratif qui analyse l’impact environnemental des entreprises. Ces entreprises représentent 89 % de la capitalisation boursière de la région européenne.

L’analyse met par ailleurs en évidence un dilemme pour le financement vert : alors que de nombreuses entreprises ont besoin du soutien des institutions financières pour le déploiement d’initiatives de décarbonation à grande échelle, le secteur financier exige également un niveau de rentabilité économique pour ces dernières. Pourtant, 67 % des institutions financières déclarent au CDP qu’elles prennent des mesures actives pour aligner leurs portefeuilles sur une trajectoire de 1,5 degré.

Développement de solutions durables : créer un environnement propice à ces initiatives…

Le rapport invite donc les entreprises à consacrer une plus grande part de leurs dépenses au développement de solutions durables, tout en demandant aux décideurs politiques de créer un environnement propice à l’expansion des initiatives vertes. Il encourage une plus grande collaboration entre les institutions du secteur financier afin de répartir les risques entre les banques de développement, les sociétés de capital-investissement, les compagnies d’assurance, les financeurs traditionnels d’infrastructures et les organisations philanthropiques. Ceci ayant vocation à s’ajouter à l’effet de levier des bilans des institutions financières.

Les entreprises ont été considérées comme réalisant des progrès substantiels si elles ont obtenu un score supérieur à 50 % dans une grille d’évaluation comprenant cinq indicateurs : CapEx, développement d’offre verte, décarbonation des fournisseurs, engagement auprès des clients et pilotage de l’entreprise.

Bien que la nouvelle directive CSRD exige également une plus grande transparence sur l’impact sur la biodiversité dans les rapports des entreprises, les données montrent que plus de la moitié des institutions financières européennes n’ont pas de plans pour protéger la sécurité de l’eau ou fixer des objectifs pour empêcher la poursuite de la déforestation.

Sherry Madera, PDG du CDP, a déclaré : « Les investissements durables ne sont pas un choix, mais une nécessité. Alors que de nombreuses solutions émergent, cette analyse révèle des opportunités significatives pour les industries d’innover et de prendre les devants. Elle met en évidence les voies permettant de développer les solutions à impact, en guidant les entreprises et les institutions financières vers un monde respectueux de l’environnement. En publiant des données fiables et détaillées, les entreprises peuvent mieux identifier où investir pour renforcer leur compétitivité, concrétiser leurs plans de transition et attirer des capitaux. Les institutions financières peuvent également utiliser ces informations pour s’engager et développer des modèles de financement qui répartissent les risques et favorisent l’innovation des entreprises, de même que les décideurs politiques peuvent cibler les améliorations à apporter aux conditions d’investissement dans les initiatives vertes. »

« Les données du CDP révèlent clairement les progrès réalisés par les entreprises dans la mise en œuvre des mesures essentielles de leur plan de transition. C’est en exploitant ces informations que nous pourrons combler le fossé entre la planification et l’action, en favorisant l’innovation, la collaboration et l’efficacité dans tous les secteurs. Collectivement, nous pouvons réduire le retard de mise en œuvre et orienter les investissements en faveur d’une économie qui préserve les générations futures. »complète Sherry Madera.

Steven Vermeylen, Responsable du bureau de Bruxelles d’Oliver Wyman, a déclaré : « La transition écologique en Europe prend de l’ampleur. Le rapport de cette année met en lumière de nombreux signes encourageants, avec un plus grand nombre d’entreprises mettant en place des plans de transition et des investissements croissants. Pourtant, la plupart des entreprises ont du mal à modifier leurs modèles d’entreprise au rythme et à l’échelle requis. Le défi auquel elles sont confrontées est que les modèles économiques verts sont généralement moins attrayants et plus risqués que les modèles existants qu’ils visent à remplacer. Cela complique également la tâche des banques et des investisseurs qui souhaitent financer la transition, et bon nombre des entreprises que nous étudions citent l’accès au capital comme une préoccupation majeure. »

« L’action collective entre les entreprises et les institutions financières peut aider à surmonter certains de ces défis en réduisant et en partageant les risques. Mais nous avons également besoin d’une politique publique forte qui fournisse des incitations claires en faveur de produits et de services plus écologiques, et d’un cadre stable pour encourager le type de décisions d’investissement à long terme qui sont nécessaires pour atteindre le niveau zéro. » ajoute Victor de Potter, Principal Oliver Wyman.

photo – Pixabay – pixellicious

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Publication par communiqué de presse.
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