Simple ambition esthétique ou moteur de créativité et d’innovation, ou encore vecteur de croissance : le design se répand dans le monde économique. La preuve avec une galerie de portraits éclairants sur la multitude de facettes déclinées au sein des entreprises. Une sélection effectuée en collaboration avec Wallonie Design. Aujourd’hui, rencontre avec Mélanie Mestdagt, CEO de la société Eyed Pharma.
Quelle est votre activité ?
« EyeD Pharma est une société pharmaceutique dédiée à améliorer la vie de patients souffrant de maladies ophtalmiques comme le glaucome ou la sécheresse oculaire. Nous développons des solutions thérapeutiques innovantes à base de micro-implants. »
Qu’est-ce qui vous a motivée à faire appel à des designers pour votre entreprise ?
« C’était important pour moi que la façon de travailler se reflète dans l’environnement de travail. Et que je puisse utiliser cet environnement comme outil pour faciliter les relations et les interactions entre les gens. Cela nécessitait un peu de réflexion et d’expertise que je n’avais pas seule. »
A quels designers avez-vous fait appel ?
« A Twodesigners. Ils ont parfaitement compris le besoin. Comme nous sommes cent personnes dans un grand bâtiment avec plusieurs business units très différentes, je voulais que les personnes soient obligées de se croiser, se rencontrer et se parler. Si les métiers ne les y obligeaient pas, il fallait que la circulation dans le bâtiment le fasse. »
Quels défis avez-vous rencontrés dans cette collaboration ?
« Le premier a été budgétaire, arriver à ce que nos envies et nos besoins respectent un budget défini. Les designers ont su être hyper créatifs pour trouver des solutions alternatives. J’ai amené des idées, ils les ont mises en pratique et m’ont aidée aussi à ajouter d’autres éléments. Le deuxième challenge a été de s’assurer qu’opérationnellement, ce projet avait du sens. A chaque fois, il a fallu qu’on se projette dans la réalité des gens pour être sûrs que ce qu’on avait imaginé fonctionnerait. »
Pourriez-vous donner un exemple concret où le design a fait la différence ?
« On n’a, par exemple, aucune salle de réunion au rez-de-chaussée. Elles sont au premier étage et, à l’inverse, on n’a pas de point café au premier, mais au rez-de-chaussée. Ceux qui veulent un café ou un thé doivent descendre et ceux qui ont une réunion monter. De manière naturelle, la circulation se fait dans le bâtiment et les gens se croisent. »
Le design a-t-il influencé vos processus internes ?
« Clairement. On s’est rendu compte que cela fonctionnait et que les gens finissaient par avoir des discussions, formelles ou informelles, dans la salle de café ou les couloirs. Et cette interaction se fait pas mal dans les espaces qu’on a appelés ‘sociaux’. Comme on travaille beaucoup, je voulais aussi qu’ils aient l’impression d’être dans leur living, presque chez eux. Les designers m’ont aidée aussi à donner une ambiance chaleureuse dans les salles de réunion, de type salon, salle à manger, et pas dans un environnement trop formel. Après le Covid, la plupart d’entre eux ont été contents de revenir et de trouver ce nouvel environnement. »
Cet investissement est-il à vos yeux rentabilisé ?
« Largement. Par rapport à l’ensemble du coût du bâtiment, cela ne représente pas même un trentième. Les designers ont réalisé une prouesse. »
Le design a-t-il impacté la satisfaction de vos clients ?
« Évidemment. Et pour les recrutements aussi. Presque tous ceux qui viennent chez nous admirent le bâtiment. Cela les encourage à venir y travailler. Lors des Family Days, les gens sont contents de montrer le bâtiment à leur famille. Les objectifs sont largement rencontrés. »
Pensez-vous encore recourir au design pour vos prochains projets ?
« Oui, personnellement, je suis une grande fan de design. J’ai envie de mettre du design dans les choses auxquelles on réfléchit. Cela facilite les processus internes. C’est important. »