La recherche spatiale s’est jusqu’à présent peu intéressée à la peau, alors qu’il s’agit du plus grand organe du corps humain, impliqué dans de multiples fonctions comme la régulation thermique, le sens du toucher et la protection contre des agents pathogènes ou contre des conditions environnementales nocives comme des rayonnements.
Les astronautes s’étaient déjà plaints de problèmes de sécheresse de peau et de démangeaisons après leurs séjours dans l’espace, leur peau devenant plus sujette aux crevasses et aux irritations.
Pour la première fois, l’équipe d’Alain Colige sous la supervision scientifique de Charles Lambert et de Betty Nusgens du Laboratoire de Biologie des Tissus Conjonctifs (GIGA-Recherche, ULg) a étudié l’impact d’une exposition prolongée aux conditions extrêmes de l’espace sur la physiologie de la peau de souris. Six souris ont été acheminées à bord de l’ISS par la navette Discovery dans le Mice Drawer System (MDS), un habitat complètement automatisé conçu pour la recherche spatiale de longue durée sur les rongeurs. Au retour, des échantillons de peau ont été prélevés et analysés, tandis que la même expérience était menée au sol dans une réplique du MDS.
Les résultats montrent un amincissement de la peau, un dérèglement du cycle de la croissance des poils ainsi qu’une altération de la couche musculaire sous-cutanée chez les souris ayant séjourné dans l’espace par rapport à celles restées sur Terre. L’atrophie cutanée observée chez les souris de l’espace peut être assimilée à celle observée chez les personnes âgées. Les modifications des poils pourraient être en relation avec une altération de la programmation des cellules souches impliquées dans le cycle pileux.
Ces observations chez les souris suggèrent que la peau des astronautes pourrait également subir des changements nuisibles lors de longs séjours dans l’espace, mais ce constat devrait être confirmé par d’autres études en raison de la petite taille de l’échantillon.