Un côté bidouilleur, une passion pour les drones, une formation d’ingénieur, il n’en a pas fallu davantage à Laurent Eschenauer et Dimitri Arendt pour inventer de drôles de drones sans pales et fonder leur société, Fleye.
Laurent Eschenauer, ingénieur civil de l’ULg, travaille d’abord au sein de start-up et d’un cabinet de consultance. Dimitri Arendt, ingénieur aérospatial de l’ULg, a une expérience dans la défense et l’automobile. « Les drones sont des machines que j’ai toujours trouvées dangereuses, commence Laurent Eschenauer. Mes deux jeunes enfants en avaient peur. Ce concept de caméra volante grand public était intéressant, mais il fallait résoudre les problèmes de sécurité et d’expérience de l’utilisateur. » L’idée ? « Pourquoi pas une boule volante ? La science-fiction nous l’avait promise. J’ai exploré le sujet et j’ai rencontré Dimitri, lui aussi fan d’engins volants. On a commencé à bidouiller dans une dynamique de passionnés. Une réflexion d’inventeurs excités par l’idée de faire du neuf et de résoudre le problème de la sécurité. » Fin 2013, ils utilisent les outils wallons du RElab. L’été 2014, l’engin vole. Conseillés chez Leansquare, ils rédigent leur business plan et, dans la foulée, reçoivent une bourse de pré-activité de la Région wallonne. Le fonds The Faktory de Pierre L’Hoest se montre intéressé par le projet. En décembre 2014, la SA Aerobot est créée. Le prototype Fleye est développé. Début 2015, les deux starters quittent leurs emplois respectifs et commencent à travailler à temps plein sur leur projet. Un prototype fonctionnel complet industrialisable de boule volante est fabriqué. « Doté d’une caméra et d’un ordinateur de bord, il peut servir tel quel.»
Campagne crowdfunding et levée de fonds
L’étape suivante consiste à passer de 7 unités à la capacité d’en fabriquer 1.000 par mois. « Le processus d’industrialisation du prototype demande des moyens conséquents que nous n’avons pas. Il s’agit de mettre en place des bancs de montage, de tests… » Forts de ce prototype, les deux fondateurs décident de lancer une campagne de crowdfunding sur Kickstarter. « Nous allons chercher environ 200.000 euros. Nous demandons aux internautes d’acheter l’objet aujourd’hui en prévente. Ils le recevront quand il sera industrialisé. Ce système permet de dégager des moyens pour couvrir une partie des coûts fixes. » La campagne a démarré début décembre. Parallèlement, une levée de fonds est lancée pour 2 à 3 millions d’euros auprès d’investisseurs potentiels. « L’objectif est d’accélérer cette mise en production, mais aussi de faire grandir la société afin de pouvoir décliner la gamme des produits vers différents marchés, le grand public et l’industrie. » La première version du produit est prévue pour l’été 2016.
L’étape suivante consistera à faire grandir la société commercialement. « Pour l’année 2016, nous devons réaliser un chiffre d’affaires avec l’objectif d’être à l’équilibre en 2017. » Car le potentiel de ces drones sécurisés est réel. « Nous avons investigué à différents niveaux, réalisé des études de marché vers le grand public, rencontré différents types d’industriels. De manière générale, le marché des drones est en pleine explosion dans de nombreux secteurs et leur sécurité est, aujourd’hui, la problématique numéro un. Notre objectif est de créer cette petite niche autour de la nécessité de proposer un drone sécurisé, qu’il soit proche des gens ou installé dans des endroits confinés avec des machines-outils sans risque de les endommager. Un drone de proximité de l’homme ou de la machine. »
Recherche partenaires industriels
Les deux trentenaires sont à la recherche et à l’écoute d’industriels à la connaissance métier avec lesquels ils pourraient développer un partenariat pour intégrer cette technologie à leur univers. « La forme est innovante. Cette boule volante, bourrée d’électronique et de capteurs, est un véritable petit robot programmable. Une plateforme de développement permettrait d’inventer des cas d’utilisation de ces robots volants dans le futur. Comme pour les smartphones, du software, des applications à la carte pourraient être développées pour être embarquées et changer les fonctionnalités de la machine selon les besoins. Les robots réaliseraient ainsi de la cartographie, de l’inspection de machines-outils, de la surveillance d’environnement… » Ces drôles de drones semblent promis à un bel avenir.
Fleye, Aerobot SA : Liege Airport, Bâtiment B50 à 4460 Grâce-Hollogne – www.gofleye.com