Il ressort du baromètre biannuel du stress réalisé par Securex que, en 2015, plus de la moitié des travailleurs qui ressentent du stress sont confrontés à des problèmes de santé physique et mentale. Cela représente une augmentation de quelque 30 % par rapport à 2013. Environ la moitié des causes du stress se situent en dehors du contexte du travail. Sur le lieu de travail, ce sont surtout la trop forte charge physique et mentale liée au travail, le manque de « travail sur mesure » et le manque d’autonomie qui sont de plus en plus à la base du stress. Les travailleurs qui se plaignent de stress sont moins productifs et restent près de trois fois plus longtemps absents.
Depuis 2013, il n’y a pas eu d’augmentation du nombre de travailleurs affirmant ressentir du stress au travail. Cependant, ce chiffre n’a pas non plus diminué : actuellement, 2 travailleurs belges sur 3 (62 %) subissent encore et toujours un stress démesuré au travail. Entre 2010 et 2013, ce chiffre a augmenté de 18,5 %. Le nombre de travailleurs qui disent éprouver du stress de manière générale (lié ou non au travail) n’a pas non plus augmenté depuis 2013.
D’autre part, le nombre de travailleurs faisant face à plusieurs effets négatifs réels du stress est passé de 42 % en 2013 à 54 % en 2015. Soit une augmentation de quelque 30 % sur deux ans. Ces employés se plaignent, entre autres, de maux de tête, de palpitations et d’insomnies, de perte de concentration, de pensées dépressives ou des accès de colères rapides. Ces effets peuvent être la conséquence du stress lié au travail ou du stress lié à la sphère privée. Heidi Verlinden, HR research expert chez Securex : « L’intensité accrue des effets négatifs du stress sur le travailleur peut indiquer un stress de longue durée. Car plus un travailleur subit du stress sur la durée, plus les effets liés au stress seront importants. Si le travailleur n’en tient pas compte, il risque le burn-out. Il importe de mettre en place un pôle de discussion autour du stress et du burn-out dans les organisations et de les aborder préventivement. Et si un employeur note des signaux, il est conseillé de proposer une aide professionnelle au travailleur stressé ».
Plus de charge émotionnel et moins d’autonomie
Parmi les principaux facteurs de stress liés au travail, l’augmentation de la charge physique et émotionnelle du travail (par exemple l’agression et le harcèlement) et la réduction de l’autonomie ressentie par les travailleurs, frappent le plus. Il en découle que les travailleurs ont moins confiance en leur(s) supérieur(s) direct(s) comparé à en 2013. Enfin, ils dégagent moins d’énergie de leur contenu de travail.
Les autres causes du stress directement liées au travail, comme la pression du travail et la mise en œuvre d’une politique de changement inadaptée, sont toujours considérés comme problématiques mais restent stables. Enfin, les conseils quant aux possibilités de carrière et les options en matière de formations dans de nombreuses entreprises ne sont pas encore au point, alors qu’en 2013 il s’était déjà avéré qu’un grand travail d’ajustement devait être réalisé. Heidi Verlinden : « Les facteurs de stress liés au travail analysés par Securex dans son enquête (charge de travail, intensité du travail, politique de changement, harcèlement, environnement de travail, travail & organisation, autonomie, équipe & collègues, carrière, responsable direct) expliquent ensemble environ la moitié des différences au niveau des problèmes de santé physique et mentale formulées par les travailleurs. Pour l’autre moitié, il nous faudra aller chercher les causes du stress ailleurs : dans la personnalité du travailleur, dans sa sphère privée, et parmi des facteurs externes comme les évolutions technologiques, la problématique de la mobilité et le contexte politique et économique. Le contexte sociétal détermine en outre la façon dont les travailleurs évaluent les facteurs de stress au travail. Par exemple, le smartphone peut influencer la pression du travail perçue, et l’insécurité du travail sur le marché de l’emploi rend les travailleurs plus sensibles à la politique de changement effectuée par leur employeur.»
Des conséquences non négligeables
L’augmentation des effets liés au stress se traduit entre autres par une forte baisse des performances de travail. Parmi les travailleurs ressentant plusieurs effets liés au stress, 23 % déclarent moins bien travailler comparés à leurs collègues (14 %). « Être moins performant au travail » signifie faire des erreurs, ne pas atteindre les objectifs, ne pas s’investir dans le job, ne pas prendre d’initiatives ou de responsabilités.
Par ailleurs, les effets liés au stress entrainent encore d’autres conséquences. Par exemple, les travailleurs restent près de trois fois plus longtemps absents. Les travailleurs qui subissent moins les conséquences du stress sont en moyenne absents six jours par an. Ceux-ci comparés à leurs collègues stressés qui restent 16 jours par an à la maison. Plus d’un tiers (35 %) des travailleurs qui subissent ces effets veulent en outre quitter leur organisation à court ou à long terme (contre 19 % des travailleurs moins stressés). Enfin, les travailleurs affectés par plusieurs conséquences liées au stress souhaitent continuer à travailler jusqu’à 59 ans, c’est-à-dire deux ans de moins que les employés moins affectés (jusqu’à 61 ans).
Surtout les « anciens » et les ouvriers souffrent du stress
Les travailleurs ayant une longue carrière dans une organisation bien précise courent plus le risque d’avoir des problèmes physiques, ainsi que mentaux : 41 % des travailleurs de 11 à 20 ans d’ancienneté souffrent plus du stress comparés à ceux qui ont moins d’ancienneté (35 %). Parmi les travailleurs qui ont plus de 20 ans d’ancienneté, seuls 28 % souffrent des conséquences du stress. Dans cette catégorie, nous tenons le Healthy Worker Effect comme élément responsable : seuls des travailleurs motivés et en bonne santé continuent de travailler plus longtemps. Ce Healthy Worker Effect peut également fournir une explication à la constatation que 30 % des travailleurs de plus de 50 ans présentent des symptômes de stress contre 37 % des travailleurs de moins de 50 ans.
En outre, les personnes moins instruites (diplôme secondaire) sont plus affectées par les effets du stress (38 %) que les personnes plus instruites (32 %), ainsi que les ouvriers (41 % contre 32 % des employés, y compris les cadres). Une des explications réside sans aucun doute dans la différence d’autonomie et de contraintes physiques.